Faut-il vraiment davantage de prisons ?
La France se trouve en fait dans une situation médiane dans une comparaison européenne pour le nombre de places par rapport à la population. Dans ce cas, la pertinence de la construction se pose.Le démographe Pierre-Victor Tournier vient de publier dans sa lettre hebdomadaire sur la question carcérale qu’il consacre cette semaine à la comparaison européenne du taux de places construites pour la population nationale.
Se basant sur les chiffres du Conseil de l’Europe, 1 821 000 places de prisons existaient au 1er septembre 2005 pour une population de 801 605 000, soit 22,7 places pour 10 000 habitants.
En France, il y a 8,15 places pour 10 000 habitants (métropole et DOM), c’est-à-dire un parc 2,8 fois moins développé que la moyenne européenne.
La France laxiste ?
Rassurez-vous : non. Dans les 46 pays du Conseil de l’Europe, il faut prendre en compte deux pays qui ont un très fort taux ce qui augmente la moyenne. Ce sont la Russie (près d’un million de places pour plus de 140 millions d’habitants) et l’Ukraine. Sans ces deux pays, la moyenne tombe à 11,6 places pour 10 000 habitants.
Pierre-Victor Tournier prend ensuite en compte les 15 pays économiquement et politiquement comparables. « Les taux sont les suivants : Grèce (5,04 places pour 10 000 habibants), Finlande (6,47), Norvège (6,90), Italie (7,34), Suède (7,52), Danemark (7,89), Belgique (8,10), France (8,15), Suisse (8,82), Allemagne (9,73), Autriche (10,1), Espagne (10,6), Portugal (12,1), Pays-Bas (13,6), Royaume-Uni (14,5). La France se trouve ainsi dans une situation médiane : 7 Etats ont moins de places et 7 en ont plus. »
Si l’on reporte les proportions en France, on aurait ainsi 47 200 places en prenant l’exemple suédois et 40 600 places pour la Finlande tandis que pour la Grande-Bretagne on devrait avoir plus de 90 000 places. Comme quoi, selon la stratégie choisie, on peut opter pour un développement du parc pénitentiaire, ou bien réduire ce parc tout en misant sur les alternatives.