Tribunes libres ou commandées par médias
. Janvier 2012
Tribune co-signée par Christian Desplats, Michèle Rivasi et Jean-PIerre Petit, publiée dans Médiapart
. Mars 2012
Le temps de la solidarité écologique.
Tribune d'Annabelle Jaeger et Emmanuel Delannoy publiée par Médiapart
LEMONDE.FR | 24.05.11 |
Transports régionaux : attention, risque de déraillement.
L'Etat a annoncé clairement sa priorité pour le système ferroviaire national : cadencer l'ensemble du réseau pour 2012. Pour l'usager des transports en commun, le terme peut sembler barbare. Il est donc sans doute utile de rappeler que par "horaire cadencé", on entend que les trains circulent avec un intervalle de temps régulier sur un parcours donné, par exemple, les trains partent de A pour B à 6:32, 7:32, 8:32, 9:32… Le cadencement généralisé suppose donc une révolution du système ferroviaire français. Depuis plusieurs mois, ce dossier est au centre de l'attention du ministère des transports, de réseau ferré de France, de la SNCF et des conseils régionaux.
Favorables sur le principe, nous, écologistes, mettons le gouvernement en garde face à une réforme du système qui reposera sur les régions, principales contributrices de ce renouveau du ferroviaire: imposer le cadencement national, sans concertation, occasionnera assurément une dégradation de la qualité de service pendant des mois, ainsi qu'une augmentation des dépenses de fonctionnement.
Le cadencement comporte de nombreux avantages qui plaident pour sa généralisation : l'usager bénéficie, à terme, d'une fréquence renforcée, d'une régularité accrue, d'une amélioration des correspondances, d'une meilleure lisibilité des horaires… Les opérateurs y voient également leur intérêt. En effet, la capacité des lignes est optimisée, tandis que la production est fiabilisée et simplifiée. Enfin, pour l'Autorité organisatrice des transports (les régions et le syndicats des transports d'Ile-de-France), l'amélioration du service se traduit par des recettes supplémentaires qui alimentent le cercle vertueux de l'investissement dans les transports en commun. L'exemple suisse témoigne d'ailleurs de la réussite d'un cadencement généralisé mis en place de façon très progressive.
Par conséquent, pourquoi s'inquiéter ? La Suisse a su mettre en œuvre un plan rail sur plusieurs années afin de rénover et moderniser son infrastructure ferroviaire pour réussir son cadencement national. Ce n'est pas le cas en France. La plupart des spécialistes du dossier, à RFF comme à la SNCF, reconnaissent que tout n'est pas prêt, ils anticipent même des perturbations importantes au moment de la mise en route du nouveau système.
D'autre part, le trafic n'est pas le même partout en France : les problématiques de la région Bourgogne ne sont pas celles de l'Ile-de-France, de la région Rhône-Alpes ou encore de la région Bretagne. Dans certaines, le cadencement est déjà mis en place avec succès, ou est prêt à l'être. Dans d'autres, c'est trop tôt. Celles-ci, mal préparées à ce changement, subiront de plein fouet les conséquences désastreuses d'un cadencement à marche forcée, décidé unilatéralement par l'Etat au détriment des usagers. Les autorités organisatrices de transports, en fonction des enjeux locaux, sont les mieux placées pour déterminer si l'heure du cadencement est venue... ou pas.
Le passage au cadencement, s'il est précipité et mené sans concertation, ne se fera pas sans douleur pour l'usager. L'introduction d'horaires nouveaux réduira la desserte dans certaines gares. Le temps d'attente entre des trains de lignes déjà saturées (comme les RER d'Ile-de-France) risque de s'allonger. L'expérience de la région Rhône-Alpes, partagée en partie en Ile-de-France, montre que le cadencement sur l'ensemble du réseau TER conduit souvent dans un premier temps à la suppression de trains, à des retards, voire à des pertes d'emplois. La prudence est donc de mise. Les français auront compris l'impact sur leur quotidien de l'organisation du cadencement: des trains plus ou moins ponctuels, plus ou moins chargés, un service de plus ou moins bonne qualité.
