Énergie Partagée est présent en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour soutenir les projets citoyens d’énergies

Un mouvement d’appropriation citoyenne de l’énergie est en marche en Europe. En France, les premières centrales de production d’énergies renouvelables maîtrisées et financées par plusieurs milliers de citoyens sont sorties de terre.
Grâce à son exceptionnel potentiel en ressources renouvelables, la Région Provence-Alpes-Côtes d’Azur est un territoire propice à la participation des citoyens et des collectivités à la transition énergétique.
Avec le soutien du Conseil régional PACA et s’appuyant sur trois premiers partenaires locaux Energ’éthique04, le GERES, et Enercoop PACA, un animateur Énergie Partagée est désormais à disposition près de chez vous pour apporter conseils et assistance aux porteurs de projets et répondre à tous ceux qui se posent des questions sur l’opportunité et la faisabilité de ces projets innovants.
>> Votre contact Energie partagée en PACA :
Photo Arno Foulon
 
Arno Foulon
28 boulevard National – 13001 Marseille
Tel : 06 63 92 49 62

Email et skype : 
arno.foulon@energie-partagee.org
 

Oui à la biomasse, non aux projets démesurés EON et INNOVA

J’ai eu l’occasion de porter la parole du groupe en dernière séance plénière du Conseil régional du 25 avril dernier sur le Rapport 18 – Plan d’actions régional 2014-2018 pour l’avenir de la forêt régionale, son développement économique et sa valorisation.

« En assemblée plénière du 21 février 2014, le Conseil régional a voté une Motion déposée par le groupe EELV-Poc demandant au Gouvernement un « moratoire sur la mise en service des centrales de Gardanne et Brignoles, en attendant l’élaboration et l’approbation de plans d’approvisionnement durables » et  « des engagements précis pour préserver la filière bois-énergie locale ».

Notre amendement aujourd’hui porte une demande simple et claire : celle d’être cohérent avec nos votes précédents et d’en assurer un suivi en ne laissant pas lettre morte nos vœux. Dès lors, pourquoi ne pas faire référence à ce vœu dans la délibération pour l’avenir de la forêt régional ? C’est pour nous incompréhensible.

La pérennisation de la ressource forestière passe inévitablement par la prise en compte des centrales de Gardanne et Brignoles. Rappelons que les plans d’approvisionnement de ces projets prévoient pour 2015, outre l’utilisation de déchets de bois et déchets verts, un besoin de l’ordre de 500 000 tonnes/an de ressource forestière locale. Ces projets risquent donc de déséquilibrer un marché et des filières encore fragiles, voire d’anéantir les efforts consentis par la puissance publique, notamment la Région, au cours des dernières années. Comment l’ignorer dans cette délibération ?

Le plan d’actions régional proposé prévoit une organisation professionnelle de la filière bois, elle est bien sûr urgente et nécessaire. Elle est un préalable pour faire face à de tels projets démesurés. »

Notre amendement a bien été voté apres moults hésitations des autres groupes politiques!

Pour en savoir plus sur ce sujet : http://paca.elus-ecologistes.fr/mobilisations/8297-oui-a-la-biomasse-non-aux-projets-demesures/

 

Appel à bénévoles pour le programme Pastoraloup d’aide aux bergers!

Consciente des difficultés rencontrées par l’élevage en zones de présence des grands prédateurs, l’association FERUS a mis en place, sur la problématique du loup, un programme de soutien appelé pastoraLoup. Ce programme basé sur l’éco-citoyenneté propose une aide complémentaire aux éleveurs et bergers dans la protection de leurs troupeaux.

Afin de réduire les dommages et la vulnérabilité des animaux domestiques, il s’agit pour les personnes bénévoles sélectionnées de renforcer la présence humaine auprès du cheptel et participer aux divers travaux pastoraux nécessités par la présence du loup.
L’association manque de bénévoles pour la saison d’estive à venir.

Pour d’avantage d’information sur pastoraLoup, vous pouvez contacter Julie Bonnet au 07.86.20.18.80, par mail à l’adresse suivante : pastoraloup@ferus.org ou encore consulter les bilans d’activité des saisons précédentes en cliquant dessus :
http://www.ferus.fr/benevolat/pastoraloup

Je l’ai fait, je confirme : c’est une expérience FANTASTIQUE!!!!!

Les ressources génétiques agricoles, enjeu de sécurité alimentaire

Bruxelles, 8 avril 2014

Discussion passionnante aujourd’hui au Comité des Régions à Bruxelles sur la diversité génétique des ressources agricoles et la législation semence qui encadre la production et mise sur le marché de « matériel productif végétal ».

La Commission a pris ce sujet à bras le corps, a fait des ouvertures dans le règlement semence mais l’architecture reste encore fragile comme par exemple sur les restrictions géographiques. Le Parlement lui freine.

A la tribune, des plaidoyers (Arche Noah, INRA) forts pour défendre cette diversité nécessaire pour la sécurité alimentaire (un exemple de l’INRA sur les Associations variétales de blé qui permettent de lutter contre la rouille jaune) et comme « filet de sécurité » face au changement climatique.

La réglementation actuelle limite les possibilités, les semences ne sont autorisées à usage commercial que si inscrites au catalogue. Des exigences d’homogénéité, uniformité et de stabilité freinent les possibilités.

