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14 Septembre 2015 -Assemblée Plénière Exceptionnelle consacrée à la crise des migrants

Le Président de Région Michel Vauzelle a convoqué cette assemblée plénière exceptionnelle en urgence pour faire face à l'actuelle crise humanitaire des migrants.

Après avoir voté une motion à ce sujet en juin dernier (voir ici), la Région va débloquer 3 millions d’euros d’aides pour l’accompagnement, l’hébergement d’urgence et les besoins de première nécessité des personnes déplacées, en lien avec les différentes organisations humanitaires de la région.

Elle va coordonner les différents dispositifs d’accueil et les initiatives de solidarité privées à l’aide d’une plateforme téléphonique d’urgence (numéro à diffuser auprès des personnes voulant proposer leur aide) : 04.91.57.55.55.

Elle va mobiliser, au travers de sa compétence formation, des moyens pour l’apprentissage du français auprès des personnes nouvellement installées. Et aider financièrement les communes qui accueillent, hébergent et accompagnent des réfugiés sur leur territoire.

Tous les groupes de la majorité régionale (PS-EELV-FdG) ont voté cette délibération « Nous sommes tous méditerranéens » (qui fait écho à l’Appel du même nom, voir ici). Le groupe Notre Région Doit Changer (Les Républicain-UDI) s’est abstenu. Le FN a voté contre.

Pour lire la délibération : cliquez ici.

Retrouvez ci-dessous les discours de Sophie Camard, co-présidente de notre groupe, et de Joëlle Faguer, déléguée à la Solidarité Internationale et membre de notre groupe :

 

 

DISCOURS DE SOPHIE CAMARD

PLENIERE EXCEPTIONNELLE DU 14 SEPTEMBRE 2015

SOLIDARITE AVEC LES REFUGIES

Il y a 3 mois nous avons voté la motion pour un accueil décent des migrants à Vintimille.

Nous avions, je crois, tous l’impression d’alerter dans le désert. A l’époque il n’était pas question de solidarité européenne et il y avait un refus des quotas d’accueil, même de la part la France.

L’actualité d’aujourd’hui, vous l’avez rappelé, c’est que l’Allemagne ferme brutalement ses frontières après les avoir largement ouverte et elle montre à quel point on ne peut pas trouver d’autres solutions qu’européennes. Mais l’Europe est absente. Aussi bien pour coordonner l’urgence humanitaire que pour lutter à long terme contre les causes de tous ces conflits qui prennent souvent leur source dans la guerre pour les ressources naturelles, dans les dérèglements climatiques, la dictature, la barbarie.

Cette crise des réfugiés nous met au moins devant la réalité des chiffres. Comparé à l’Allemagne ou à la Suède, je crois que beaucoup de français réalisent que notre pays est l’un des plus durs dans l’accueil des étrangers. Il faut par exemple savoir que, concernant les demandeurs d’asile, 75% des demandes sont aujourd’hui rejetées et que le statut de demandeur d’asile ne donne ni droit de travailler ni prestation sociale à part une modique aide financière. On est loin des fantasmes diffusés dans l’opinion publique française depuis des années.

Beaucoup de français réalisent aussi, je pense, que la peur n’est pas une solution ni les discours qui opposent les uns aux autres, et dans cette situation ce n’est pas la logique du chiffre qui doit primer mais la logique du droit.

Et oui avec les réfugiés la réalité rattrape la politique et il était grand temps, à droite comme à gauche.

A droite on s’aperçoit qu’on ne peut pas tenir longtemps sur des postures de repli sur soi nationalistes et du « circulez il n’y a rien à voir ».

A gauche, je crois aussi qu’il faut passer des principes à l’action concrète et c’est bien notre but avec le vote de cette délibération.

L’action concrète au niveau de l’état et de collectivités comme la nôtre c’est bien sûr de coordonner les élans de générosité et les initiatives privées avec cette contradiction de la loi française qui peut parfois punir le délit d’assistance à étranger s’il n’est pas en situation régulière et c’est souvent le cas des migrants qui n’ont pas déposé de demandes de statut ou qui sont juste de passage en France, comme à Vintimille et Calais.

Cependant la politique c’est l’action publique et non pas seulement une addition d’initiatives privées, même quand elles sont généreuses.

Les professionnels qui accompagnent les migrants nous disent aujourd’hui qu’il n’est pas forcement efficace de disperser les réfugiés partout dans la montagne, dans les campagnes, comme s’ils devaient se cacher. Pour faciliter les demandes administratives, l’accompagnement et le suivi des réfugiés, les demandeurs d’asiles doivent être accueillis aussi dans les grandes villes ou à proximité, non loin des préfectures et des services publics, pouvoir se déplacer facilement pour accéder à des interprètes, des cours de français.

