Mon Avis adopté par le Comité des régions européen ce mardi 8 octobre à Bruxelles

Mon Avis sur l’infrastructure verte a été adopté à l’unanimité –moins une voix- du Comité des Régions* ce mardi à Bruxelles. C’est pour moi l’aboutissement d’un travail passionnant de rencontres et d’échanges avec la Commission, le Parlement européen, les Ongs notamment ; mais aussi de prise de connaissance des nombreuses et riches initiatives en la matière en Europe.

L’infrastructure verte, c’est quoi? : la trame verte et bleue, les réservoirs et espaces de continuités écologiques, mais aussi la biodiversité urbaine : espaces verts, jardins partagés, murs et toitures végétalisés… toutes les solutions naturelles ou basées sur la nature qui permettent de préserver la biodiversité mais qui offrent aussi beaucoup de ressources et services à l’homme (régulation de l’air, de l’eau, climatique, bien-être, santé, etc).

Pour la biodiversité, l’infrastructure verte doit permettre le déplacement, la reproduction, « le gîte et le couvert » des espèces animales et végétales ; grâce à un réseau connectant des espaces naturels entre eux, et une qualité des espaces naturels pas ou peu perturbés par l’activité urbaine. L’un se nourrit de l’autre : des milieux de qualité ont de fait une meilleure fonctionnalité et offrent davantage de services en retour.

La communication de la Commission – sur laquelle se base cet avis – présente une stratégie à venir visant à encourager le recours à l’infrastructure verte et à promouvoir la prise en compte systématique des processus naturels dans le cadre de l’aménagement du territoire.

Elle nous propose non seulement un nouveau regard sur la biodiversité où il ne s’agit plus seulement de biodiversité « remarquable » sanctuarisée dans des parcs et réserves mais aussi de considérer la biodiversité plus « ordinaire » présente partout jusque dans nos villes et zones péri-urbaines ;  elle nous invite à considérer la biodiversité sous l’angle trop souvent oubliė des interactions entre milieux naturels et êtres vivants, interactions qui fondent le tissu vivant de la planète ; et mais plus encore, elle nous invite à inverser le regard sur la biodiversité, ne plus la vivre comme une contrainte à nos projets de développement, mais comme une alliée pour des projets durables et aux multiples bénéfices pour nous, les humains.

Elle insiste à juste titre sur tous les bénéfices que nous pouvons tirer de cette approche durable et raisonnée de l’aménagement du territoire : 

  • L’infrastructure verte est souvent moins onéreuse et plus durable que les solutions de substitution qu’offre le génie civil traditionnel. (moins d’intensité énergétique, de maintien et d’entretien);
  • Des parcs à la biodiversité riche, des espaces verts et des couloirs d’air frais peuvent, par exemple, permettre d’atténuer les effets négatifs des vagues de chaleur estivales ;
  • l’infrastructure verte est un élément clé de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique ;
  • En plus des effets bénéfiques sur la santé et sur l’environnement, l’infrastructure verte procure également de multiples avantages sociaux: elle est un vecteur de développement de filières économiques et d’emploi de proximité non délocalisables
  • et transforme les villes en lieux de vie et de travail plus attrayants. Elle permet aussi à la faune de se développer, même en milieu urbain.

Dès lors, cette stratégie sera essentielle pour atteindre les objectifs européens à l’horizon 2020 non seulement en matière d’utilisation efficaces des ressources et de préservation de la biodiversité mais aussi, de cohésion sociale et régionale, de croissance durable et intelligente, d’attractivité, de maintien et création d’emplois locaux au sein des petites et moyennes entreprises, d’amélioration de la santé publique et de lutte contre les inégalités;

C’est dans cet état d’esprit que j’ai proposé un positionnement positif à l’égard de la communication et des projets qu’elle porte; et que j’ai invité les autorités locales, qui sont en premières lignes dans leur rôle d’aménageur du territoire, à se mobiliser fortement. Nombre d’entre elles n’ont pas attendu pour œuvrer et vous trouverez dans l’annexe de la Communication un premier inventaire que je vous invite à lire avec attention.

La mobilisation de l’UE, des Etats membres est évidemment nécessaire en soutien aux autorités locales. C’est l’objet de la Stratégie présentée et le Comité des Régions sera particlièrement attentif à la bonne mise en œuvre des objectifs suivants : 

  • L’intégration de la biodiversité dans toutes les politiques publiques avec la promotion de l’infrastructure verte dans les principaux domaines d’action tels que l’agriculture, la foresterie, la nature, l’eau, la mer et la pêche, la politique régionale et de cohésion, l’aménagement du territoire et l’urbanisme …. D’ici à la fin de l’année 2013, la Commission définira des orientations sur la manière d’intégrer l’infrastructure verte dans la mise en œuvre de ses politiques de 2014 à 2020,
  • l’amélioration de la recherche et des données, le renforcement du socle de connaissances et la promotion des technologies innovantes qui soutiennent l’infrastructure verte,
  • l’amélioration de l’accès au financement pour les projets d’infrastructure verte – en collaboration avec la Banque européenne d’investissement la Commission mettra en place, d’ici à 2014, un mécanisme de financement de l’UE visant à soutenir les projets d’infrastructure verte,
  • Afin que tout le potentiel de l’infrastructure verte soit exploité dans le cadre de la prochaine enveloppe budgétaire (2014-2020), les modalités de son utilisation doivent être définies dès que possible pour faciliter son intégration dans des projets financés selon des mécanismes de financement appropriés tels que la politique agricole commune, le Fonds de cohésion, le Fonds européen de développement régional, horizon 2020, le mécanisme pour l´interconnexion en Europe, le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche et l’instrument financier pour l’environnement (LIFE).
  • le soutien aux projets d’infrastructure verte à l’échelle de l’UE – d’ici à la fin de 2015, la Commission conduira une étude afin d’évaluer les possibilités de créer un réseau d’infrastructure verte à l’échelle de l’UE.

Parce qu’il est de notre devoir de transmettre aux générations futures l’extraordinaire biodiversité dont nous disposons, parce que la nature fonctionnelle est une source extraordinaire de biens et de services,  pour toutes les raisons évoquées précédemment, saisissons nous de cette opportunité de l’infrastructure verte de concilier développement humain (économique, social, culturel, scientifique) et préservation du tissu vivant de la planète. 

En savoir plus sur le site PSE du Comité des Régions

* Le Comité des Régions porte, à Bruxelles, la voix des collectivités territoriales des pays membres de l’Europe et donne des Avis sur les directives et projets européens qui impacteront ces collectivités.