BP 2013 : interventions économiques

21 décembre 2012

Intervention d’Antoine Waechter

Monsieur le Président, cher-e-s Collègues,

L’économie, au sens étymologique a d’abord pour fonction de couvrir nos besoins, si nécessaire par l’échange, ce qui suppose de produire des biens et des services à échanger, de gérer de manière durable nos ressources, et aujourd’hui d’assurer la transition écologique de l’appareil productif, et enfin de permettre à chacun de contribuer à l’effort collectif de production pour accéder à une rémunération.

Sur ce point, je reste dubitatif sur la capacité de réduire le chômage au niveau régional, car à l’évidence, les résultats sont les mêmes d’une région à l’autre, quelle que soit la majorité à l’œuvre. L’économie n’est pas une science exacte : c’est d’abord un discours, teinté d’idéologie et de méthode Coué. Je n’aurai donc pas la prétention de donner des leçons à ce sujet. L’analyse des évolutions (que nous a présentées François Loos) montre un décrochement des courbes du chômage et de la richesse. Le PIB régional en effet a augmenté de 60% en 20 ans avec une stabilité depuis 2007 autour d’un taux élevé, au regard des PIB européens et a fortiori mondiaux. Dans le même temps, le chômage est passé de 5% des actifs en 1991 à 9 % en 2010, sans linéarité cependant. L’une des clés de la réponse au chômage se situe dans cette question : comment se fait-il que le chômage augmente (+80%) quand la richesse collective augmente (+60%), je n’ai pas la réponse, mais elle mérite d’être recherchée.

En matière d’accompagnement des entreprises, nous plaidons l’absence de subventions, sauf pour les entreprises d’insertion et d’emploi des handicapés. Toute production doit trouver ses clients et sa viabilité financière. Nous prônons une intervention sous la forme :

  • d’une garantie facilitant l’accès à des prêts bancaires à taux favorables (c’est mis en œuvre) ;
  • de prêts à taux zéro (c’est mis en œuvre) ;
  • de prise de participation temporaire dans l’actionnariat des moyennes entreprises lorsque cette mesure permet de passer une phase difficile ; démarche permettant, par ailleurs, de suivre au plus près les stratégies de redressement de l’entreprise.

L’attribution d’importantes sommes à des multinationales largement bénéficiaires nous à heurté, le dernier exemple savernois étant caricatural : 200 000 euros à une filiale sans salarié, après deux attributions successives d’une somme identique, et ceci en dehors de tout critère sélectif.

L’aide à l’export, par l’intermédiaire des chambres de commerce et d’industrie, ne donne pas les résultats attendus. La balance commerciale de l’Alsace est déficitaire depuis 2010. Le sentiment qui se dégage de ce bilan est que la CCI s’oblige au niveau des moyens, pas au niveau des résultats. Nous avons à faire un audit du choix des entreprises mobilisées au regard des marchés extérieurs visés, mais aussi de la structure de notre tissu économique au regard des objectifs d’exportation.

Malgré une réorientation déjà ancienne des aides, les TPE, qui représentent une part essentielle de l’emploi, ne sont classiquement pas dans notre ligne de mire. Elles sont des acteurs potentiels d’un autre aspect possible de la stratégie économique : le circuit court. Admis pour l’économie agricole, et nous aidons dans ce sens, les circuits courts méritent aussi d’être développés dans les secteurs industriels, ce qui suppose des entreprises de taille adaptée à un marché de proximité, à côté de celles que nous poussons pour l’exportation. Ces circuits locaux présentent l’avantage de se déconnecter plus facilement de la compétition mondiale et de faire l’économie d’intermédiaires et de transport. Reste évidemment à donner à ce concept une traduction concrète, qui nous oblige sans doute à revoir en partie notre culture économique.

Le commerce fait l’objet d’une opération collective de modernisation. Politique sans doute utile, modeste, d’investissement dans un secteur éminemment labile. Le petit commerce a non seulement un rôle économique (18% de l’emploi salarié, 11 % de la valeur ajoutée), il a aussi un rôle majeur dans l’animation des centres villes. Or, après la tentative, à l’époque de Jean-Pierre Raffarin, de maitriser l’expansion de grandes surfaces commerciales, les vannes sont  à nouveau ouvertes. Il est urgent d’élaborer un Schéma Régional de la cohérence commerciale si nous ne voulons pas voir s’étendre une américanisation du territoire où des zones à fonction résidentielle unique et des centres morts côtoient de très grandes surfaces commerciales périphériques.

Nous avons manifesté notre opposition au financement de la voiture électrique pour les particuliers, considérant qu’en l’état du prix et de l’autonomie réduite des véhicules, cet avantage ne s’adressait qu’à une tranche aisée de la population sans réduire substantiellement l’impact de la mobilité individuelle, qui ne se situe pas exclusivement dans la pollution atmosphérique.

Notre souci d’une bonne utilisation des fonds publics et d’une politique économique efficiente nous conduit aujourd’hui à ne pas approuver ce chapitre budgétaire.

Merci de votre attention.

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