Rappelons que les variétés de pays, anciennes, paysannes peuvent être évolutives, hétérogènes, d’intérêt local. Des variétés préservées ne peuvent donc théoriquement pas être mise en culture ailleurs. Les semences de ferme et paysannes sont interdites ou taxées ou soumises à déclaration. C’est une entrave aux petits producteurs qui jouent un rôle important en la matière ainsi que la conservation in situ de moins en moins répandue aujourd’hui en Europe.

Nécessaire de faire évoluer :

  • Assouplir l’inscription au catalogue avec création de nouvelles variétés et du matériel hétérogène ;
  • Utilisation durable des variétés anciennes par leur mise en marché (assouplir les critères et leur conservation in situ au-delà de la zone d’origine) ;
  • Favoriser la gestion dynamique à la ferme pour les populations et mélanges créés et sélectionnées par des agriculteurs donc autoriser les échanges entre agriculteurs.

Pour finir, rappelons les enjeux de l’uniformisation des variétés :

  • Enjeu de sauvegarde de la biodiversité, à égale importance des enjeux climatiques. Les diversités régionales sont un atout européen.
  • Enjeu de qualité face aux OGMs, alternative face aux produits phytosanitaires
  • Veiller à renforcer la biodiversité dans l’ensemble des éco-systèmes dont les terres agricoles elle-même. La conservation passe aussi par son utilisation dans le monde agricole !
  • Enfin et concernant les collectivités territoriales, l’enjeu de redoubler d’efforts sur leurs programmes de conservation et d’utilisation durable des ressources génétiques agricoles.

Carrières et biodiversité : deux mots incompatibles?

Au-delà des idées reçues, les carrières représentent des opportunités pour la biodiversité…

A l’occasion du « Colloque construction minérale et biodiversité » organisé par l’UNICEM (Union Nationale des Industries de Carrières et Matériaux de Construction) Provence – Alpes – Côte d’Azur et Corse le 13 décembre à Marseille, je suis intervenue pour montrer ces complémentarités.

 « Que de chemin parcouru pour en arriver à un tel colloque qui réunit les carriers, et les défenseurs de la biodiversité !

« Il ne s’agit plus d’opposer conservation de la nature et développement des territoires comme le dit l’invitation. » En effet, cette opposition est loin derrière, nous sommes passés à une étape de mobilisation de l’ensemble des acteurs économiques pour préserver notre patrimoine naturel.

Nos politiques nationales et régionales (SGB et SRCE) se construisent dans cet esprit. Nous avons dépassé le temps de protection de la biodiversité dans les seuls espaces protégés pour nous intéresser également à la biodiversité ordinaire partout sur notre territoire. L’ensemble des secteurs d’activité sont concernés. Le SRCE fait entrer la biodiversité dans l’aménagement du territoire et les aménageurs le sont au premier rang.

Nous sommes passés à une étape de co-construction qui s’illustre au travers de nombreux partenariats entre carriers, scientifiques et ONGs.

2 bémols concernant ces partenariats : ils sont réels mais donnent davantage à ce stade le sentiment de « mariages de raison ». A quand des « mariages d’amour » établis dans la durée et, ce, dès l’amont des projets de carrières ?

Ce chemin, les carriers l’ont néanmoins parcouru, en commençant il y a des années déjà. J’ai conscience des efforts et investissement réalisés. Fortement incités par la loi, sans doute un peu malgré vous dans un premier temps, avec encore certaines réticences pour certains… quoiqu’il en soit, il est aujourd’hui reconnu que les carrières présentent des opportunités pour la biodiversité et que vous en êtes devenus des acteurs !

En tant qu’élue régionale déléguée à la Biodiversité, j’ai accepté avec joie et grand intérêt de participer à cette journée afin

-      de reconnaitre votre engagement en faveur de la biodiversité : recensement des espèces, étude et suivi écologique, plans d’action et gestion écologique, réaménagement et génie écologique… La Biodiversité est prise en compte à chaque étape : des études aux restitutions, et au final ce sont des milieux et habitats favorables à la biodiversité que se développent. J’ai rencontré à l’occasion de déplacements chez certains d’entre vous, des gens extrêmement motivés dont l’engagement m’a touché ;

-      mais aussi démontrer avec vous qu’écologie et développement économique ne sont pas antinomiques, au contraire !

Sur cette convergence, je souligne au passage votre engagement dans l’économie circulaire avec des efforts tout particulier en PACA sur le recyclage des déchets du bâtiment pour des granulats recyclés. J’ai aussi conscience que la commande publique ne suit pas et n’encourage pas cette dynamique.

J’ose espérer que la visite de Ministre Philippe Martin chez Eurovia lundi prochain permettra de mettre ce problème en lumière et qu’il sera pris en compte dans la prochaine loi cadre sur l’économie circulaire.

A ce sujet, dans notre région, nous avons voté ce matin une délibération visant à introduire des éco-conditions dans nos politiques régionales. La Commande régionale sera bien sûr un chantier et j’espère que nous avancerons ensemble.

Pour finir, reconnaître est nécessaire, mais il s’agit aussi de faire connaître votre action en faveur de la biodiversité pour qu’elle encourage d’autres acteurs économiques à emprunter le même chemin.

