Monsieur le Président, mes Cher-e-s collègues,
Ce schéma régional Climat Air Energie constitue un élément majeur dans notre politique régionale car il concerne et tente d’apporter une réponse aux deux menaces principales qui pèsent sur nos sociétés : la dérive du climat d’une part, la fin du pétrole et du gaz d’autre part, et donc c’est suffisamment important pour qu’on n’en fasse pas un débat annexe.
Il s’agit d’un bon travail de synthèse et surtout c’est l’affichage d’une forte ambition, d’une bonne ambition, d’une ambition nécessaire : réduire notre dépendance aux énergies fossiles. Et au cœur de cette ambition se trouve la volonté de réduire notre consommation énergétique. Il n’y aura pas de bonne réponse durable, il n’y aura pas de possibilité d’atteindre les objectifs affichés au-delà de 2020, si nous ne réussissons pas à réduire fondamentalement notre consommation d’énergie. Je voudrais simplement prendre un exemple pour faire comprendre les trois leviers qui me paraissent nécessaires pour aboutir à ce résultat.
Je prendrai l’exemple de la voiture. Aujourd’hui, un français moyen, admettons, utilise une voiture qui fait à peut près 18 000 kms / an et consomme à peu près 6 l/100 kms. Si l’on veut atteindre l’objectif de 4 fois, il faut utiliser un véhicule qui consomme deux fois moins et qui roule deux fois moins : 2×2 = 4. Mais que cela signifie-t-il ? Investissements dans l’innovation écologique pour faire des véhicules qui consomment moins, investissements publics pour permettre le transfert du déplacement individuel sur le déplacement collectif et en particulier dans l’investissement ferroviaire. Cela suppose aussi des choix politiques en termes d’aménagement du territoire pour réduire les besoins de déplacements, par exemple entre l’habitat et le travail et l’habitat et les services, et puis cela suppose évidement aussi une évolution culturelle du consommateur, à la fois pour qu’il accepte de prendre une voiture de petite dimension et qu’il accepte bien évidement de prendre le train plutôt que d’utiliser sa voiture.
Pour cette réduction, nous avons néanmoins deux défis, pour lesquels le schéma n’apporte pas de réponse et sur lesquels il nous faudra réfléchir. La première elle concerne la rénovation du bâti ancien. Le schéma indique fort justement que si nous voulons à terme aboutir, il faudrait rénover 19 000 logements par an, ça veut dire à peu près 40 années d’investissement. Le problème est que nous ne savons pas à l’heure actuelle quels sont les moyens financiers que nous allons injecter pour aboutir à ce rythme-là. Voilà un champ entier en tous cas sur lequel nous devons nous pencher. Je rappelle que le bâti représente 35 % de la consommation énergétique.
Et puis il y aussi la nécessité de faire des choix en matière de déplacements motorisés au bénéfice des choix alternatifs. On le voit bien, au travers du GCO, mais aussi bien d’autres opérations, les choix qu’il faut effectuer et le courage qu’il convient de développer dans ce domaine.
Ambition aussi en matière de développement des énergies renouvelables. 26 %, c’est bien au-delà de ce qui nous est demandé au niveau européen, c’est très bien nous pouvons que souscrire. Le développement néanmoins ne doit pas se faire n’importe comment, mais en devant intégrer l’ensemble des facteurs environnementaux, en particulier les préoccupations paysagères, de cadre de vie, de biodiversité, et d’économie de foncier. Je crois qu’il y a un plein accord sur les priorités qui sont affichées : priorité au solaire, priorité à la biomasse, priorité à la géothermie profonde.
Sur cette question-là notamment, j’ai parfois du mal à comprendre que nous n’ayons jamais réussi à dépasser le prototype de Soultz-Sous-Forêts, nos avons maintenant dans ce domaine une expérience. Pourquoi d’autres projets n’ont jusqu’à présent pas réussi à émerger ? Je crois que là il y a, en l’état actuel des choses, une source d’énergie qui parait abondante et qui surtout n’a semble-t-il aucun effet sur l’environnement.
Reste le schéma éolien[1]. Le cocktail énergétique que nous devons développer doit répondre au tempérament de chaque région. Or je crois que l’Alsace n’est pas très favorable à l’utilisation du vent. D’abord parce que le vent est essentiellement localisé sur les crêtes où se situe la nature, dans des espaces, qui, au sommet des Vosges, jouent une fonction sociale évidente, qui est de fournir une respiration par rapport à la densité de population que nous avons dans le fossé rhénan, et qui est incompatible avec la création de zones industrielles même dédiées au vent. En plaine, l’absence de vent exige des aérogénérateurs de plus de 100 m pour être rentables, c’est-à-dire un impact considérable que les bénéfices énergétiques ont du mal à justifier.
J’ai eu l’occasion, au moment de la concertation, de transmettre un certain nombre de demandes. Je constate qu’elles n’ont pas été prises en compte, et en particulier quelques exigences : la première, comme chez nos voisins, est d’appliquer une distance minimale entre les aérogénérateurs et les habitations de 2 km. Ou en tout état de cause, si on réduit cette distance, de réduire dans les mêmes proportions la hauteur des mâts que l’on met en œuvre.
Cela aboutit par exemple au fait que le Sundgau parait éligible, ce qui est absurde quand on connaît la densité des villages, quand on sait que finalement, de chaque village on voit le clocher voisin. Si vous installez là, alors que nos clochers font 25 m de haut, cinq mâts de 100 m de haut, vous voyez à peu près ce que cela peut donner. Même chose de vouloir intégrer des éoliennes dans un des plus beau paysage du Haut-Rhin qui est l’arrière-pays de Rouffach au-dessus du vignoble
Avec ces réserves, nous voterons le Schéma Régional Climat Air Energies. A titre personnel, je vote le SRCAE mais je n’y ajoute pas le plan éolien car je pense qu’il doit encore évoluer. Ce n’est pas une position dogmatique mais une volonté de voir l’impact de ce schéma considérablement réduit. Merci chers collègues.
[1] En Italique, ce qui ne concerne que le positionnement d’Antoine Waechter et non l’ensemble du groupe