Une Malienne expulsée va pouvoir revenir en France

A quelques heures de son départ pour le Mali, mercredi 17 mai, Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur, a donné instruction aux préfets du Loiret et de l’Eure d’organiser le retour de Mariam Sylla, mère de famille malienne, éloignée de manière indue du territoire français, samedi 13 mai, avec ses deux enfants.

Mme Sylla vivait en France depuis sept ans. Il y a deux ans, elle s’était réfugiée dans le Loiret, victime de violences conjugales. A Orléans, où elle tentait de se reconstruire, ses deux enfants, âgés de 3 et 5 ans, étaient scolarisés. Le renouvellement du titre de séjour, dont elle avait un temps bénéficié pour raisons médicales, lui avait cependant été refusé. Le 12 avril, la préfecture du Loiret lui a adressé un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF). Arrêté contre lequel la jeune femme a aussitôt engagé un recours.

AFFAIRE « HONTEUSE »

Mais, jeudi 11 mai, Mme Sylla a été interpellée dans l’Eure. Le soir même, elle était placée en rétention à Rouen avec ses enfants, et 48 heures plus tard, mise dans un avion pour Bamako, alors même que son recours, suspensif, n’avait pas encore été examiné. Le 15 mai, le tribunal administratif d’Orléans, statuant en son absence, annulait son APRF. « Le préfet de l’Eure a mis à exécution un APRF édicté par la préfecture du Loiret. Et il ignorait qu’il y avait un recours engagé », explique-t-on dans l’entourage du ministre, où l’on déplore une « erreur administrative ». Pour le Réseau éducation sans frontières, cette affaire « honteuse » est avant tout le résultat de la « politique du chiffre » édictée par M. Sarkozy. « La circulaire ministérielle du 31 octobre (2005), qui suspend jusqu’à la fin de l’année scolaire la reconduite des parents d’enfants scolarisés, a été délibérément ignorée. Mme Sylla a été expulsée en moins de 48 heures, sans que personne ne soit prévenu ! Elle devait être entendue par le juge des libertés et de la détention avant son expulsion, elle ne l’a pas été. Elle devait comparaître au tribunal le 15, il ne lui a pas été permis d’être présente à l’audience. Pourtant, ce recours était suspensif », dénonce le collectif Education sans frontières du Loiret, dans une lettre au ministre.

Sans doute M. Sarkozy espérait-il, en annulant cette expulsion, se ménager un meilleur accueil au Mali, où sa venue suscite de vives réserves. Ses détracteurs prévoyaient d’organiser, jeudi 18, un sitting devant l’Hôtel de l’Amitié à Bamako, où le ministre devait prononcer un discours.

Laetitia Van Eeckhout
Article paru dans l’édition du 19.05.06


P.S. :
– Lire sur le site Le Monde

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