Pour cela, plusieurs leviers :

  • votre présence au Comité Régional Biodiversité et votre implication dans la mise en œuvre du SRCE. Je salue au passage votre présence continue et constructive et je compte sur vous pour la suite. Qui s’augure bien d’ailleurs avec les projets concrets que portent déjà certains d’entre vous.
  • Avec la Région et l’Agence Régionale Pour l’Environnement, nous travaillons sur le thème économie et biodiversité, afin notamment de valoriser les bonnes pratiques au sein de l’Observatoire de la Biodiversité > merci d’être là aussi à nos côtés
  • Enfin, en termes de valorisation de votre engagement, je crois beaucoup au partenariat que nous sommes en train de construire avec le RREN (Réseau régional des gestionnaires des espaces naturels) et sur le projet des Chemins de la Biodiversité .

Vous avez réussi à faire d’une contrainte imposée sur la Biodiversité un Opportunité. Nous devons ensemble le faire savoir et l’étendre.

Merci de votre attention »

 Annabelle Jaeger, Conseillère régionale déléguée à la biodiversité

Présidente de l’Agence Régionale pour l’Environnement

De l’utilité d’un groupe écologiste, soudé, au Conseil Régional

A l’occasion de la Séance plénière du Conseil régional de ce 13 décembre, la cohésion du groupe écologiste a permis des avancées majeures; nous avons :

-       Empêché la hausse d’une taxe : celle des cartes grises ! Nous envoyons un signal pour une meilleure gestion de l’argent public. Cette préoccupation se retrouve avec une délibération essentielle :  « Intégration de critères économiques sociaux et environnementaux du développement durable dans les politiques régionales » ou délibération dite « des éco-conditions » (voir détails après le CP en fichier joint)  pour une meilleure gestion, transparence et équité d’attribution des fonds publics.

-       impulsé la création d’un opérateur énergétique régional, pour amplifier les économies d’énergie dans notre région, permettre d’améliorer le confort des logements en matière d’isolation thermique, baisser les factures de chauffage et pour développer les énergies renouvelables, pourvoyeuses d’emplois locaux (voir plus de détails après le CP en fichier joint)  

-         obtenu la baisse substantielle, enfin !, du budget consacré aux routesau profit, entre autres, des transports collectifs régionaux et l’engagement de ne plus financer de nouveaux projets routiers,

-          obtenu le renforcement du budget économie, avec entre autres : le maintien d’un budget consacré à l’Economie sociale et solidaire (ESS) et l’assurance de nos partenaires d’engager dès le début de l’année 2014 une politique de l’ESS revisitée avec les moyens adéquats.

-          Obtenu la mise en place d’un comité de suivi des recommandations de la Cour régionale des Comptes

Des limites à n’être que 19 élu-e-s écologistes ! bien sûr, nous n’avons pas tout obtenu. Entre autres :

-          Un très bon Schéma régional d’aménagement durable du territoire (SRADDT) qui n’est pas suffisamment suivi d’effets réels (comme d’autres schémas et délibérations-cadres)

-          Un budget de la culture en baisse et de façon non concertée !

Le groupe a voté unanimement ce budget (moins 1 abstention, symbolique des insatisfactions du groupe), pour toutes ces avancées et pour également :

-          Peser dans des négociations cruciales en cours avec l’Etat (Contrats de plans Etat-Région, en particulier les volets transports et énergie dans lesquels nous sommes très investis), les questions touchant à la métropole…)

-          Encourager le Président et nos collègues de la majorité à continuer/amplifier des politiques plus responsables, plus écologiques et sociales et des pratiques plus transparentes et efficientes

-          rappeler qu’un groupe soudé et cohérent peut peser, autant pour impulser et appuyer des politiques positives, que pour s’opposer en bloc à des solutions qui ne répondent pas aux crises profondes que nous traversons ou pour s’opposer à des pratiques politiques irresponsables…

 Toute l’info du groupe sur http://paca.elus-ecologistes.fr/

twitter : @eelvpoc

 

OIN Plaine du Var « Eco-Vallée », Feu vert pour une enquête européenne!

Le Parlement européen a jugé recevable une pétition portant sur les projets situés sur le périmètre de l’OIN Plaine du Var « Eco-Vallée » dans le départementdes Alpes Maritimes. Les élues européennes EELV Sandrine Bélier et Michèle Rivasi ont soutenu la saisine de la Commission des Pétitions par les associations investies depuis des années sur les problématiques de l’OIN Plaine du Var (1) et par les élues EELV Annabelle Jaeger et Mari-Luz Hernandez-Nicaise

Les élues EELV saluent cette décision de donner le feu vert à l’enquête européenne : 

« Saisis du dossier en mai 2013 par le collectif d’associations, les députés européens ont jugé recevables la pétition et ses compléments portant sur l’intégralité des quinze communes concernées. La Commission des Pétitions a chargé la Commission européenne de mener une enquête sur les nombreuses irrégularités pointées par les pétitionnaires. La saisine se concentrait notamment sur les infractions de la législation européenne en matière de biodiversité et d’eau des projets dont les impacts environnementaux n’ont pas été évalués globalement.  

Si cette recevabilité est une bonne nouvelle, nous attendons l’audition des associations et élues par la Commission des pétitions et le rapport d’enquête de la Commission européenne. La Basse Vallée du Var est un site du réseau Natura 2000 qui a une importance écologique majeure aussi bien pour sa biodiversité floristique et faunistique et sa forte valeur patrimoniale que pour sa fonction de pièce maitresse de la trame bleue et verte. De même la Vallée du Var possède une ressource en eau exceptionnelle : son fleuve avec le lit majeur et les nappes phréatiques alimentant en eau potable 600 000 personnes sur le département. 