Comme souvent c’est donc un souci de réalisme et d’efficacité qui doit nous orienter dans nos actions.

C’est dans cet esprit-là que nous voterons cette délibération de la Région.

C’est aussi comme cela que nous pourrons rester une terre d’accueil et d’échanges car c’est bien cela qui constitue l’identité et l’histoire de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de ses habitants, issus de toute origine.

 

 

DISCOURS DE JOELLE FAGUER

Plénière Exceptionnelle du 14 septembre 2015

Tout d’abord je voudrais dire à quel point la mobilisation à laquelle nous assistons est rassurante :

Elle vient montrer ce que sont la générosité et l’intelligence des habitants de ce pays.

Cette délibération c’est la réponse de notre région pour accompagner au mieux cet élan.

Le texte rappelle en préambule le droit de donner asile à tout étranger persécuté ou qui sollicite la protection de la France « pour un autre motif. »

Question centrale : la discrimination entre réfugiés politiques et migrants économiques a-t-elle encore un sens ? Les républicains veulent aujourd'hui créer une catégorie de « réfugiés de guerre » ! Pour les gens qui partent avec leurs enfants et un balluchon sous le bras, en laissant tout c’est le plus souvent une question de survie quelles que soient les raisons qui les poussent à fuir.

Qu’il s’agisse de catastrophe d’origine naturelle ou anthropique qu’il s’agisse de famine ou de la conséquence de conflits en bref que les facteurs soient environnementaux économiques ou politiques cela ne change pas grand-chose De plus ces facteurs sont souvent étroitement liés… et les différences de statuts et de droits qui discriminent ces migrants sont certainement à remettre en question…

Depuis quelques années des responsables de l’ONU dont le Haut-Commissaire aux Réfugiés, Antonio Guterres, relayé par le secrétaire général Ban Ky Mun, affirment que les raisons du départ sont très entremêlées. On peut les distinguer, mais on ne peut séparer les personnes en fonction de ces critères.

La question des migrations est une question planétaire

Les déplacements massifs de population auxquels nous assistons sur l’ensemble de la planète et pas seulement en méditerranée sont en bonne partie la conséquence des politiques menées par les pays développés - pas seulement européens- depuis des années. Le meilleur exemple en la matière est l’augmentation année après année du nombre de réfugiés climatiques (toujours sans statut) avec des perspectives alarmantes : Aujourd’hui, chaque année, ce sont 210 millions de personnes qui sont concernées ; 5 fois plus que les victimes des conflits armés.

Et le GIEC prévoit, si nous ne changeons pas de modèle économique et de mode de vie, qu’il y aura d’ici la fin du siècle, au moins 1 milliard de migrants ou réfugiés de plus.

En conclusion Il va bien falloir arriver à traiter de manière cohérente et mutualisée à la fois aide humanitaire,- aide au développement, et action politique

Pour ce qui est de notre Région, les associations commencent à se mobiliser. Voici quelques exemples de ce qui nous est proposé pour des actions sur le territoire régional

· SOS Méditerranée est une initiative civile qui a pour objectif d’affréter un navire d’intervention pour le sauvetage des réfugiés en mer

· L’Ordre de Malte : prévoit un accompagnement financier du dispositif mis en place dans les représentations départementales

· La Banque alimentaire des Bouches du Rhône se mobilise

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· Emmaus la pointe rouge propose de réhabiliter une maison qui accueillera des familles de réfugiés …

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· De manière complémentaire et dans la ligne directe des actions passées et en cours menées par la mission humanitaire sur les territoires jordanien, irakien et libanais où nous aidons les Chrétiens d’Orient.

· L’association de chirurgiens Humani Terra oeuvre pour la prise en charge des réfugiés syriens et des habitants du nord de la Jordanie nécessitant des soins de chirurgie et de reconstruction des grands brûlés

· (L’Ordre de Malte) : apporte une aide médicale d’urgence aux minorités religieuses victimes de persécutions et déplacées du moyen orient en Irak, au Liban et en Syrie.

· Médecins sans Frontières souhaite également s’impliquer et va nous proposer un projet…

Bref une mobilisation sans précédent est en train de se mettre en place et cette délibération est l’occasion pour nous de remercier ici l’ensemble des associations, des élus et des particuliers qui se mobilisent sans réticence aujourd’hui pour répondre à ce qui est évidemment d’abord une tragédie mais aussi une injustice insupportable.

Je vous remercie