• Rio, accord a minima - 20 juin
Rio de Janeiro, mercredi 20 juin 2012,
Annick DELHAYE,
Vice-Présidente au développement soutenable, à l'environnement,
à l'énergie et au climat au Conseil Régional PACA,
mandatée par le président Michel Vauzelle pour représenter la Région PACA au Sommet de Rio+20, et notamment pour le représenter le 19 juin à Rio, au Sommet des Régions du Monde.
« Une chose est d’ores et déjà certaine : depuis 20 ans, ce sont les acteurs non étatiques et en particulier les régions qui ont donné sens et corps à la déclaration de RIO de 1992 et ce sont ces mêmes acteurs qui déjà mettent en œuvre le développement soutenable sur les territoires et qui poussent pour plus d’ambition. La reconnaissance d’un nouveau rôle renforcé pour eux et pour nous régions, donne espoir. » A. Delhaye
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Rio +20 : un accord a minima
Depuis mardi après-midi, c’est une vague de morosité qui secoue les 50 000 personnes qui se sont déplacées à Rio de Janeiro pour suivre sur place le Sommet de la Terre et affirmer haut et fort leur volonté de voir adopter un accord ambitieux pour sauver la planète. Au moment où s’ouvre le sommet avec les chefs d’Etats, c’est un texte a minima qui circule de main en main. Un échec ?
L’échec, ce n’est pas exactement ce que souhaitait le Brésil, pays d’accueil et chef d’orchestre des négociations. Il a donc tenté de faire tout ce qu’il pouvait pour temporiser les négociations et pousser à un accord a minima entre les différents ambassadeurs la veille du lancement officiel du sommet. Un calendrier forcé qui n’a laissé aucun espoir pour les rebondissements de dernières minutes, comme ça a pu être le cas à Durban par exemple.
Quels que soient les acteurs de la délégation française que j’ai rencontrés c’est la déception qui prime. Le texte sur lequel s’exprimeront les chefs d’Etats est dans l’ensemble creux et rappelle majoritairement des points qui faisaient déjà consensus il y a 20 ans. Il manque cruellement de souffle et de dynamique.
Il manque clairement des objectifs précis pour lancer un programme d’action à l’échelle mondiale et s’en donner les moyens. Autre loupé : pas d’accord clair sur les océans, mais un renvoi à deux ans de négociations. Oublié également : le changement de statut du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, renvoyé à plus tard lui aussi. De même, on attendait plus sur la reconnaissance de l’éducation et de la culture comme 4ème pilier du développement durable, même si ces axes trouvent enfin leur place dans le projet.
Alors, pourquoi la France signerait-elle cet accord ?
Bien sûr, chacun pourra trouver des avancées dans la terminologie utilisée, la manière de présenter les thèmes, de nouveaux sujets enfin reconnus, comme l’économie verte et équitable (qui n’a pas fait consensus entre les pays émergents et développés). On pourra néanmoins se réjouir qu’un nombre considérable de pays s’accordent sur la reconnaissance du rôle des femmes dans les sociétés, sur la priorité de la lutte contre la pauvreté, sur l’importance d’ouvrir la voie à des financements innovants pour les actions de développement durable…mais avec quelle source de financement ?
Pour rester positif, on peut parler de trois avancées, minces et incertaines, mais trois avancées quand même, qui font à mon sens pencher la balance : la mise en place d’un forum international du développement durable, qui se veut permanent pour les négociations, auquel seront associés les acteurs non gouvernementaux, dont les autorités locales et territoriales. Ce point marque l’accord sur la nécessité d’une gouvernance du développement durable au plus haut niveau. Et aussi, la fixation d’un calendrier pour travailler et définir des objectifs de développement durable, globaux et universels.
Enfin, la place accordée à la société civile et aux acteurs non gouvernementaux tout au long du texte et dans différents process à mettre en place. La reconnaissance de son rôle clef dans l’action pour le développement durable, de sa légitimité et de son expertise au niveau international et dans les termes utilisés est une réelle avancée.
A ce jour, on en est aux conclusions et non à des négociations au plus sommet. On comprend pourquoi les chefs d’état ne se sont pas déplacés et sont représentés (j’y ai vu François Hollande) ; 193 pays sont quand même présents. Des rebondissements ne sont donc plus possibles. Mais une chose est d’ores et déjà certaine : depuis 20 ans, ce sont les acteurs non étatiques et en particulier les régions qui ont donné sens et corps à la déclaration de RIO de 1992 et ce sont ces mêmes acteurs qui déjà mettent en œuvre le développement soutenable sur les territoires et qui poussent pour plus d’ambition. La reconnaissance d’un nouveau rôle renforcé pour eux et pour nous régions, donne espoir.
Si les collectivités territoriales ne peuvent qu’enregistrer un recul notamment sur la gouvernance, pour ma part j’appelle à un engagement collectif coresponsable pour une gouvernance politique multi niveau et une mise en œuvre opérationnelle des objectifs chiffrés sur lesquels nous allons nous engager. Si les états ne peuvent s’engager, nous collectivités locales et spécialement les régions appelons à un engagement concret, partagé et solidaire.