logo grenelleAprès tout le tintouin médiatique du Grenelle - oups pardon des Grenelles (environnement, forêt, mer, ondes…) - le peuple français sentait venir la révolution écologique à plein nez. Les grands industriels frissonnaient devant tant d’émois. Le « New Deal » écologique allait remettre la France des Lumières sur les chemins de l’Histoire et lui redonner la grandiloquence et la prestance qu’elle mérite.

Aujourd’hui le vert s’obscurcit. Il tendrait même parfois vers le noir. A moins que les écolos ne soient daltoniens, c’est une tare comme une autre effectivement, qui ne nous a pas encore été reprochée. La quête de prestance s’est commuée en arrogance. Parfois même en insolence.

En pleine campagne présidentielle - à moins que nous soyons aveugles également - Nicolas Sarkozy est allé rencontrer « la famille » la semaine dernière. La famille des transporteurs routiers à laquelle appartient l’entreprise LTR Vialon basée à la Fouillouse.

En bon père de famille, il a rassuré, complimenté, dorloté ses petits. Mieux, il s’est constitué partie civile face « à l’intolérance et le sectarisme » des Brigades Vertes. Le transport routier est irremplaçable a-t-il plaidé. Le report modal vers les transports ferrés et fluviaux ne se fera pas au détriment de la famille a-t-il assené.

Mieux encore, le transport routier n’est pas l’ennemi de l’environnement. A l’aide d’une arithmétique poignante, le Président s’est fait l’avocat cette fois-ci des 44 tonnes : plus ils sont gros, moins ils sont nombreux, bien entendu ! Il convient donc rapidement de les généraliser au-delà du seul transport de marchandises agricoles. A la clé, moins de congestion, moins de pollution, de stress, … bref, les 44 tonnes sont des concurrents écolos sérieux auxquels nous n’avions pas pensé.

Notre tartuffe est vraiment plein de surprises. Il nous déstabilise chaque jour un peu plus et ses diatribes alimentent notre remise en question quotidienne. C’est vrai que nous manquons cruellement d’humanisme et de pragmatisme, et c’est à nous que la science et la technique échappent. « Le jour où il n’y aura plus que des jardins publics dans nos villes, comment on fera vivre nos familles ? Et comment on trouvera de l’emploi ? ». Ca aussi ça nous avait échappé !

Ce qui ne nous a pas échappé en revanche, ce sont bel et bien les statistiques parlantes suivantes : le Grenelle ambitionnait d’élever la part modale des transports non routiers et non aériens de 14% en 2006 à 25% en 2022. En 2009, la part du ferroviaire et du fluvial avaient pourtant déjà baissé de 2 points… Pas sûr que les constructions d’autoroutes officielles ou déguisées, le report de la taxe poids lourds, le refus d’appliquer la TIPP aux carburants des vols intérieurs, le report des obligations de normes d’émissions polluantes… contrecarrent ces tendances lourdes de sens.

Salut Grenelle, Ya Basta !