Monsieur le Président, mes chers collègues,
« Nous donnons l’impression de ne plus porter un projet politique.
Bien sûr être de gauche, c’est bien gérer l’argent public, maîtriser dettes et
déficits. Mais aujourd’hui le moyen est devenu le but. Le cap est devenu une
succession de courbes et de chiffres, 50 milliards, 41 milliards, 3%... Les
Français ne voient plus à quoi servent leurs efforts ».
Oui Monsieur le Président, vous avez raison d’être enfin
sorti du bois vis-à-vis de la politique du gouvernement, en cosignant la
contribution de Martine Aubry à laquelle je viens de faire référence et en
dénonçant « les vieilles recettes libérales, les reculs dont l’effet
sur l’emploi est au mieux insignifiant, au pire inexistant. »
L'effet pour les collectivités est catastrophique, elles qui réalisent 70%
de l’investissement public et à qui l’Etat ponctionne sans discernement 17
milliards d’euros de recettes au total sur la période 2015-2017, dont
440 millions par an aux Régions, elles qui ne représentent pourtant qu’1% du
déficit de la France, elles qui subissent des transferts de charges
mal compensées, et dont l’autonomie financière est réduite à la portion
congrue, la faute à une réforme fiscale d’envergure passée aux
oubliettes.
Oui Monsieur le Président, « pour ne pas faire
rimer baisse des dotations et paiements en cessation », comme le souligne
l’ARF, les Régions ont besoin de moyens financiers et de leviers fiscaux en
cohérence avec leurs compétences principales, à commencer par les Transports,
faute de quoi nous continuerons de foncer un peu plus chaque jour dans le mur
en assistant à l’abandon, l’incurie et le sous-investissement de l’Etat
en faveur du Rail. En témoignent encore dernièrement les
tergiversations, les maladresses et les faux-fuyants autour du versement
transport interstitiel dont les recettes auraient pu bénéficier dès janvier
2015 aux Régions, et d’autre part, les montants inacceptables
pressentis pour l’Auvergne dans le cadre du CPER.
Avec des montants aussi faibles et la priorité donnée à la route,
notre Région risque de devenir rapidement un cul-de-sac
ferroviaire.
Oui Monsieur le Président, vous avez également raison de
déclarer dans la Montagne « qu’il faut aider les entreprises qui
s’engagent pour l’emploi et pour l’innovation, pas pour celles qui distribuent
des dividendes ». Dès lors, une question se pose : pourquoi
n’entendez-vous pas votre majorité quand elle tient le même discours et passe
des paroles aux actes ?