« Un appel à punir unanime contamine le système pénal »

Qu’est-ce que le « populisme pénal » que vous dénoncez (dans votre livre ) [1] ?

Il est le fruit d’une profonde évolution de notre regard sur la délinquance. Le traitement du fou criminel ou du mineur délinquant s’est longtemps inscrit dans le projet démocratique de juger et de punir un semblable. Ces mêmes figures de la délinquance représentent désormais « l’autre dangereux » , pervers ou multirécidiviste. Le centre de gravité de notre perception n’est plus l’individu, mais l’opinion publique et ses paniques morales. Le débat individualisé qui caractérise la justice doit se plier à une lecture collective de la délinquance, centrée sur l’acte et le risque.

Le populisme pénal, véritable pathologie de la démocratie, est la manière dont la société et les gouvernements « surréagissent » face au danger, au nom des victimes réelles ou potentielles. C’est un appel à punir unanime qui contamine tout le système pénal. Pour des individus à risque, la sécurité ne passe donc plus par le soin et l’éducation mais par le contrôle et l’enfermement.

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Quel est le rôle des victimes ?

Les droits de l’homme étaient des remparts contre les abus de pouvoir. Depuis peu, ils viennent paradoxalement renforcer ceux-ci. Toujours plus reconnus et légitimes, ils frappent la volonté de punir au sceau d’un certain fondamentalisme. La dignité sans prix de la personne est un principe moral qui façonne un droit de punir sans mesure. Au nom de sa dignité offensée, la victime (ou ses porte-parole) est portée à criminaliser son action : il suffit de constater l’allongement ­ moralement justifiable mais juridiquement contestable ­ de la prescription pour les crimes sexuels ces dernières années.

Notes

[1] La Volonté de punir, Denis Salas, essai sur le populisme pénal, Hachette Littératures, 286 p., 20,50 €.


P.S. :
Lire l’article complet du journal Le Monde

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