L’OIP demande un moratoire sur la construction de nouvelles places de prison .

L’OIP demande un moratoire sur la construction de nouvelles places de prison et appelle à une remise à plat complète de la législation pénale et pénitentiaireParis, le 15 février 2006

Construction de nouvelles places de prisons et rénovation des établissements les plus vétustes sont les deux éléments de réponse du gouvernement français au rapport du Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe.

Prétendre répondre à la surpopulation par l’augmentation du parc pénitentiaire sans aucune remise en question du recours à l’incarcération constitue une imposture. Les plans de construction successifs depuis 25 ans auront abouti en 2008 à doubler les capacités d’accueil sans que les taux de densité carcérale ne diminuent. Les nouvelles prisons n’apportent aucune réponse aux dysfonctionnements récurrents du système carcéral français. Elles sont le théâtre de nombreux suicides, de mouvements collectifs de détenus comme de surveillants qui, à l’unisson, déplorent des conditions de vie et de travail considérablement dégradées.

Plus globalement, réduire la crise du système carcéral aux conditions d’hébergement révèle du même aveuglement coupable. L’indignité des prisons françaises provient essentiellement, pour Alvaro Gil-Roblès, du fait que les détenus sont privés de l’exercice de leurs droits les plus élémentaires. Le garde des Sceaux ne répond rien à l’arbitraire de la commission de discipline, aux conséquences désastreuses de l’isolement de longue durée, aux insuffisances dramatiques de l’offre de soins psychiatriques, à la chimère qu’est devenue la mission de réinsertion.

La désinvolture avec laquelle la France s’affranchit des dispositifs de protection des droits de l’homme est déshonorante pour notre pays. La reconnaissance et le respect des droits de l’homme ne sont pas facultatifs dès lors qu’il s’agirait des personnes détenues. Il s’agit là d’une exigence démocratique qui ne doit pas s’arrêter aux portes des prisons.

L’OIP demande un moratoire sur la construction de nouvelles places de prison et appelle à une remise à plat complète de la législation pénale et pénitentiaire. Alors que chacun s’accorde sur la nécessité d’une réforme du système judiciaire, il est patent que pour le garde des Sceaux le système carcéral doit être tenu à l’écart de toute réflexion critique. C’est pourtant la conviction aujourd’hui partagée par l’ensemble des acteurs de terrain. Tous se rejoignent pour considérer que la situation est critique et impose une réforme fondamentale devenue urgente.

Source/auteur : http://www.oip.org

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