Par ailleurs, le cadencement national imposé par l'Etat témoigne une fois de plus du recul de la décentralisation. Le cadencement dépossède les autorités organisatrices régionales de transport de leurs prérogatives concernant les commandes de sillon ; sans compter que les régions attendent toujours des ressources financières nouvelles indispensables au transfert de compétence en matière de transports.
Que l'on ne se méprenne pas : nous l'avons dit, nous le répétons, nous sommes favorables à la mise en place d'un cadencement généralisé du système ferroviaire français. Nous dénonçons en revanche la méthode brutale employée aujourd'hui par le gouvernement qui, de surcroît, enverra la facture aux régions.
Les écologistes souhaitent la mise en place d'un cadencement organisé région par région, et avec les régions dans leur ensemble. Cette réforme est nécessaire, mais si elle est imposée aujourd'hui, nul ne peut dire quels seront les impacts locaux sur le système. Ainsi, il est primordial que le principe de subsidiarité soit respecté et que la prudence et le pragmatisme priment. Préalablement au passage au cadencement, un travail long et indispensable doit être mené afin de répondre prioritairement au besoin d'investissement et au devoir de qualité de service.
A la précipitation, préférons donc le pas à pas, pour une véritable politique des transports nationale associant tous les acteurs concernés. Le cadencement en 2012 n'a de sens que là où il est préparé, accepté et attendu. Ailleurs donnons-nous le temps de continuer à travailler afin qu'il soit une vraie réussite dans l'intérêt de tous et toutes.
Un cadencement réussi sur une ligne dépend du carré magique suivant : une ligne performante, des gares correctement aménagées, un personnel cheminot disponible et un matériel de qualité, avec une bonne maintenance.
Quand début 2012, l'exaspération inévitable des usagers, comme des salariés de la SNCF, éclatera immanquablement, il faudra que chacun assume. Nous prenons date : nous aurons prévenu.
Françoise Coutant, vice-présidente du Conseil Régional de Poitou-Charentes, présidente de la commission Transports propres et innovants, Intermodalité, Équipements, Infrastructures.
Alain Fousseret, vice-président du Conseil Régional de Franche-Comté, chargé des transports et de la multi-modalité.
Jean Yves Petit, vice-président du Conseil Régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, délégué aux transports et à l'éco-mobilité.
Jean-Vincent Placé, vice-président du Conseil Régional d'Île-de-France, chargé des transports et des mobilités.
Pierre Serne, conseiller Régional Île-de-France et administrateur du Stif.
Avril 2011 - Témoignage Chrétien -
Débat : les politiques ont-ils perdu le sens moral ?
Une « pathologie » politique
Contribution de Laurence Vichnievsky, magistrate, conseillère régionale Europe Écologie Les Verts en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Les politiques ont-ils perdu le sens moral ? Les électeurs se posent en tout cas la question et la réponse est souvent l’abstention ou le vote FN, alors que ce parti n’a brillé, ni par sa probité, ni par sa compétence les rares fois où il a été aux commandes locales.
Le sens moral en politique est pour moi le souci permanent de l’intérêt général et la préservation des équilibres dans le respect d’autrui et de la règle.
La nature humaine est complexe, les cultures sont diverses ; aussi le discours politique qui consiste à émettre de manière récurrente des propositions simplistes empreintes de démagogie ou des promesses irréalistes m’apparaît aussi vain que dépourvu de sens moral.
Le « gouvernement de la cité » mérite mieux de la part de ceux qui prétendent y accéder. Il mérite un contenu élaboré à partir de la parole de chacun, libéré de la pression d’intérêts catégoriels et tourné vers un objectif : celui de vivre ensemble, en répondant aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs, avec une priorité en direction des démunis.
Comme magistrate, j’ai connu la « pathologie » de l’action politique affectant des partis de droite et de gauche. Les uns et les autres ont été, par le fait de quelques acteurs qui déshonorent la vie publique de notre pays, impliqués dans des affaires de corruption.