Nous sommes déterminées à démontrer que les projets ne respectent pas les législations en vigueur. Les citoyens français ont le droit d’être protégés par le droit européen et nous y veillerons. » 

(1) Les associations pétitionnaires mobilisées autour de l’OIN Plaine du Var :

CAPRE 06 : La Gaude, ADHEC et ACL : Saint Laurent du Var, Aqui Sien Ben : Carros, ALEP : Aspremont, Demos Kratos : Nice, Les Perdigones : Levens

EXTENSION DU CENTRE COMMERCIAL CAP 3000, OU LA DEMESURE

A l’occasion de l’enquête publique qui s’est déroulée du 2 octobre au 4 novembre dernier, Mari-Luz Hernandez-Nicaise, Conseillère métropolitaine de Nice-Côte d’Azur, et Annabelle Jaeger, conseillère régionale PACA, ont déposé un dire pour exprimer leurs inquiétudes sur :

- le développement commercial azuréen et son impact sur le commerce traditionnel ;

- l’incidence du projet sur la qualité de vie des Laurentin-es et des clients du centre commercial,

- Les solutions apportées aux exigences du PPRI,

- les incidences environnementales sur l’avifaune.  

I – L’extension du centre commercial : pour quels bénéfices réels et pour qui ? 

La transformation du site existant, vétuste, sans grâce, envahi par des parkings peu fonctionnels, dépourvu d’espaces verts est une nécessité. Cependant nous ne sommes pas devant un exercice de réhabilitation, mais devant une opération d’extension massive : la surface de vente sera en effet portée de 37 946 à 63 946m2, et corrélativement la surface plancher, passera de 76 763  à 136 963 m2.

L’extension serait susceptible de  permettre la création de 1300 emplois,  mais aucune projection argumentée de cette affirmation n’est fournie dans le dossier, ni n’a d’ailleurs été présentée en Conseil métropolitain. Par contre il est avéré que pour un emploi créé en grande surface, 3 à 4 emplois disparaissent dans le commerce « traditionnel »… 

Nous nous posons donc la question de la pertinence d‘un projet d’extension d’une telle ampleur compte tenu de l’abondance de centres commerciaux dans le secteur (Polygone à Cagnes, et bientôt les moyennes et grandes surfaces (Ikea entre autres) annexées à « l’Allianz Stadium » de St Isidore (à 15 min de trajet). Le futur de cette nouvelle grande surface commerciale ne nous semble pas forcément assuré. 

Vers une congestion routière permanente ? Malgré les aménagements de voiries sur les nœuds des accès automobiles (giratoires, largeur des voies etc..), on peut s’interroger sur les incidences à la limite Est de Saint Laurent, cité déjà très dynamique en termes de déplacement (3900 sorties et 4700 entrées par jour, plus un fort trafic de marchandises). Dans le projet soumis à l’enquête, le trafic routier augmenterait de 34 à 45%. Il est actuellement de 25 000 véhicules/jour, ce qui le porterait à environ 35 000 ! Il est à noter qu’aucune ligne d’autobus ne relie directement le centre commercial à Nice et évoquer une ligne 4 de tramway relève aujourd’hui de la fiction. Quant aux modes dits doux –piste cyclable ou piétonne- : les réserves d’emprises dédiées n’apparaissent pas sur les cartes.

>> Nous demandons qu’une nouvelle présentation soit faite mettant en évidence des réservations d’emprises pour une liaison cyclable sécurisée avec le centre de St Laurent, et pour des cheminements piétons : de la gare au centre et dans le centre lui-même.

Pour finir, si l’on additionne l’augmentation de la clientèle, du personnel, du transport de marchandises, déchets etc… on peut s’attendre non pas à une fluidification du trafic, mais à une congestion permanente.

Cette congestion ne peut qu’avoir un impact défavorable sur la qualité de l’air, déjà déplorable puisqu’il est fait état de mesures de NO2 sur le site, chroniquement au delà des valeurs limites pour la santé des personnes.

II – Traitement du risque inondation PPRI : zone entièrement en zone rouge  

Le centre commercial a été  construit sur une ancienne zone lacunaire et la zone est classée zone rouge sur une marge de « recul » le long du Var et zone bleu foncé pour le reste. La réalité est donc que toute la zone est soumise à un risque fort d’inondation en cas de forte crue : l’eau pourrait en cas de crue dite « centennale »  submerger la digue existante. La solution proposée est la réalisation d’un chenal de récupération et d’évacuation des eaux de surverse.

Aucune étude hydraulique n’est exposée, le lecteur ne dispose d’aucun élément de calcul  pour évaluer le débit de surverse, ni pour évaluer la capacité d’évacuation du chenal. En cas de crue, le parking sera fermé par des portes étanches … mais encore faudra-t-il que le personnel de surveillance puisse avoir le temps et les moyens de le faire à temps. 

En définitive le risque d’inondation reste important particulièrement au delà de la période de référence choisie ou en cas de disfonctionnement des ouvrages. Le taux de fréquentation prévisible et les problèmes d’engorgement des accès rend ce risque particulièrement préoccupant.

