Note complète sur ITER
Mettre fin au mirage scientifique
et au gouffre financier
Fruit d’une collaboration entre les grandes puissances nucléaires (Etats-Unis, Union européenne, Russie, Japon, Corée du Sud, Inde et Chine), ITER a pour ambition de construire le 1er réacteur capable de tirer de l’énergie sous forme de chaleur d’une réaction de fusion nucléaire.
Basé à Cadarache, lieu-dit de la commune de Saint-Paul-les-Durance (Bouches-du-Rhône), le site d’ITER s’étend sur une surface de 180 hectares.
Le projet est aujourd’hui de plus en plus contesté,
une part croissante de la population provençale souhaite son abandon.
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CALENDRIER D’ITER
1986 : Lancement du programme ITER
2005 : La France est choisie pour accueillir le réacteur, après une compétition avec le Japon.
10.2005 : Le Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur vote un soutien de 152 M€ en faveur d’ITER. Seuls les écologistes votent CONTRE.
2006 : L’accord créant une entité juridique internationale chargée de la construction, de l’exploitation et du démantèlement futur du réacteur est signé à Paris
2010 : Démarrage de la construction du réacteur
2011 : Lancement d’un Appel européen « STOP ITER »
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UN PARI SCIENTIFIQUE CONTESTE
Le monde scientifique (dont plusieurs Prix Nobel de Physique) émet de fortes réserves quant à l’opportunité du projet ITER, aux risques qu’il comporte et au choix énergétique qu’il induit.
La mise en œuvre d'un réacteur à fusion tel qu’ITER suppose de résoudre préalablement plusieurs problèmes, dont notamment :
- la maîtrise des réactions de fusion ;
- la production massive de tritium ;
- l’invention de matériaux résistants pour enfermer le plasma dans des enceintes de confinement
Or le tokamak ITER ne s'attaquera qu'au premier problème dès 2019...
Georges CHARPAK, Prix Nobel de Physique :
« on est loin de la mise au point d’un prototype de centrale électrique, puis d’une tête de série commerciale, enfin de l’avènement d’une nouvelle filière de production d’énergie ».
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IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX
Comme tout grand chantier, la construction d’ITER a fortement porté atteinte à l’environnement, dans une région très fragile.
- Destruction de 180 ha de forêt pour la construction d’ITER
- Aménagement de 100 km de route spéciale pour acheminer des camions jusqu’à 900 tonnes et 61 m de longueur.
Mais surtout, la machine ITER présente de grands dangers :
- ITER produira des déchets. Par rapport à un réacteur à fission, ces déchets sont moins toxiques et ont une durée de vie plus courte, mais la question du traitement des déchets demeure.
- ITER présente des risques sanitaires en raison du tritium, qui s’incorpore facilement à l’eau et est très difficile à maîtriser car il peut pénétrer le béton, le caoutchouc et certains aciers.
- ITER n’est pas une technologie sans risque quant à la prolifération nucléaire, la fusion nécessitant de grandes quantités de tritium.
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SECURITE SISMIQUE DEFAILLANTE
La demande d’autorisation de création d’ITER est actuellement en cours d’instruction à l’Autorité de Sureté nucléaire (ASN) et doit être prochainement soumise à enquête publique.
Mais dans son avis délibéré du 23 mars 2011, l’Autorité Environnementale du Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable demande «que soit complété l’état des lieux, en particulier pour le risque sismique, et précisées les données relatives au risque d’inondation ». Autrement dit, l’étude d’impact qui doit être soumise à enquête publique est encore incomplète ou défaillante sur de nombreux points.
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IMPACTS SOCIAUX
- Spéculation foncière : Suite à l’annonce de l’arrivée de milliers de chercheurs et de travailleurs, la spéculation foncière a doublé les prix des terrains du Val de Durance, donc des logements.
- Suppression de terres agricoles : le mitage urbain est désormais en cour sur ce territoire, au détriment des terres agricoles qui subissent de plein fouet la spéculation foncière.
- Cité scolaire internationale : la cité scolaire internationale, dont les critères d’intégration sont fortement contraignants, est encore peu accessible à la population locale et à la population la plus pauvre.
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COÛT ET SURCOÛT COLOSSAL D’ITER
FINANCEMENT D’ITER
- Union européenne : 45% du coût d’ITER
- France, en tant qu’hôte du projet : 20% de la quote-part européenne
- Autres pays partenaires : 9% chacun du coût d’ITER
SURCOÛT
- Coût prévisionnel du projet ITER en 2005 : 5.9 milliards d’€
- Coût prévisionnel du projet ITER en 2010 : 16 milliards d’€
Ce gigantesque surcoût sera payé d’abord par l’Union européenne, en particulier par la France.
