Le scandale de la prison des Baumettes
Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté a publié ce matin son rapport en urgence sur la prison des Baumettes (Marseille). C’est le deuxième rapport en urgence jamais publié par le Contrôleur général. La visite s’est faite début octobre avec une équipe de 20 contrôleurs sur plusieurs jours.
Le rapport est effarant et peut être lu à cette adresse (pdf).
Le contrôleur souligne une « violation grave des droits fondamentaux d’une personne privée de liberté »
Voici, par exemple, le constat que deux personnes détenues font de leur cellule, dont la véracité a été scrupuleusement vérifiée par le contrôle général : « absence de la partie supérieure de la fenêtre ; fil alimentation téléviseur coupé (absence de prise) ; pas de lumière (ampoule manquante), pas de veilleuse pour le surveillant de nuit ; pas d’interphone d’urgence ; w.-c. récent mais non fixé au sol et chasse d’eau quasi inexistante, pas de cloison d’intimité, lavabo bon état mais fuite au sol au niveau du siphon ; pas de miroir ; réfrigérateur très sale et infesté de cafards tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ; murs sales, dégradés et presque couverts d’inscriptions en tous genres, nombreuses araignées et cloportes ; sol sale, nombreux détritus, pas de cabine de douche ni d’eau chaude ; aucun placard ni rangement, pas de quoi s’asseoir, pas de table ».
La sous-commission départementale pour la sécurité (incendies) a demandé, le 29 avril 2011, la fermeture des locaux. Le taux d’occupation y est de 145,80 %. Marseille accueille pourtant des personnes qui font l’objet de mesures de « désencombrement » de maisons d’arrêt des environs : un surcroît d’occupation dans ces établissements sous gestion déléguée entraîne en effet pour l’Etat le versement de pénalités.
Les activités rémunérées sont très réduites ; même si des formations professionnelles sont bien conçues, elles concernent un effectif relativement faible. Lors de la visite, le travail en ateliers occupait neuf personnes ; en général, quelques dizaines au plus.
Le caïdat règne concernant certains secteurs (accès au téléphone). Par ailleurs, beaucoup d’effets circulent en détention de manière clandestine. Selon le parquet, en 2011, plus de 1 200 téléphones cellulaires ont été découverts.
Des photos sont également disponibles à cette adresse (pdf).