Cela ne signifie pas que toutes les composantes de cette classe politique sont malades de pouvoir, d’argent et que leurs programmes respectifs se valent, loin s’en faut !
La majorité de ceux qui s’engagent en politique sont sincères et portent des projets de société qu’ils pensent bénéfiques à la collectivité.
Si nous nous sommes mutuellement choisis avec Europe Écologie-Les Verts, c’est que l’écologie politique portée par ce mouvement n’est pas un simple programme pour amoureux de la nature comme beaucoup le croient encore mais un projet de société global, concret, qui correspond à mes valeurs.
Au-delà de notre devise républicaine « liberté, égalité, fraternité » qui m’est chère, je souhaite un autre modèle de développement que le nôtre.
Nous pouvons tous faire le constat que notre modèle de croissance n’est pas la panacée : il n’assure pas le plein emploi, il n’évite pas la pauvreté qui s’étend, il épuise la planète et les hommes, en leur faisant courir des risques immenses.
Je souhaite pour ma part une approche sociale et qualitative de l’économie, une remise en question de notre manière de produire et de consommer. Je préfère l’économie réelle au capitalisme financier, le long terme au court terme. Je ne veux plus de l’argent roi et je veux transmettre d’autres valeurs à mes enfants dont l’avenir me préoccupe.
Europe écologie-Les Verts, dont la structure diverse – élus, associatifs, société civile – m’a séduite, répond largement à ces aspirations et me paraît avoir gardé à ce jour son sens moral.
Pour que ce mouvement ne le perde pas et pour aider les vieux partis à le retrouver, il me semble indispensable que les états – majors mettent de l’ordre dans leurs rangs et fassent cesser les pratiques- notamment clientélistes- qui nuisent à l’image de la classe politique toute entière.
Si les directions des partis ne répondent pas à cette exigence démocratique, il appartiendra aux électeurs de les interpeller par leur vote.
Bien sûr la loi est là pour sanctionner les abus les plus graves mais le droit et la morale sont distincts ; l’éthique n’est pas consacrée par les textes et les conflits d’intérêt ne tombent pas tous sous le coup de la loi pénale.
Les pratiques clientélistes, les réseaux d’influence ne constituent pas nécessairement des infractions et sont pourtant condamnables au plan politique.
Respecter la séparation des pouvoirs, limiter strictement le cumul des mandats, éviter la professionnalisation de l’action politique, ne pas mélanger les intérêts économiques de quelques acteurs et ceux de la nation ou les siens propres, préserver l’indépendance des médias, sont autant de moyens de nous mettre tous à l’abri mais rien ne remplacera à mon sens les limites que chacun doit, de lui-même, s’imposer.
Février 2011 - Pour la Marseillaise -
Sur la démocratie de proximité.
Nous avons besoin d’un vrai renouvellement démocratique basé sur l’indépendance du législatif, de la justice et des médias par rapport au pouvoir exécutif et financier. De plus, face à la gravité des crises, face aux pratiques autoritaires du gouvernement, aveugle aux besoins criants et contestations massives des citoyen-ne-s dans la rue, face à la méfiance croissante envers les représentants politiques, il faut également revivifier la démocratie de proximité à travers des instances et outils de débats directs entre citoyens et élu-e-s. Certains existent déjà (conseils de développement, comités de lignes…).
Au Conseil Régional, les élu-e-s Europe Ecologie/les Verts/Partit Occitan demandent que soient travaillés le droit à la pétition citoyenne et le référendum d’initiative populaire.
Les écologistes pratiquent depuis toujours cette écoute des « usagers du quotidien », la concertation et la co-élaboration de leurs programmes et politiques avec les citoyens, associations, entreprises et syndicats.
Leur combat pour l’éthique et la transparence se nourrit de cette écoute et de la volonté d’être exclusivement au service du bien commun : la politique au sens noble.