- Coût prévisionnel pour l’Union européenne de 2005 à 2010 : de 2.7 à 7 milliards d’€
- Coût prévisionnel pour la France de 2005 à 2010 : de 540 millions d’€ à 1.4 milliard d’€
COMMENT SERA FINANCE CE SURCOÛT ?
Il est question de faire financer le surcoût européen par les budgets de la recherche scientifique européenne, voire par les budgets agricoles. De nombreuses recherches autrement plus importantes, notamment pour l’avenir énergétique de notre planète, en pâtiront.
A noter : le budget de recherche européen pour le nucléaire est d’ores et déjà 4.5 fois plus important que celui consacré aux économies d’énergie et aux énergies renouvelables.
En France, l’Etat se montre réticent et souhaite faire partager le surcoût avec les collectivités territoriales.
Sous la pression des écologistes, la Région PACA a d’ores et déjà affirmé qu’elle ne paiera aucun surcoût : son Président, Michel VAUZELLE, a conclu un accord dans ce sens lors des élections régionales de 2010.
QUID DU FINANCEMENT PRIVE D’ITER ?
ITER est pensé pour préparer l’après-pétrole, les grandes multinationales du pétrole sont donc les premières concernées par ce projet. Pourquoi ne participent-elles pas au financement ?
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LE PARI DES ECOLOGISTES AU CONSEIL REGIONAL PACA : l’efficacité énergétique, les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables
La crise énergétique et le réchauffement climatique sont là. C’est maintenant qu’il faut engager une politique ambitieuse. ITER ne répond en rien à la crise actuelle.
En 2003, les élus écologistes à la Région ont proposé un autre pari qu’ITER : investir les mêmes 152 M€ dans les énergies renouvelables et la maîtrise énergétique.
Les écologistes, alors peu représentés à l’assemblée régionale, ont perdu, mais ont réussi à enclencher la démarche « Alter-ITER » :
Ø « AGIR pour l’énergie » : 70M€ en 4 ans (2006-2010)
Selon plusieurs études, la même somme investie crée 3 fois plus d’emplois dans les énergies renouvelables que dans le nucléaire
« Alter-ITER » s’est concrétisé par le programme régional « AGIR pour l’énergie », porté par Annick DELHAYE, vice-présidente en charge de l’énergie depuis 2004 au Conseil régional :
* Une multitude de projets concrétisés
- Des milliers de chauffe-eau solaires pour les particuliers
- Des dizaines de chaufferie-bois
- 200 installations photovoltaïques sur des bureaux et logements collectifs
- Des éoliennes
- De petites installations hydro-électriques
- Des expériences d’éco-mobilité pour les scolaires (« Marchons vers l’école ») et pour les entreprises (« Plan déplacements »)
- Des opérations de réhabilitation thermique de logements sociaux, avec des réductions de la consommation énergétique de 20 à 50 %
* 1500 entreprises concernées, une filière en constitution
- Constitution d’une quinzaine de réseaux d’entreprises du bâtiment
- Constitution d’un grand réseau régional de chercheurs et d’entreprises sur le bâtiment durable méditerranéen
- Création d’un centre de formation aux métiers de l’environnement
- Des dizaines d’emplois d’économe de flux dans les communes ou les associations
Ø « AGIR + pour l’énergie » : 70M€ en 4 ans (2011-2014)
Les écologistes ont obtenu, lors des élections régionales de 2010, que le Conseil régional ne finance aucun surcoût d’ITER et, parallèlement, ont obtenu la reconduction du programme « AGIR pour l’énergie » et le lancement d’un grand programme de réhabilitation thermique des logements sociaux.
Ø Réhabilitation thermique des logements sociaux : 60M€ en 4 ans (2011-2014)
Objectif de ce programme phare de mandature, porté par André ASCHIERI, Vice-président en charge du logement, de l’habitat et du foncier : 10% des logements sociaux de PACA rénovés en 4 ans, d’ici 2014 (= 25.000 logements réhabilités).
ITER assèche une partie des budgets des collectivités territoriales, assèche la recherche européenne et française et la détourne des vraies priorités. Plutôt que de s’arc-bouter sur une mauvaise décision initiale, mieux vaudrait admettre que le gigantisme du projet est disproportionné par rapport aux espérances, que nos budgets ne nous permettent pas de le poursuivre, et transférer cet argent sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et les économies d’énergie.