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Assemblée Plénière du 22 octobre 2010

 

Discours introductif du groupe Europe Ecologie / les Verts / Poc

1 - Aïcha Sif, co-présidente du groupe, présidente de la commission culture

2 - Pierre Souvet,

3- Sophie Camard, présidente de la commission emploi, développement économique régional, enseignement supérieur, et innovation.

 

1 –

Nous sommes confrontés aujourd’hui à une crise multiforme : sociale, jeunes, retraites, mal-logement, économiques : précarité, chômage, pauvreté… environnementale, climat, biodiversité… éthique : privilèges, racisme de gouvernement…

Les mouvements sociaux actuels révèlent la grave crise vis-à-vis du Gouvernement, mais plus largement de notre modèle de société.

Les écologistes soutiennent les manifestants, les contestataires. Comment pourrait-il en être autrement ? Ces mouvements rassemblent des femmes, des hommes, des familles, des salariés, des chômeurs, des retraités, des jeunes.

Beaucoup de jeunes. Les jeunes sont dans la rue toujours plus nombreux : preuve qu’ils s’intéressent à la chose publique. Bonne nouvelle, alors qu’on parle constamment de perte de sens civique.

Ce mouvement social, ce ras-le-bol, ce malaise, on le ressent partout. Même ici au sein de notre Conseil régional. On sait le malaise qui règne chez une partie des personnels, de la Région et des lycées. Heureusement les discussions ont été reprises. C’est de notre responsabilité d’élus de gauche et écologistes de mener un dialogue social exemplaire.

Le débat sur les retraites aurait pourtant pu être l’occasion de réfléchir collectivement sur le malaise actuel, sur les activités vraiment utiles, sur la répartition des richesses, sur les différents temps de la vie, sur les solidarités intergénérationnelles, sur la place des personnes âgées dans la société, sur la maternité et l’éducation, la formation tout au long de la vie…

Grâce à l’allongement de l’espérance de vie, la retraite est aujourd’hui un temps de vie au même titre que ceux de l’éducation et de l’activité, et non plus la gestion de la fin de vie.

Parallèlement, la condition du travailleur s’est transformée. La pénibilité du travail a évolué. Le stress, les maladies professionnelles et les suicides de salariés doivent nous alarmer sur ce travail qui continue d’user, voire de tuer.

D’autres situations, au contraire, procurent des contreparties positives et ne rendent pas impatient de quitter le monde travail.

 

La solution d’avenir, ce n’est donc pas de décréter les mêmes obligations pour tous, mais de tenir compte de la diversité des situations réelles de travail, des besoins et des aspirations de chacun.

 - Par que notre société connait de grandes mutations,

- parce que nous sommes confrontés à des enjeux nouveaux,

- parce que nous ne résoudrons pas les problèmes d'aujourd'hui avec les méthodes d'hier,

nous souhaitons un GRAND DEBAT NATIONAL à partir des retraites : la trop courte durée de 5 mois de débat imposée par le Gouvernement n’est pas acceptable. Le projet final devrait être validé par une consultation populaire.

Aujourd'hui nous demandons le retrait de la loi.

Le gouvernement de par son autisme emplifie d'avantage la contestation. Les français ne sont pas contre les réformes en générale. Ils dénoncent ce projet injuste.

 

2 -

Aujourd’hui le mouvement qui s’amplifie est soutenu par plus de 70% de la population. Les revendications se sont diversifiées et attaquent globalement la politique du gouvernement. Je prendrai un exemple qui nous tient particulièrement à cœur celui des Roms.

Ce qui fonde et soude notre majorité - votre majorité, Monsieur le Président – au sein de cet exécutif régional, ce sont les valeurs humanistes dans lesquelles nous nous retrouvons tous et toutes.

Ce sont ces valeurs, et la façon dont nous souhaitons qu’elles permettent le «vivre-ensemble » dans notre région, qui nous différencient de celles et ceux qui, aujourd’hui, se détournent et bafouent ce socle républicain.

Depuis des mois, la stigmatisation des Roms est une constante dans la politique sécuritaire du Gouvernement.

Les Roms roumains et bulgares sont des ressortissants européens. Il s'agit, pour l’essentiel, de familles sédentaires ayant fui des conditions de vie déplorables.

Nous sommes confrontés depuis l’été aux conséquences désastreuses des propos et mesures gouvernementales stigmatisant une catégorie de la population : les Roms, victimes désignées et persécutées depuis des siècles.

L'application de telles mesures à l'égard d'une communauté particulière nous rappelle de très mauvais souvenirs. Nous considérons que ces agissements sont nuisibles et dommageables pour le « vivre ensemble », la démocratie et la République. Nous dénonçons ces pratiques qui ne font que rajouter l’exclusion à la misère.

