Prison : une loi pour rien

Promise puis enterrée par Jospin, oubliée par Chirac, détruite par Sarkozy, la loi pénitentiaire votée aujourd’hui ne sera en rien la grande loi attendue. Les rares avancées n’avaient pas besoin d’une loi pour être adoptées, de simples décrets suffisaient : les détenus avaient déjà le droit de téléphoner, l’encellulement individuel s’appliquait déjà en centre de détention (mais toujours pas en Maison d’Arrêts), le droit à l’exercice de culte existait déjà,… Cette loi marque surtout d’importants reculs vis à vis des attentes qu’elle avait suscitées que ce soit sur la réinsertion, le droit du travail en détention, la santé, les suicides, la libération conditionnelle, le maintien des relations familiales, le droit à la sexualité,…Concernant la surpopulation comme en 2002, comme en 2003, un moratoire repoussera à plus tard l’adoption de l’encellulement individuel. Les 13000 détenus en surnombre continueront donc à dormir sur des matelas. La Garde des Sceaux a beau promettre 5000 nouvelles places de prison (les 13000 prévues sous Raffarin ne sont même pas encore livrées !), elle ne suffiront pas à endiguer la surpopulation carcérale : en 30 ans le nombre de places de prison a beau avoir doublé, la population carcérale a elle aussi suivi la même courbe. Contre la surpopulation mieux vaut faire sortir de prison les personnes qui n’ont rien à y faire (personnes souffrant de maladies mentales, courtes peines, sans-papiers) qu’en construire de nouvelles qui seront surpeuplées dès leur inauguration.

La prison souffre d’une absence de moyens. Les ressources supplémentaires ne servent qu’à construire de nouvelles places, pas à améliorer le quotidien des détenus, des personnels pénitentiaires ou des travailleurs sociaux. Comment peut on s’occuper de réinsertion quand chaque travailleur social doit gérer en même temps des centaines de dossiers ?

Avec cette loi, les prisons resteront pleines, les lois votées par l’UMP continueront à les remplir, les moyens alloués à la réinsertion resteront inexistants et les rapports internationaux dénonçant nos prisons continueront à s’accumuler sur le bureau de la Garde des Sceaux.

Les Verts

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