Voici l’appel des parlementaires, dont Danielle AUROI, Présidente de la
Commission des Affaires européennes à l’Assemblée nationale, est une des
initiatrices.
Paris, le 7 juillet 2015
Appel de parlementaires français pour le maintien de la Grèce dans
la zone Euro et la restructuration de sa dette
Au lendemain du référendum qui a exprimé la volonté du peuple grec de
refuser de nouvelles mesures d’austérité, la France, avec l’ensemble de ses
partenaires européens, est amenée une nouvelle fois à la table des
négociations.
L’enjeu est immense, pour l’avenir de la Grèce comme pour l’avenir de
l’Union toute entière. Tous les peuples européens sont très attentifs au sort
qui sera fait au peuple grec.
Plutôt que prendre le risque d’un éclatement de la zone euro, saisissons
l'opportunité de sortir de la crise européenne : l'Europe
« en panne », « loin des citoyens », peut enfin retrouver du sens et
des perspectives. Mais pour cela il nous faut faire des choix hardis, comme nos
prédécesseurs ont pu le faire au moment de la renégociation de la dette
allemande et au moment des grandes étapes de la construction européenne.
La crise majeure que nous traversons rappelle aussi l’urgente nécessité de
donner une véritable conduite démocratique de la zone euro
pour que les peuples européens aient toute leur place dans les choix
économiques, sociaux et environnementaux.
Alors que nos institutions nationales restent en deçà des possibilités
ouvertes à nos collègues allemands, nous devons sans attendre
approfondir l’ancrage démocratique des questions européennes au sein de
notre Parlement et donner un mandat clair au chef de l’Etat et au
Gouvernement.
Nous saluons à ce titre l’organisation d’un débat à l’Assemblée nationale
demain 8 juillet portant sur ce sujet. Mais demain il sera peut-être trop
tard.
Alors que des réunions cruciales se tiennent à Bruxelles, nous,
représentant-e-s du peuple français, appelons donc dès aujourd’hui le
Gouvernement à user de tout son poids pour faire entendre la voix de la
solidarité et de la démocratie dans l’Union, seules garantes de notre avenir
commun, et ainsi
• à s’engager pleinement pour le maintien de la Grèce dans la zone
Euro et de s’opposer avec vigueur à toute stratégie visant à sa sortie
;
• à ouvrir dès à présent les discussions pour la restructuration de
la dette grecque, et plus généralement de la dette des États
européens, afin de la rendre soutenable , y compris avec la tenue, à terme,
d’une Conférence européenne de la dette,
• à accompagner le Gouvernement grec dans les nécessaires
réformes pour une fiscalité plus juste et une lutte renforcée contre
la corruption tout en mettant un veto à de nouvelles mesures d’austérité visant
de manière indiscriminée la population grecque déjà exsangue ;
• à appuyer la mise en œuvre d’un grand plan d’investissements
européens destiné à financer l’économie réelle dont la transition
écologique, dont la Grèce serait l’un des premiers bénéficiaires.
Pour toutes ces raisons, nous demandons que le débat sur la Grèce
qui aura lieu demain soit suivi d'un vote, comme la Constitution le permet au
titre de son article 50.1.