Intervention liminaire d’Antoine Waechter
Monsieur le Président, chers collègues,
Je pense que cela ne vous étonnera pas, nous nous réjouissons de la position du Gouvernement en matière de choix d’infrastructures. Car cette décision est à la fois pragmatique, intelligente et qu’elle relève d’un vrai choix politique.
Pragmatique tout d’abord car il s’agit de faire ce qui est possible avec les moyens qui sont aujourd’hui ceux du pays. On ne peut pas tout à la fois s’appuyer sur la Cour des Comptes pour dire « il faut maîtriser les comptes de la Nation », on ne peut pas à la fois dire « il faut désendetter le pays » et tout en même temps demander que le pays dépense dans de grandes infrastructures. Le désendettement de ce point de vue est autrement plus déterminant pour l’avenir de notre économie et la courbe du chômage, que les gros investissements qui étaient envisagés et qui pour l’essentiel d’ailleurs ne font travailler que de très grosses entreprises et ne créent pas nécessairement beaucoup d’emploi.
Intelligente car elle est fondée sur ce qui devrait être l’essence même de tout choix en matière d’investissement, c’est-à-dire un bilan entre le coût et les avantages. Si l’on prend simplement le cas de la deuxième tranche de la LGV Rhin-Rhône pour ce qui est des 35 kilomètres haut-rhinois, il faut bien reconnaître que dépenser 850 millions d’euros pour gagner quelques minutes n’a pas beaucoup de sens. Si nous avons vraiment de l’argent à placer dans des infrastructures, ce qui me paraît autrement plus déterminant aujourd’hui, ce serait l’investissement dans la troisième voie entre Strasbourg et Mulhouse, car cela permettrait de réactiver certaines gares où les trains ne s’arrêtent plus aujourd’hui. Et puis surtout, elle est intelligente car elle est en cohérence avec les politiques de développement durable. Dans les coûts, ne serait-ce que de la LGV, que l’on évoque, il y a aussi la consommation foncière, les forêts que l’on tranche, le passage dans un site Natura 2000. La cohérence exige effectivement de faire des choix.
Et puis, c’est aussi un choix politique, un choix politique que nous approuvons complètement, quand Monsieur Pepy, le directeur de la SNCF annonce qu’il va placer les moyens sur le développement du « train du quotidien ». C’est plus déterminant en matière de politique dans la lutte contre la dérive du climat, c’est aussi plus proche des gens et, si vous me permettez le terme, du peuple d’une certaine manière. Et nous sommes heureux d’apprendre que l’électrification de la liaison Belfort-Paris par Troye est engagée. Cela signifie aujourd’hui et c’est finalement un constat que la Commission a fait, à savoir que, d’une part, on a un peu trop sous-estimé ces trains qui desservent le quotidien à la fois dans la région parisienne où l’on sait bien qu’une partie du réseau est surchargé, mais aussi ces liaisons où il n’y a plus eu d’investissement depuis des décennies, sans compter, ce qui est également souligné, l’entretien de l’ensemble du réseau qui a été développé et qui n’a pas suivi.
Je rappelle d’ailleurs que l’Alsace n’est pas oubliée puisqu’il va y avoir un investissement dans les nœuds ferroviaires de Strasbourg et de Mulhouse. C’est servir le quotidien, c’est améliorer le fonctionnement de l’ensemble.
Nous sommes la seule petite région accessible par 2 TGV et 3 autoroutes. Cela n’a pas empêché le chômage de monter, cela n’a pas empêché la situation de se dégrader. Alors aujourd’hui je vous propose de cesser de geindre, de cesser d’adopter la position de la victime, de l’enfant gâté qui réclame dans l’inconscience du possible.
Notre destin est nécessairement solidaire de celui du pays. Le pays est engagé dans le désendettement. Nous devons accepter de participer à cet effort. Mes collègues interviendront sur les autres thèmes mais je souhaitais, Monsieur le Président, intervenir sur ce point qui me paraît essentiel aujourd’hui.