Intervention d’Antoine Waechter
Monsieur le Président, cher-e-s Collègues,
Quel est le sens de notre politique ? L’objectif qui doit être le nôtre au-delà du service apporté à nos concitoyens, est de favoriser le transfert de la route vers le rail :
- pour réduire l’impact multiforme de la mobilité motorisée ;
- pour répondre à l’accroissement des coûts de l’énergie ;
- pour réduire nos consommations d’énergie fossile et conséquemment notre déficit de la balance commerciale et nos émissions de gaz à effet de serre.
La politique des TER est exemplaire mais l’investissement ferroviaire reste en deçà de ce qu’il serait nécessaire pour atteindre l’objectif précité.
Nous savons que les infrastructures sont insuffisantes pour accueillir l’accroissement souhaité de l’usage du train. Il est de ce point de vue plus utile d’achever la troisième ligne ferroviaire sur l’axe Strasbourg – Mulhouse et d’envisager la réouverture de lignes fermées dans les années 50 ou 60 que de mettre des dizaines de millions d’euros dans une 2e phase du TGV Rhin-Rhône.
Nous ne cesserons de critiquer l’obsession de créer des lignes à grande vitesse au détriment de nos paysages et de nos espaces naturels et agricoles mais aussi au détriment des liaisons intercités. Les 25 M€ placés dans les TGV (36 % de l’investissement transport) ne sont pas disponibles pour la revitalisation des lignes secondaires.
Je regrette que cette assemblée n’ait pas voulu une motion en faveur du maintien des liaisons corail avec Paris et Lyon.
Le TGV est un bon outil pour favoriser le transfert du transport aérien et autoroutier sur le rail. Mais chaque investissement doit faire l’objet d’une évaluation coûts / avantages. Les choix réalisés sous l’ère Zeller garantissait l’optimisation des investissements.
Inscrire aujourd’hui 705 000 € sur la relance du trafic aérien n’est pas cohérent. Cette inscription donne le sentiment d’une absence de stratégie durable. L’engagement du schéma régional des mobilités permettra peut-être de fonder une conférence, mais cela nécessitera des arbitrages.
Nous ne sommes pas opposés au principe d’une desserte ferroviaire de l’Euroairport. Mais nous vous invitons, dans le choix de la solution, de privilégier le projet qui assure le meilleur rapport efficacité / coût : 250 M€ pour 15 ou 20 % des usagers en première analyse, c’est un mauvais rapport alors qu’une solution moins couteuse existe.
Le fret ferroviaire est en panne. Nous avons aussi à nous engager sur ce thème. 50 000 € n’y suffiront pas.
Enfin deux projets routiers suscitent des interrogations.
La déviation de Chatenois : d’accord sur le principe, mais le choix d’une 2×2 voies dans un site sensible doit être révisé au bénéfice d’une solution assurant la meilleure intégration. Dès lors qu’elle contribue au financement, la Région doit s’intéresser aux conditions techniques de réalisation. Nous avions pris position pour une 2 fois une voie, accompagnée des aménagements qui assureraient son innocuité environnementale.
La rocade sud de Strasbourg qui a suscité un avis défavorable du Conseil National de Protection de la Nature : les coûts environnementaux notamment dans l’un des meilleurs secteurs résiduels pour le hamster justifie la recherche d’une autre solution.
En conclusion :
- nous soutenons les efforts dans le TER ;
- nous demandons davantage d’ambition dans le redéploiement du ferroviaire ;
- nous n’adhérons pas à la politique des deuxièmes tranches TGV ;
- nous demandons que la politique des mobilités trouve sa cohérence dans un objectif de réduction des impacts fonciers, environnementaux et sociaux ;
- nous ne soutenons pas la rocade sud de Strasbourg.
Pour ces raisons, nous ne voterons pas le budget transport, un vote négatif nuancé qui marque la différence avec ce que serait une politique écologiste.