Etat d’urgence… sociale

MARDI 8 Novembre 15 h 22

C’est un état d’urgence sociale qu’on devrait déclarer !

PARIS, 8 nov 2005 (AFP) – Les Verts, reprochant au gouvernement son « manque de sang-froid » à propos des violences urbaines, ont demandé mardi de « faire confiance aux acteurs locaux et de leur donner les moyens de leur politique ».
« Il faut savoir raison garder. La France n’est pas à feu et à sang, ce qui est grave, c’est la situation à l’origine des événements, c’est un état d’urgence sociale qu’on devrait déclarer », a estimé Cécile Duflot, porte-parole, lors d’un point de presse du parti.
Selon les Verts, « les réponses de bravache résonnent comme de la provocation », et les moyens employés, qualifiés de « tentative de confinement », risquent de « faire monter la pression » et de « dégrader la situation ».
Les Verts envisagent de mettre en place une permanence téléphonique au siège du parti afin de recueillir les informations en provenance du « terrain ».
« Bien sûr il faut que les violences s’arrêtent », mais il faut « sortir de la logique de la surenchère et offrir des perspectives », a estimé la porte-parole.
Les Verts suggèrent notamment la réunion d' »une commission d’enquête parlementaire sur ce qui s’est passé à Clichy-sous-Bois », et des « excuses du gouvernement » après le tir d’une grenade lacrymogène devant la mosquée de la ville, afin de « dénouer ce qui a mis le feu aux poudres ».
Ils demandent aussi une sorte de « rédaction de cahiers de doléances », pour que « ce qui s’exprime actuellement par l’incendie de voitures s’exprime différemment », aboutissant à une « convention nationale ».
Favorables à une idée d’un fonds national d’initiative locale, avancée par le maire (Verts) de l’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) Michel Bourgain, ils estiment qu’il faut « donner aux acteurs locaux les moyens de mettre en oeuvre un ensemble de politiques », plutôt que de gérer les situations « de façon nationale ». « Il faut retisser du lien social », ont-ils souligné.
Enfin les Verts ont contesté l’idée d’ouvrir l’apprentissage à partir de l’âge de 14 ans, estimant que c’était l’école qu’il fallait réformer.

  • Mardi 8 Novembre 12 h 00

COMMUNIQUE COMMUN

NON A L’ÉTAT D’EXCEPTION

Confronté à une révolte née de l’accumulation des inégalités et des discriminations dans les banlieues et les quartiers pauvres, le gouvernement vient de franchir une nouvelle étape, d’une extrême gravité, dans l’escalade sécuritaire. Même en mai 1968, alors que la situation était bien plus dramatique, aucune loi d’exception n’avait été utilisée par les pouvoirs publics. La proclamation de l’état d’urgence répond à une révolte dont les causes sont profondes et bien connues sur le seul terrain de la répression.

Au-delà du message symbolique désastreux que nourrira la référence à la guerre d’Algérie, il ne s’agit pas seulement de « couvre-feu », ce qui est déjà de l’ordre d’une logique de guerre. En fait le gouvernement a sciemment menti. La loi du 3 avril 1955 autorise des interdictions de séjour pour « toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l’action des pouvoirs publics », des assignations à résidence pour « toute personne […] dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité et l’ordre publics », la fermeture des « lieux de réunion de toute nature » et l’interdiction des « réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre ». Le gouvernement a même prévu des perquisitions de nuit. Il peut, en outre, faire « prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature », et donner compétence aux juridictions militaires en concurrence avec les juges ordinaires.

Stopper les violences et rétablir les solidarités dans les banlieues est une nécessité. Cela implique-t-il de les soumettre à une législation d’exception héritée de la période coloniale ? On sait où mène le cycle bien connu qui enchaîne provocations et répression, et quels résultats il permet d’obtenir. Les banlieues n’ont pas besoin d’état d’exception : elles ont besoin, désespérément, de justice, de respect et d’égalité.

Signataires :
Alternative Citoyenne, ATMF, CEDETIM, Comité des sans-logis, CRLDHT, Fédération syndicale unitaire, Ligue communiste révolutionnaire, Ligue des droits de l’Homme, MRAP, Parti communiste français, Syndicat des avocats de France, Syndicat de la magistrature, Union syndicale Solidaires, Les Verts.

  • Lundi 7 Novembre

Les Verts dénoncent une « escalade totalement disproportionnée »

PARIS, 7 nov 2005 (AFP) – Les Verts ont qualifié lundi d' »escalade totalement disproportionnée » la décision du gouvernement de recourir à la loi du 3 avril 1955 sur l’état d’urgence, pour rétablir le calme dans les banlieues.

« Le Premier ministre Dominique de Villepin, en annonçant sans oser prononcer le mot que le conseil des ministres va proclamer demain l’état d’urgence, montre que le gouvernement a choisi une escalade totalement disproprotionnée », ont indiqué les Verts dans un communiqué. « Cette stratégie de la tension délibérée et organisée ne règlera rien, et fait probablement courir à l’ensemble de la population française de plus grands risques que ceux qu’elle prétend éviter », ont-ils ajouté. Le député-maire de Bègles (Gironde) Noël Mamère a pour sa part estimé que « loin d’apporter l’apaisement qu’on était en droit d’espérer, le Premier ministre a pris le risque d’augmenter la rage des banlieues en annoncant la possiblité de mettre en oeuvre la loi de 1955 autorisant le couvre-feu ». Il a estimé que « le gouvernement manifestement n’a pas compris l’ampleur de la crise, et n’a annoncé aucune mesure concrète de lutte contre les discriminations », dans une déclaration à l’AFP.

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