>> Nous demandons au commissaire de surseoir à décision et de fournir un supplément d’information sur les performances attendues du chenal d’évacuation des eaux de surverse, et une étude présentant une alternative plausible 

III – LES INCIDENCES ENVIRONNEMENTALES

Le fleuve Var est le seul habitat favorable, dans les Alpes Maritimes, à l’accueil d’oiseaux migratoires, comme les sternes, des échassiers comme le blongios ; à cette fonction d’accueil (halte ou nidification) s’ajoute  la fonction d’aire de pour des rapaces en particulier. Sur les 46 espèces inventoriées, 36 sont classées « d’intérêt communautaire ».   L’estimation du « niveau global d’atteinte à la conservation » sur plusieurs espèces protégées (pp 42 à 46) conclut à des risques modérés à forts

Aux nuisances du chantier, s’ajouteront ensuite les nuisances inhérentes au bâti. Tout particulièrement les immenses façades vitrées – même traitées – augmentent le risque de collision et sont un facteur de  surmortalité de l’avifaune.

En outre l’effet réel des incidences cumulées de TOUTES les opérations réalisées (Stade, Voie des 40 m, route M202bis), en cours de réalisation (Nice Meridia, piscine olympique, Nice Arena, transfert du MIN) additionnent les conclusions de chaque étude d’impact.

Or chacune de ces opérations signifie la suppression d’au moins 20 hectares de terres agricoles ou d’espaces naturels, donc réduit pour les oiseaux de la ZPS, les aires de nourrissage. Et à ce rétrécissement de l’espace s’ajoutent certainement les dégâts causés par l’utilisation souvent intensive de phytosanitaires et insecticides. Cette réduction inexorable de leur approvisionnement est certainement une des causes de la réduction constante des populations de l’avifaune de la basse vallée du Var. 

>>Nous estimons que ce projet sous-estime gravement les risques encourus par la zone de nidification et de nourrissage la plus importante de l’estuaire du Var et que les mesures de protection proposées ne sont ni à la hauteur des risques encourus, ni à la hauteur de l’enjeu de préservation d’un site unique de biodiversité, protégé au titre de la directive Habitat Oiseaux de l’Europe.

Ce projet ne prend pas en compte les effets cumulés de toutes les opérations mises en œuvre dans le cadre de l’OIN. Ce problème a déjà fait l’objet d’une saisine de la commission des pétitions du Conseil de l’Europe. Ce dossier viendra s’ajouter à ceux déposés. 

C’est pourquoi, nous donnons un avis défavorable à ce projet. 

Mari-Luz HERNANDEZ–NICAISE, Conseillère municipale de Nice, Conseillère de la Métropole Nice Côte d’Azur

Annabelle JAEGER, Conseillère régionale PACA, déléguée à la biodiversité, Représentant la Région au sein du Conseil d’administration de l’EPA OIN Plaine du Var

Mon Avis adopté par le Comité des régions européen ce mardi 8 octobre à Bruxelles

Mon Avis sur l’infrastructure verte a été adopté à l’unanimité –moins une voix- du Comité des Régions* ce mardi à Bruxelles. C’est pour moi l’aboutissement d’un travail passionnant de rencontres et d’échanges avec la Commission, le Parlement européen, les Ongs notamment ; mais aussi de prise de connaissance des nombreuses et riches initiatives en la matière en Europe.

L’infrastructure verte, c’est quoi? : la trame verte et bleue, les réservoirs et espaces de continuités écologiques, mais aussi la biodiversité urbaine : espaces verts, jardins partagés, murs et toitures végétalisés… toutes les solutions naturelles ou basées sur la nature qui permettent de préserver la biodiversité mais qui offrent aussi beaucoup de ressources et services à l’homme (régulation de l’air, de l’eau, climatique, bien-être, santé, etc).

Pour la biodiversité, l’infrastructure verte doit permettre le déplacement, la reproduction, « le gîte et le couvert » des espèces animales et végétales ; grâce à un réseau connectant des espaces naturels entre eux, et une qualité des espaces naturels pas ou peu perturbés par l’activité urbaine. L’un se nourrit de l’autre : des milieux de qualité ont de fait une meilleure fonctionnalité et offrent davantage de services en retour.

La communication de la Commission – sur laquelle se base cet avis – présente une stratégie à venir visant à encourager le recours à l’infrastructure verte et à promouvoir la prise en compte systématique des processus naturels dans le cadre de l’aménagement du territoire.

Elle nous propose non seulement un nouveau regard sur la biodiversité où il ne s’agit plus seulement de biodiversité « remarquable » sanctuarisée dans des parcs et réserves mais aussi de considérer la biodiversité plus « ordinaire » présente partout jusque dans nos villes et zones péri-urbaines ;  elle nous invite à considérer la biodiversité sous l’angle trop souvent oubliė des interactions entre milieux naturels et êtres vivants, interactions qui fondent le tissu vivant de la planète ; et mais plus encore, elle nous invite à inverser le regard sur la biodiversité, ne plus la vivre comme une contrainte à nos projets de développement, mais comme une alliée pour des projets durables et aux multiples bénéfices pour nous, les humains.