Les évacuations et reconduites en Roumanie sont des mesures "inefficaces et néfastes pour la santé des personnes concernées" d’après Médecin du monde. La plupart des enfants qui étaient scolarisés ne sont pas réinscrits à la rentrée. Face à cette détresse humaine vécue par les Roms nous refusons l'inaction et l'indifférence.

Alertés par de nombreuses associations et citoyens sur les dégradations des conditions de vie des Roms depuis cet été, des familles entières jetées à la rue et traquées, nous refusons d'être spectateurs. Nous ne laisserons pas s'exacerber les violences et condamnons l'agressivité d’une partie de la population qui s'est manifestée à travers des agressions verbales et physiques.

Aujourd'hui, nous sommes passés de la misère à l’urgence humanitaire où chacun doit prendre sa part et apporter des solutions humaines et acceptables. L'urgence est de sécuriser ces familles, l'avenir est de travailler à des conditions d'accueil et d'insertion acceptables.

N’oublions pas, enfin, les demandeurs d’asile des Alpes-Maritimes. A Nice, deuxième ville de cette région, des demandeurs d’asile couverts par des conventions internationales dont la France est signataire, qui ont des droits, qui fuient la guerre, la violence et la misère, voient leurs droits complètement bafoués.

Faisons ensemble barrage à ces dérives, Monsieur le Président.

Et faisons en sorte que la Provence, les Alpes et la Côte d’Azur redeviennent terres d’accueil et de droit, territoires de fierté républicaine.

 

3 -

Malaise dans la République, malaise dans la civilisation venue de notre vieux 20ème siècle ! C’est particulièrement frappant à Marseille, où nous vivons la grippe de notre système économique, avec sa surabondance de déchets et sa dépendance au pétrole.

 

Est-ce un hasard, d’ailleurs, si cette crise du pétrole, qu’on n’ose pas nommer, touche particulièrement Marseille (et Fos) ? Non car nous sommes dans le troisième port pétrolier du monde, avec un bassin pétrochimique qui alimente un tiers de la consommation française de carburant.

Le conflit du port de Marseille n’est pas la cause mais bien la conséquence d’un déclin annoncé à moyen terme de la pétrochimie. En juillet 2010, bien avant la grève actuelle, le Grand Port de Marseille affichait une baisse du trafic des hydrocarbures de 6%, alors que tous les autres trafics progressaient.

En avril 2010, à l’occasion du conflit sur la fermeture de la raffinerie des Flandres, les industriels pétroliers annonçaient des surcapacités de raffinage de 10 à 15% en Europe, sous l’effet de la crise économique mais aussi, disaient-ils, des « politiques écologiques ». Ils sont en effet bien placés pour savoir que nous atteignons le pic du pétrole et qu’il faut accélérer la transition énergétique. Ils préfèrent aussi investir à l’étranger, pour produire et polluer moins cher, sans contrainte, et se rapprocher des marchés asiatiques.

Depuis 1977, le nombre de raffineries est déjà passé de 24 à 17 en France… à cause du nucléaire d’ailleurs. Autour de l’Etang de Berre, nous avons 4 raffineries. A qui le tour ?

Dans ce contexte, l’application de la réforme portuaire qui prévoit une filiale spécifique au pétrole et semi-privée pour les agents portuaires concernés, est en complète contradiction avec le discours du « développement du port de Marseille ». Voilà les vrais sujets dont personne ne parle, parce qu’il est plus facile de caricaturer les grévistes en les traitant de « nantis ».

Un conflit social, ce n’est drôle pour personne, ni pour les entreprises menacées, ni pour les salariés qui en sont à plus de 25 jours de grève. Nous en appelons au dialogue. Nous soutenons la demande de table ronde sur l’avenir de la pétrochimie autour de l’Etang de Berre, demandée par la CGT et soutenue par le MEDEF local… mais que l’Etat refuse d’accepter.

Les grévistes du port et des raffineries n’ont sans doute pas le même avis que les écologistes, sur la nécessité, ou non, de pérenniser l’industrie pétrolière, mais ils partagent la même lucidité sur l’avenir. Et ce n’est pas parce qu’on est écologistes qu’on ne se soucie pas de l’avenir de milliers d’emplois.

Notre région est donc directement concernée. Elle est interpellée, aussi, dans sa politique économique. Dans la lignée d’AGIR Plus, que nous évoquerons tout à l’heure, nous souhaitons une politique offensive sur les mutations industrielles, qui aide à développer de nouvelles filières d’activité durables.