Article publié par la Gazette des Communes le 25 février 2014
Si EDF veut prolonger la durée de vie de ses réacteurs nucléaires au-delà de 40 ans, il lui en coûtera quatre fois plus qu'officiellement annoncé, sauf à transiger avec les critères de sûreté en vigueur en France, estime un rapport commandé par Greenpeace.
Invoquant les risques pour l’avenir du parc nucléaire et la sécurité des Français, l’ONG écologiste a donc demandé mardi 25 février 2014 que la loi sur la transition énergétique qui doit être votée cette année « fixe la limite d’âge des 40 ans comme durée de vie maximale des réacteurs français ».
De par leur conception, « les centrales ont été dimensionnées pour 40 ans » d’exploitation et l’autorisation de les prolonger au-delà de cette limite « n’est pas acquise », a d’ailleurs insisté la semaine dernière le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Pierre-Franck Chevet, auditionné à l’Assemblée nationale.
Il y a « bien des sujets de sûreté majeurs à regarder à cette échéance », notamment « des phénomènes de vieillissement sur certains composants des centrales, qu’on doit regarder d’autant plus attentivement qu’ils ne sont pas nécessairement remplaçables », avait souligné M. Chevet.
Les demandes d’EDF seront en outre examinées « au cas par cas » et à l’aune des critères de sûreté plus stricts applicables à la troisième génération de réacteurs, tels l’EPR en cours de construction à Flamanville (Manche), comme le veut la doctrine française en la matière, a prévenu le président de l’Autorité indépendante.
Dans cette perspective, EDF, l’unique opérateur des 58 réacteurs électro-nucléaires de l’Hexagone (19 centrales au total), prévoit officiellement de consacrer 55 milliards d’euros à des travaux de maintenance d’ici à 2025.
Cela représenterait environ un milliard d’euros par réacteur.
Seul hic, un tel coût suffirait à peine à maintenir la sûreté des installations à leur niveau actuel et resterait bien loin des exigences retenues par l’ASN pour les réacteurs de troisième génération, assure le rapport réalisé à la demande de Greenpeace par le cabinet WISE-Paris, spécialisé dans l’énergie et proche du mouvement antinucléaire.