Elle insiste à juste titre sur tous les bénéfices que nous pouvons tirer de cette approche durable et raisonnée de l’aménagement du territoire : 

  • L’infrastructure verte est souvent moins onéreuse et plus durable que les solutions de substitution qu’offre le génie civil traditionnel. (moins d’intensité énergétique, de maintien et d’entretien);
  • Des parcs à la biodiversité riche, des espaces verts et des couloirs d’air frais peuvent, par exemple, permettre d’atténuer les effets négatifs des vagues de chaleur estivales ;
  • l’infrastructure verte est un élément clé de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique ;
  • En plus des effets bénéfiques sur la santé et sur l’environnement, l’infrastructure verte procure également de multiples avantages sociaux: elle est un vecteur de développement de filières économiques et d’emploi de proximité non délocalisables
  • et transforme les villes en lieux de vie et de travail plus attrayants. Elle permet aussi à la faune de se développer, même en milieu urbain.

Dès lors, cette stratégie sera essentielle pour atteindre les objectifs européens à l’horizon 2020 non seulement en matière d’utilisation efficaces des ressources et de préservation de la biodiversité mais aussi, de cohésion sociale et régionale, de croissance durable et intelligente, d’attractivité, de maintien et création d’emplois locaux au sein des petites et moyennes entreprises, d’amélioration de la santé publique et de lutte contre les inégalités;

C’est dans cet état d’esprit que j’ai proposé un positionnement positif à l’égard de la communication et des projets qu’elle porte; et que j’ai invité les autorités locales, qui sont en premières lignes dans leur rôle d’aménageur du territoire, à se mobiliser fortement. Nombre d’entre elles n’ont pas attendu pour œuvrer et vous trouverez dans l’annexe de la Communication un premier inventaire que je vous invite à lire avec attention.

La mobilisation de l’UE, des Etats membres est évidemment nécessaire en soutien aux autorités locales. C’est l’objet de la Stratégie présentée et le Comité des Régions sera particlièrement attentif à la bonne mise en œuvre des objectifs suivants : 

  • L’intégration de la biodiversité dans toutes les politiques publiques avec la promotion de l’infrastructure verte dans les principaux domaines d’action tels que l’agriculture, la foresterie, la nature, l’eau, la mer et la pêche, la politique régionale et de cohésion, l’aménagement du territoire et l’urbanisme …. D’ici à la fin de l’année 2013, la Commission définira des orientations sur la manière d’intégrer l’infrastructure verte dans la mise en œuvre de ses politiques de 2014 à 2020,
  • l’amélioration de la recherche et des données, le renforcement du socle de connaissances et la promotion des technologies innovantes qui soutiennent l’infrastructure verte,
  • l’amélioration de l’accès au financement pour les projets d’infrastructure verte – en collaboration avec la Banque européenne d’investissement la Commission mettra en place, d’ici à 2014, un mécanisme de financement de l’UE visant à soutenir les projets d’infrastructure verte,
  • Afin que tout le potentiel de l’infrastructure verte soit exploité dans le cadre de la prochaine enveloppe budgétaire (2014-2020), les modalités de son utilisation doivent être définies dès que possible pour faciliter son intégration dans des projets financés selon des mécanismes de financement appropriés tels que la politique agricole commune, le Fonds de cohésion, le Fonds européen de développement régional, horizon 2020, le mécanisme pour l´interconnexion en Europe, le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche et l’instrument financier pour l’environnement (LIFE).
  • le soutien aux projets d’infrastructure verte à l’échelle de l’UE – d’ici à la fin de 2015, la Commission conduira une étude afin d’évaluer les possibilités de créer un réseau d’infrastructure verte à l’échelle de l’UE.

Parce qu’il est de notre devoir de transmettre aux générations futures l’extraordinaire biodiversité dont nous disposons, parce que la nature fonctionnelle est une source extraordinaire de biens et de services,  pour toutes les raisons évoquées précédemment, saisissons nous de cette opportunité de l’infrastructure verte de concilier développement humain (économique, social, culturel, scientifique) et préservation du tissu vivant de la planète. 

En savoir plus sur le site PSE du Comité des Régions

* Le Comité des Régions porte, à Bruxelles, la voix des collectivités territoriales des pays membres de l’Europe et donne des Avis sur les directives et projets européens qui impacteront ces collectivités.

Ma semaine avec un berger dans les alpages

De retour d’une semaine dans les alpages du Mercantour avec un berger, je souhaitais partager quelques moment forts et réflexions…

Pourquoi ? : Elue régionale depuis 2012, déléguée à la biodiversité, je me suis vite rendue compte que la problématique du loup que je connaissais très peu ne pourrait très longtemps me rester étrangère. Elue des Alpes-Maritimes –département de forte présence du loup-, j’allais être souvent interrogée sur ce sujet. L’animal ne me laisse pas indifférente et sa protection dans le cadre de la Convention de Bern aurait pu me permettre un discours facile : il est protégé, dont acte !

Malheureusement, ce serait trop simple et surtout faire fi d’une autre problématique qui me tient particulièrement à cœur, celle de l’avenir du pastoralisme dans notre Région. Et là, impossible d’ignorer la précarité économique de la filière et à quel point le loup perturbe un tableau déjà noir.

Violences contre des gardes du Parc du Mercantour, bergers en larmes ou menaçants, abandon d’estives…les signes d’un profond malaise devenaient trop flagrants pour être ignorés.

Alors, plutôt que de porter un regard, documenté certes, mais extérieur, j’ai souhaité aller à la rencontre d’un berger…et du loup ?

