En 2011, tous les 3 jours, une femme tuée par son partenaire
La violence conjugale ultime est le crime conjugal. Si elle ne saurait résumer l’ensemble des violences faites aux femmes notamment au sein du couple (les cas sont parfois très spécifiques), l’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple pour l’année 2011 qui vient de paraître (pdf) permet d’en tirer quelques enseignements. Cette étude, très détaillée, a été conduite par la Délégation aux victimes du Ministère de l’Intérieur.
Au cours de l’année 2011, 146 personnes ont été tué-e-s par leurs conjoint-e-s ou ex-conjoint-e-s, soit 122 femmes et 24 hommes. Ce nombre est le plus faible enregistré ces dernières années, notamment concernant les femmes (il y’avait 166 femmes tuées en 2007). Peut-être un effet des campagnes mises en places ces dernières années.
Tous les trois jours une femme est tuée par son compagnon. S’il faut exclure les cas spécifiques que représentent l’euthanasie (soit une vingtaine de cas, mais il faut noter qu’une majorité écrasante des victimes sont féminines), on s’aperçoit que pour les hommes, la cause principale de passage à l’acte est le refus d’accepter la séparation (52 cas). Viennent ensuite la dispute (14 cas), la jalousie (13 cas) et la folie/dépression (12 cas).
Concernant les femmes auteures, dans 11 cas il s’agissait de disputes. Dans 5 affaires, les violences subies ont motivé le passage à l’acte (et dans un cas sur deux, elle avait été auparavant victime de violences).
Il y a eu 17 mort-e-s collatéraux (enfants, nouveau compagnon,…). Et 40% des auteur-e-s se sont suicidé-e-s après cet acte (et 14% ont tenté de le faire), ce qui est un taux très important en matière criminelle.
Au niveau Français, les taux sont particulièrement élevés dans certaines régions ultra-marines et en Corse. Par rapport aux autres pays européens, la France dispose d’un taux moyen (les pays de l’Est ont des taux assez important). Mais par rapport à ses voisins directs (Italie, Espagne, Royaume-Uni), la France affiche un taux supérieur. Pourtant l’Espagne, avec un nombre de crimes conjugaux plus réduit, a mis en place une politique plus ambitieuse en la matière. Un exemple à suivre.
Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple pour l’année 2011