CAHIER D'ACTEUR DEPOSE PAR LE GROUPE EELV DANS LE CADRE DU
DEBAT NATIONAL SUR LA TRANSITION ENERGETIQUE
« La transition énergétique est un impératif et une opportunité
bien plus qu’une contrainte » d’après l’Association des Régions de France,
une allégation sans appel que les écologistes dressent depuis toujours.
Changement climatique, épuisement des ressources d’énergie fossile et
d’uranium, factures d’énergie et précarité énergétique qui ne cessent
d’augmenter, déficit colossal et croissant de la balance commerciale dû aux
importations massives de gaz, d’uranium et de pétrole (près de 70 milliards
d’euros en 2012), risques socio-économique, technologique, sanitaire,
environnemental et géopolitique… sont autant d’enjeux qui pèsent sur nos
sociétés, autant de « contraintes » bien plus lourdes que la
transition énergétique.
Le débat national sur la transition énergétique constitue un
véritable débat de société. Derrière la transition énergétique, c’est bel et
bien de la transformation écologique de nos modes de vie, de production, de
consommation, de déplacement et d’organisation dont il doit être question. En
filigrane, le questionnement et l’évaluation de nos besoins sont en
jeu. Dès lors, la problématique de la transition énergétique ne peut
pas, ne doit pas être enfermée dans une dimension financière ou technique voire
technologique des débats, portant exclusivement sur le mix énergétique à
atteindre, ou pire, sur la recherche de solutions techniques miracles, symboles
de la fuite en avant de notre société. De plus, « cette transition
énergétique ne pourra pas fonctionner si elle laisse sur le bord du chemin ceux
de nos concitoyens qui ne peuvent faire face à l’augmentation des coûts »
indiquent très justement la Fondation Abbé-Pierre et l’UNIOPSS. La
transition énergétique sera sociale ou ne sera pas.
Le débat national sur la transition énergétique doit être l’occasion
d’apporter rapidement et durablement des réponses et des mesures concrètes,
cohérentes et ambitieuses, permettant à la France de respecter ses engagements
européens et internationaux et d’atteindre le Facteur 4. Pour cela,
c’est un véritable changement de braquet qui doit être impulsé à
l’issue du débat, et faute de moyens humains, techniques, et
financiers suffisants en faveur de la transition énergétique nous n’y
parviendrons pas.
La transition énergétique implique à ce titre la mobilisation de tous les
acteurs, l’Etat, les collectivités locales, les entreprises, les banques, les
associations, les ménages, … Elle nécessite enfin des objectifs
énergie-climat beaucoup plus ambitieux pour l’Union Européenne, une
mobilisation européenne sans atermoiement lors des négociations internationales
sur le climat, et des efforts industriels et de formation coordonnés de ses
Etats membres.
Si la France respecte aujourd’hui ses engagements au titre du Protocole de
Kyoto, il s’agit d’un résultat en trompe l’œil. D’après le récent rapport du
Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie ,
«l’empreinte carbone par habitant des Français a augmenté de 15% en 20 ans
si on prend en compte le solde des échanges extérieurs de GES » et
« le paquet climat-énergie européen (…) reporte de manière injustifiée les
efforts à plus tard » car il se base sur « un rythme faible de
diminution relative des émissions entre 1990 et 2020 (0,7% par an) puis un
rythme croissant de diminution de décennie en décennie pour imposer à nos
successeurs des années 2040 à 2050 un rythme insoutenable, sauf miracle
technologique (plus de 6% par an) ».
Ainsi, c’est dès maintenant qu’il faut agir en faveur de la
sobriété, de l’efficacité énergétique et des EnR. Pour ce faire, une réforme en
profondeur de notre fiscalité est indispensable. Il est grand temps de
passer d’une économie de la dette à une économie de la rente, de la résilience,
et de la véritable indépendance énergétique ! La transition énergétique
est une formidable opportunité de relancer la compétitivité de nos industries,
de créer des emplois non délocalisables, de libérer l’innovation sociale et les
projets de territoires, et de mobiliser les citoyens grâce à une politique
décentralisée, concertée, solidaire, et équitable. La transition
énergétique peut contribuer à une sortie de crise et doit être assumée comme
une alternative crédible et souhaitable aux politiques
d’austérité.