L’occasion : c’est l’Association FERUS, association de protection des grands prédateurs, qui m’a permis cette aventure extraordinaire, d’être une éco-volontaire auprès d’un berger pour l’accompagner dans la garde de son troupeau. Le programme Pastoraloup qu’elle a développé dans notre région permet en effet à ceux qui le souhaitent de bénéficier d’une formation de 4 jours auprès de professionnels du secteur sur l’enjeu du pastoralisme, les comportements du loup et comment aider un berger grâce à la présence humaine, entre autres mesures de protection.

En juin dernier, je faisais ma formation dans les Monges. De cette expérience j’ai gardé 2 souvenirs très forts : un éleveur qui nous a dit que sa vie avait basculé du paradis vers l’enfer avec le loup ; une dame travaillant avec eux sur les mesures de protection, désespérée de la capacité d’adaptation du loup face aux mesures mises en œuvre. J’ai compris à cette occasion que les mesures de protection, à commencer par le déploiement des parcs de sécurité, était extrêmement chronophages, et donc une véritable contrainte pour les éleveurs ou bergers. Rien est évidemment simple jusqu’au chien patou lui-même qui protège le troupeau certes mais s’attaque par ailleurs aux cyclistes et aux quads (sans parler de ces pauvres marmottes) !

Au sortir de ces quelques jours, j’ai confirmé mon souhait d’être éco-volontaire mais je ne vous cacherai pas mes appréhensions : j’ai demandé à l’association de me proposer une mission dans laquelle je ne me trouverai pas « seule au monde » loin dans l’alpage avec un troupeau ! moi aussi, j’ai besoin de présence humaine !,-)

Peu de temps après, tout est calé, je pars la dernière semaine d’août rejoindre un éleveur dans le Parc du Mercantour.

Un détail : 26 août, j’arrive à 12h au lieu dit de rdv, persuadée d’être là il faut et à l’heure. Pas de berger à l’horizon,- :( Heureusement, ce dernier étant connu de tous dans le hameau, je me renseigne. « Oui, c’est bien le chemin pour se rendre aux alpages, mais il se trouve au bout de ce chemin que vous ne pouvez emprunter qu’à pied et il y en a pour 1h 30 !! » Un détail sans doute pour lui, suffisamment anecdotique pour qu’il ne me l’ait pas précisé… ;-) Me voilà partie avec mes 15 kilos dans le dos à sa rencontre.

Mon berger : je ne vais pas en rajouter car sinon vous allez croire que j’en ai perdu toute objectivité, mais vraiment, il est incroyable ! Le « vrai » berger de nos imaginaires d’enfance… Un éleveur qui est aussi berger, qui accompagne donc son troupeau à l’estive pendant 3 mois depuis toujours, qui ne quitte pas ses bêtes de 8 heures le matin à 20h le soir quand il rentre avec elles, connaît chacune d’entre elles (elles sont 700 !), bichonne chacune… ; et en plus d’une gentillesse, et d’une patience infinie pour tout m’expliquer, me montrer, me raconter…Bien sûr un berger sans ses chiens ne serait pas un berger ; il en a 3 qui l’accompagnent, obéissent à chacun de ses mots et guident le troupeau d’une manière impressionnante. Pas de patou car il n’apprécie pas ce chien.

J’ai donc passé à ses côtés une semaine magique où j’ai beaucoup appris sur son métier, ses craintes, et le loup.

Mon berger et ses chiens

Le loup : je ne l’ai jamais vu, je préfère le dire de suite. Et tant mieux ! car je ne vous cacherai pas que, seule la nuit dans ma tente, placée en amont du troupeau, car le loup arrive par le haut, et même si la cabane du berger n’était pas loin, et bien je préfère être honnête, je n’avais pas du tout envie de le voir ! Il est là, chaque jour, un voisin où une nouvelle nous le confirme. Les nouvelles vont vite, les éleveurs et bergers se passent les infos presque chaque jour, les gardes du Parc également. Où exactement ? Nul ne le sait. D’où une vigilance permanente…et j’ai le sentiment que cette menace qui plane en permanence doit être usante. Impossible de baisser la garde !

De retour de l’alpage, en route vers le parc, en passant devant ma tente…

Les mesures de protection : dans le cas de mon berger, elles étaient simples et cadrées. Répétées chaque jour. Chaque soir, il rentre ses bêtes dans un parc, lui-même entouré d’un plus grand électrifié. Chaque soir, il allume des lumières à chaque coin. Chaque soir enfin, il a un éco-volontaire qui dort en amont de son troupeau. La présence humaine est pour lui primordiale, il a attendu son premier volontaire pour monter à l’estive et depuis, ils se succèdent sans interruption. A préciser que dans le parc, il ne peut être armé ce qu’il ne refuserait pas ailleurs car il considère que les tirs de défense sont une bonne chose.

Le parc et les lumières autour

Anecdote : je croise un berger de brebis laitières, qui n’a donc à priori pas de problèmes avec le loup car il rentre son troupeau chaque soir à la bergerie. Quand il réalise que je suis une éco-volontaire, il dira au berger – pas devant moi-  « comment peux-tu nourrir une pro-loup ? ». No comment.

Enfin si, un, pour ceux qui imagineraient que « mon » berger est un pro-loup. Non, il ne l’est pas ; il serait sans aucun doute plus heureux et serein sans et considère que ses grands-parents ont eu bien raison de l’éradiquer. Il y a d’un côté son troupeau, de l’autre, les adversaires de son troupeau : chiens errants, vipères mortelles, le loup. S’il avait un fusil et l’une de ces espèces sur son chemin, il les éliminerait. Il fait avec, c’est tout.

