Etude d'un scénario alternatif à la LGV POCL : oui unanime des élus régionaux !
Par nicole rouaire le jeudi 19 décembre 2013, 10:25 - Les élu(e)s Europe Ecologie - Lien permanent
Amendement déposé par le groupe EELV voté à l'unanimité lors de la Session budgétaire
Exposé sommaire des motifs :
Le projet de ligne à grande vitesse Paris – Orléans – Clermont-Ferrand – Lyon, dite LGV POCL, a fait l’objet d’un débat public interrégional entre le 3 octobre 2011 et le 31 janvier 2012. Le 7 juin 2012, à partir du bilan de ce débat et compte tenu de l’inscription du projet au pressenti schéma national des infrastructures de transport (SNIT), le conseil d’administration de RFF décidait d’approfondir l’étude des scénarios « Ouest » et « Médian », dans leur variante « Roanne ». Cette étude complémentaire est encore en cours, bénéficiant d’ailleurs de 200 000 € de la Région Auvergne.
Or cette étude est déjà en décalage avec les délais de l’éventuelle réalisation de la LGV POCL et ses conclusions seront donc précoces. En effet, selon le scénario retenu en juillet 2013 par le Gouvernement à la suite des travaux de la Commission « Mobilité 21 », la LGV POCL est classée dans la catégorie des « secondes priorités » à engager entre 2030 et 2050, compte tenu du flou qui règne sur l’horizon de la saturation de la LGV Paris-Lyon existante.
Cette étude repose également sur un modèle de la très grande vitesse dont la pertinence est de plus en plus sévèrement questionnée, tant au niveau de l’investissement que du fonctionnement. En effet, s’il a fait ses preuves pour concurrencer l’avion en reliant le centre- ville des grandes métropoles comme Lille, Paris, Lyon, Marseille, la généralisation du modèle 100% LGV se révèle particulièrement inadaptée et coûteuse, d’autant plus dans la période de crise que nous traversons et en l’absence de ressource nouvelle et pérenne dédiée au financement du réseau ferroviaire.
De plus, le mythe du TGV a fini par aboutir en France à la dualisation du réseau ferré et à créer une véritable fracture territoriale : d’un côté un réseau 100% TGV, rapide, entièrement organisé en étoile autour de Paris et reliant les grandes métropoles ; de l’autre, un réseau classique, des lignes du quotidien plus abordables financièrement pour les usagers, mais de plus en plus mal desservies et dégradées. Ce constat est particulièrement sévère et inquiétant pour l’Auvergne.
Les besoins des voyageurs moyenne / longue distance peuvent être mieux satisfaits à moindre coût et à une échéance rapprochée par des services ferroviaires proposant :
- une desserte à la fois plus fréquente et plus fine des territoires traversés, et dans ce cas des villes moyennes comme Clermont-Ferrand, Riom, Gannat, Montluçon, Vichy ou Moulins.
- l’accès direct au centre des villes plutôt que des gares ex-urbanisées,
- un prix des billets abordable,
- un haut niveau de confort à bord,
- une moindre consommation d’énergie et d’espaces naturels et agricoles pour les infrastructures,
- le tout en conservant des temps de parcours attractifs par rapport à la voiture.
Non seulement ce type de service, qui plaide en faveur d’un nouveau modèle, d’un train intermédiaire entre le TER et le TGV, séduit de plus en plus de voix influentes (G. Pepy, J.LBianco notamment), mais il a aussi déjà fait l’objet d’une première étude d’opportunité sur le réseau ferré dit du « cœur de France » en alternative au projet POCL. Le scénario « train à haut niveau de service », issu de cette étude, est présenté sur le site Internet www.destrainspourtous.fr
Il permet en moins de 10 ans de désaturer les LGV existantes (Paris-Lyon et Atlantique) et de désenclaver le Massif Central en combinant l’optimisation des lignes existantes et la construction de lignes nouvelles seulement là où elles sont nécessaires et utiles, notamment au Sud de Paris où le réseau est saturé. Il s’agit d’une alternative trois fois moins chère aux projets de LGV POCL et Poitiers Limoges permettant de gagner du temps en différant des dépenses publiques de plusieurs milliards d’euros qui ne seraient pas finançables avant plusieurs décennies.
Ce projet ferroviaire focalisé sur l’aménagement, le maillage, et l’équilibre du territoire offrirait enfin aux usagers un train rapide qui n’oublie personne, un train abordable pour les usagers : moins de LGV, c’est moins de péages, et donc des billets moins chers de 20 à 30%.
Ce projet est à même de relier Clermont-Ferrand et Lyon en 1h40 (20 min de plus que la LGV seulement), Moulins et Lyon en 1h25, Clermont-Ferrand et Paris en 2h30 avec 2 arrêts à Moulins et Vichy par exemple (30min de plus que la LGV mais avec deux arrêts), Moulins et Paris en 1h55, Paris-Montluçon en 2h20, Clermont-Ferrand et Nantes en 3h45, Clermont- Ferrand et Orléans en 2h10.
Ainsi, nos territoires ruraux du Cœur de France seraient à nouveau desservis par des relations transversales injustement détournées par Paris.
Les 6 Régions concernées par le projet de LGV POCL (Auvergne, Bourgogne, Centre, Île- de-France, Limousin, Rhône-Alpes) peuvent contribuer à la relance d’une dynamique ferroviaire pour le cœur de France, en finançant une étude interrégionale plus approfondie de l’opportunité du scénario « train à haut niveau de service ». C’est l’objet de cet amendement. Il en va de l’équité vis-à-vis de vastes territoires délaissés par les choix ferroviaires des 20 dernières années, mais aussi de la pérennisation et de l’amélioration des liaisons nord-sud et est-ouest depuis l’Auvergne.
Texte de l’amendement adopté :
« La Région pourra aussi en relation avec les 5 autres régions concernées par le projet de LGV POCL, impulser et participer à une étude interrégionale plus approfondie de l’opportunité du scénario « train à haut niveau de service » sur le réseau ferré dit du Cœur de France ».