Dépeçage et nouveau report de l’écotaxe poids lourds, les symptômes d’un Etat obnubilé par la route
Par nicole rouaire le mardi 29 octobre 2013, 17:33 - Voeux, discours, communiqués - Lien permanent
COMMUNIQUE DE PRESSE DES ELUS REGIONAUX EELV DU 29 OCTOBRE
2013
Autoroutes à péages exclues du dispositif, routes nationales non imposées pour plus de la moitié d’entre elles, routes locales taxées au plus petit dénominateur commun -0,5% du réseau routier local concerné- , véhicules agricoles non concernés par l’écotaxe poids lourds, abattement de 50% sur le taux kilométrique de la taxe en Bretagne, de 30% en Midi-Pyrénées et Aquitaine, exonération des véhicules de collecte de lait, etc., que reste-t-il de l’écotaxe poids lourds votée en 2009 par le Parlement au sortir du Grenelle de l’Environnement et dont la mise en application vient d’être repoussée pour la sixième fois ? Plus grand-chose à force de la détricoter et d’être un peu de l’avis de tout le monde !
Sous la pression des lobbies, les ministres des Transports et de l’Agriculture et le Premier Ministre, J.M Ayrault, viennent une nouvelle fois de courber l’échine et peut-être même de signer l’arrêt de mort (volontaire ?) de l’écotaxe poids lourds, dont la constitutionnalité pourrait être remise en question.
Ainsi, l’énième dépeçage à prévoir et le nouveau report de l’écotaxe poids lourds constituent les symptômes supplémentaires de l’addiction de l’Etat et de la majorité des élus « au tout-routier », une addiction anachronique, au détriment du rail et du fret ferroviaire et fluvial qui devaient bénéficier des recettes de cette taxe. Quid de leur financement, de leur pérennisation et de leur modernisation dans nos territoires ?
Malheureusement, l’écotaxe poids lourds est le symbole d’une fiscalité écologique traitée par-dessus la jambe, à bâtons rompus, et sans aucune pédagogie par les gouvernements successifs.
Force est de constater qu’aujourd’hui cette taxe n’est plus lisible, qu’elle sera probablement inefficace, alors qu’initialement elle était susceptible de favoriser la relocalisation de l’économie, l’emploi dans nos territoires, et le report du transport de marchandises de la route vers le rail. Autrement dit des objectifs louables dans un monde qui marche sur la tête, où il est désormais encouragé de faire parcourir par exemple plus de 9 000 kilomètres à un pot de yaourt et plus de 12 000 à un steak pour les retrouver dans votre assiette ! Il est d’ailleurs bien triste d’entendre ces derniers jours la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs, et bien d’autres pseudos défenseurs du monde agricole, faire implicitement l’apologie d’un tel modèle, dont l’impasse économique, sociale, et environnementale n’est plus à prouver.