Résultats : je n’ai passé qu’une semaine dans l’alpage, je n’en tire donc aucune conclusion définitive. Comme me l’a dit un garde du Parc venu déjeuner avec nous, chaque cas est différent : la configuration de l’alpage, la taille du troupeau, les mesures de protection, la proximité des loups, en meute ou isolé… J’insisterai sur le point qui me semble décisif : l’éleveur ou le berger lui-même ! J’écris les choses comme je les ai vécues :

-         au milieu, mon berger et son troupeau qu’il ne quitte pas, des mesures de protection réglées et répétées chaque jour avec la même vigilance, pour le moment et après 2 mois d’estives, il n’a subi aucune d’attaque.

-         à droite, hors parc, un troupeau de 1000 bêtes que nous pouvons observer à la jumelle. L’éleveur a d’autres activités et délègue la surveillance de son troupeau à un berger. Celui-ci semble dépassé par la situation : un soir parmi d’autres, le troupeau est divisé, une grande partie sur une crête, sans lui avec deux patous; l’autre à un autre bout et lui errant au milieu de cela, armé et tirant à tout va ! Pas de contrôle de la situation, des bêtes éparpillées dans des situations dangereuses à la nuit tombée…Pourtant le loup rôde, l’éleveur le sait, il l’a vu.

-         à gauche, sur un autre alpage, à vue de jumelles lui aussi, 2 troupeaux de 2000 bêtes, avec des bergers la journée et des patous la nuit. Les troupeaux sont en « couche libre », ils ne sont donc pas rentrés le soir. Seuls les patous surveillent, 2 pour l’un, 6 pour l’autre. Une journée de rando dans ce coin, je discute avec l’éleveur qui se moque gentiment des éco-volontaires (des urbains dans les alpages pour garder nos bêtes, imaginez… ;-)) ; et quand je lui demande s’il n’est pas risqué de laisser ses bêtes seules le soir, si les patous suffiront, il me répond : « je ne fais confiance à aucun berger pour garder mes bêtes ». Et bien ce même jour, dans la nuit, le loup attaquera et abimera sérieusement 5 de ses chiens. Est-ce bien sérieux ?

Alors oui, mon idée se précise : la présence humaine est un atout incontestable. Au mieux, celle de l’éleveur ou du berger. L’éco-volontaire est un atout dans un dispositif où le troupeau est parqué. D’ailleurs les mesures loup n’obligent-elles pas le parc ?

Les mesures de protection sont certes une lourde contrainte d’organisation au quotidien mais bien menées, elles se révèlent efficaces.

Le pastoralisme : un métier magnifique, garant d’une alimentation de qualité et de circuit court sur notre territoire ; garant aussi de l’ouverture des milieux et au-delà, de la maintenance de certains territoires ruraux où toute activité disparaitrait sans cela. Ouverture des milieux oui, mais en ce qui concerne la préservation de la biodiversité, je suis convaincue qu’elle n’est possible qu’avec une taille de troupeau réduite et bien mené au regard des milieux sensibles comme les captages de sources d’eau par exemple.

Ma petite expérience et mes discussions m’ont fait entrevoir un pastoralisme aux multiples visages : « mon » berger aux pratiques responsables qui fait avec le loup, ceux qui refusent sa présence et dont on a le sentiment qu’adopter des mesures de protection, c’est presque l’accepter. Mais il y a aussi les éleveurs pour que le troupeau représente tant que les bêtes sont bien nourries en estive, bien soignées tout au long de l’année, que nombre d’agneaux naissent, que l’activité économique couplée aux subventions permet alors de bien travailler ; et puis il y ceux vivent beaucoup de subventions, ont des troupeaux de 2000 bêtes mal gardées et gagnent leur vie sur le nombre et pas la qualité. Si les subventions agricoles devaient être conditionnées au rendement, c’est-à-dire aux naissances d’agneau, l’équilibre économique de la filière ne serait-il pas largement menacé, avec l’avantage d’obliger à des pratiques plus responsables ?

Les bergers, une espèce en voie de disparition ? Je commencerai par une anecdote qui m’a serré le cœur. En lisant un prospectus distribué dans l’office de tourisme du village le plus proche et décrivant la balade de l’alpage où nous sommes, je découvre cette phrase « vous aurez peut-être la chance d’y croiser le dernier berger »…

Ce métier est-il menacé ? Très certainement dans le sens où certains abandonnent et peu veulent reprendre. Et oui, je peux comprendre que le loup est un argument -de plus- qui fait reculer les plus jeunes qui voudraient s’engager. Mais face à cette situation, il y a une attitude des éleveurs eux-mêmes qui fait réfléchir : entre l’éleveur qui me dit qu’il ne confierait son troupeau à personne, même pas à un berger ; et « mon » berger qui me dit qu’il comprend cette attitude, je m’interroge sur leur engagement pour transmettre leur métier.

Pour finir : Pro ou anti-loup, cela n’a pas de sens. J’exècre la politique en noir et blanc comme si tout était si simple. Encore moins simple quand on est attachée au pastoralisme et à son devenir d’un côté, et à la protection d’une espèce protégée de l’autre. Ces quelques jours m’ont donné l’espoir qu’en s’en donnant les moyens, les deux pouvaient cohabiter.

Annabelle Jaeger

Conseillère régionale de Provence-Alpes-Côte d’Azur, déléguée à la biodiversité