La Session du jour portait exclusivement sur l'actualisation du Schéma
régional d'aménagement et de développement durable du territoire, le SRADDT,
sur lequel le groupe s'est abstenu, compte tenu des orientations en matière de
transport extrêmement négatives, fatalistes et soumises. Le PS et le Front de
Gauche ont voté pour.
Monsieur le Président, mes chers collègues,
Le redécoupage territorial griffonné à la hâte sur un coin de table trop
parisien ne correspond pas aux attentes des Auvergnats. L’enquête d’opinion
menée auprès d’eux dans le cadre de l’actualisation du SRADDT l’atteste :
82% des Auvergnats considèrent, comme nous, que la coopération avec les
régions limitrophes de l’Auvergne est LA priorité. Ils sont même 91% à
plaider pour une coopération renforcée avec les régions du Massif Central et
61% à estimer que la fusion n’est pas une priorité.
L’approche technocratique et brouillonne du gouvernement n’a pas séduit les
citoyens, c’est le moins que l’on puisse dire. Le gouvernement, les
parlementaires et les élus socialistes, du Conseil régional d’Auvergne
notamment, ne peuvent pas rester autistes face à cela. Vous n’avez pas
le droit d’agir et de faire des déclarations, à commencer par le préambule de
ce SRADDT, comme si tout était cousu de fil blanc, comme si la réforme était
déjà entérinée !
Au nom du groupe écologiste, je souhaiterais vous rappeler une chose :
cette réforme n’est pas encore adoptée, elle est même loin d’être adoptée,
alors sachons tous ensemble raison-garder et ne pas mettre une fois de
plus la charrue avant les bœufs. Sachons écouter nos concitoyens.
Ceci étant dit, l’enquête d’opinion réalisée auprès des Auvergnats dans le
cadre de l’actualisation du SRADDT est particulièrement intéressante, elle tord
le cou à un certain nombre d’idées reçues et doit amener les élus et
les principaux décideurs d’Auvergne à repenser le développement de notre
territoire.
Oui Monsieur le Président, vous aviez raison en 1999 de déclarer, lorsque
vous étiez dans l’opposition à l’époque et qu’il s’agissait de débattre du
SRADDT soumis par VGE, je vous cite « Si nous voulons que nos
territoires vivent, il faut aussi penser leur développement de façon
radicalement différente de celle qui est à la base du modèle culturel dominant
». Les résultats de l’enquête d’opinion corroborent vos propos,
ils constituent une piqûre de rappel, et surtout, ils forment un plaidoyer
incontestable en faveur du développement durable sur notre
territoire.
98% des Auvergnats placent en effet l’environnement (la biodiversité, les
ressources, les paysages…) comme le premier point fort de notre Région, suivi
de la qualité et du cadre de vie. Ils sont 85% et 79% à voir dans la protection
de l’environnement et la transition énergétique des priorités pour l’avenir de
l’Auvergne, devant le numérique et la recherche notamment. C’est important de
l’avoir en tête.
La mobilité, les moyens de transport constituent également la 2ème priorité
pour 94% des Auvergnats, juste derrière l’emploi, juste devant l’économie
régionale. Les Auvergnats, en particulier les jeunes qui se sont largement
exprimés en ce sens, sont particulièrement mécontents des infrastructures et de
l’offre de transport dans notre région. Ils attendent de nous, des élus du
territoire, non pas que nous courbions l’échine et que nous donnions notre aval
à la fermeture des lignes de chemins de fer, comme entre Clermont-Ferrand et
Ussel il y a quelques jours, celles du Mont Dore ou de l’Aubrac peut-être
demain, mais au contraire, ils attendent une mobilisation collective, une
bataille politique générale pour le développement de l’offre de transport
ferroviaire, les transports en commun en ville, le fret.
Les attentes des Auvergnats sont aussi les nôtres.
La question est donc la suivante : le SRADDT actualisé répond-il à ces
attentes ou se place-t-il au-dessus ?
En matière de transport, force est de constater que nous sommes
malheureusement loin du compte, très loin du compte. Voilà pourquoi nous
n’approuverons pas ce schéma aujourd’hui en nous abstenant. Si un vote
par division avait été possible, nous aurions d’ailleurs voté contre la partie
qui concerne les transports et pour les autres axes du SRADDT, malgré un
certain nombre de réserves.
Rappelez-vous de vos déclarations Monsieur le Président en 1999 :
« la population attend autre chose que le catalogue bien connu des
routes et autoroutes à réaliser. Quelle place à 15 ans voulons-nous donner au
chemin de fer, tant dans les liaisons interrégionales
qu’intra-régionales ? N’est-il pas temps d’en faire une priorité ?
». Bien sûr que si ! Vous semblez avoir changé d’avis, pas
nous !
L’orientation 4 sur les mobilités est négative, fataliste, mais comment
pourrait-il en être autrement lorsque l’on part du double postulat,
complètement surréaliste, qu’en matière de TER « il devient urgent
d’intégrer la durabilité financière comme le critère prioritaire de sélection
des investissements à venir » et que sur l’agglomération clermontoise le
réseau de transport urbain « est déjà bien développé » ?
Comment ne pas envisager dans le SRADDT un seul instant un changement
d’orientation radical de l’Etat sur la politique des transports, sur son
financement, son organisation ? Comment peut-on se mettre en colère et
reprocher à RFF et à la SNCF d’appréhender la question des déplacements
uniquement sous l’angle de la rentabilité, si la Région adopte au bout du
compte le même discours ?
Avec une telle approche, complètement soumise et à côté de la
plaque, c’est une croix qui est faite sur les territoires à faible densité de
population. C’est aux oubliettes que l’enjeu primordial de l’aménagement juste
et équilibré du territoire est passé. Et c’est enfin, malgré l’augmentation
durable du prix de l’énergie, l’acceptation complète du diktat de la route, des
compagnies aériennes low-cost et le développement sans complexe d’une
fumisterie, celle des bus, que vous qualifiez de bus à haut niveau de service
pour vous rassurer, et qui pourtant, de la façon dont c’est envisagé dans le
SRADDT, viendront concurrencer nos lignes inter-régionales voire régionales et
précipiter toujours plus la casse de notre réseau ferroviaire.