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Nos interventions au conseil régional

Dans cette rubrique retrouvez l’ensemble des interventions, prises de position, votes, voeux, publications des élu-es écologistes, session par session.

Toutes les interventions des élu-es

Présentation de « Venez au lycée » : le lycée, une opportunité pour le territoire. Le territoire, une ressource pour le lycée.

Portrait Charles Fournier

Intervention de Charles Fournier. Monsieur le Président, chers collègues,Avant d’exprimer un avis sur cette communication, je voudrais évoquer le contexte dans lequel elle se construit, celui d’une éducation nationale mise à mal, celui des coups portés aux fondements d’une éducation de qualité pour tous.    Les réactions quasi unanimes aux projets de cartes scolaire du premier et du second degré soumises aux CDEN dans les départements, indiquent la profondeur du malaise des professionnels de l’éducation mais aussi des élus locaux. Et il ne s’agit pas là seulement de la question des moyens, bien qu’elle soit centrale, c’est aussi une question de conception de l’éducation, de considération à l’égard des métiers qui en assurent la mise en oeuvre. Sans cesse plus d’élèves dans les classes, la remise en cause des RASED, les ajustements au fil de l’eau des moyens d’enseignement, les réformes de diplômes conçues à la hâte, la mise en concurrence des établissements, le manque de formation proposée aux enseignants et la liste pourrait s’allonger, autant de décisions inappropriés qui ne font qu’aggraver la situation. Il est donc urgent de rétablir les conditions d’un enseignement de qualité . Il en va de l’avenir de nos enfants mais aussi de la dignité  du personnel éducatif. Nous pouvons comprendre , dans ce contexte que toute mesure nouvelle qui arrive puisse susciter interrogation voir méfiance pour certains, envie pour d’autres. La région souhaite d’autant plus maintenir son implication dans les lycées en utilisant tous les leviers qui sont les siens et en proposant des innovations au bénéfice des élèves et de l’ensemble de la communauté éducative. A ce stade, nous est présentée une communication qui vise à ouvrir le débat sur la démarche et qui acte le lancement d’expérimentations et de la concertation voulue la plus large possible. Il n’y a là aucun vice caché, juste des hypothèses de travail qui me semblent tout à fait opportunes pour rendre compte des coopérations d’ores et déjà existantes entre les lycées et leurs territoires d’implantation mais aussi pour leur donner un cadre de progression et d’amplification. Le choix de recourir à l’expérimentation me paraît d’autant plus pertinent en constatant les réactions parfois positives mais aussi parfois teintées d’inquiétude, voir de méfiance. Ce sera l’occasion pour tout un chacun de contribuer à la définition du contrat qui pourrait lié un lycée et son territoire de vie autour d’objectifs de progrès réciproques et au service de l’amélioration du service public d’enseignement et de l’attractivité et du développement du territoire. Si le titre de la communication invite à penser le lycée ouvert, le contenu dit bel et bien qu’il s’agit aussi de considérer le territoire ouvert au lycée, aux lycéens et à l’action éducative. Je pense opportun d’envisager de faire évoluer le titre pour mieux rendre compte des ambitions de cette mesure et rassurer celles et ceux qui y verraient une volonté de pénétrer dans les lycées contre la volonté de ceux qui en ont la responsabilité quotidienne ! Au-delà des dispositifs existants, nombreux et de qualité mais plutôt cumulatifs, c’est l’idée d’un projet partagé, cohérent et inscrit dans le temps qui s’ouvre par la voie de cette mesure.Celles et ceux qui participent à la vie des lycées, aux conseils d’administration, entendent tout comme moi, les besoins qui s’expriment et qui pour partie peuvent trouver réponse dans un échange approfondi et coordonné avec les acteurs du territoire :- les besoins d’accès aux équipements du territoire,- la prise en compte des lycéens dans la vie hors du lycée et en particulier les internes, comme par exemple la prise en compte des projets de ces jeunes, leur accompagnement,- des soutiens à la mise en oeuvre des projets éducatifs portés par les enseignants,- la reconnaissance de l’action culturelle et sportive des lycées,- les enjeux de sécurité à l’abord des établissements, - la gestion des déplacements des lycéens et personnels des lycées- l’approvisionnement des restaurants scolaires...- etc...Ils peuvent aussi entendre les attentes des communes, villes ou agglomération,  quant à la prise en compte de leurs propres enjeux : - le maintien et le développement de filières qui irriguent aussi le territoire, le soutien à l’attractivité du territoire,- le recours aux savoir-faire d’un lycée, comme par exemple ceux du lycée hôtelier de Blois qui très régulièrement est mis à contribution dans les manifestations locales,- soutenir l’activité des acteurs qui font ce territoire : agriculteur, entreprises de la construction, associations d’éducation populaire associations sportives et culturelles, - la place des jeunes dans la vie locale, - la gestion des espaces publics à proximité des établissements scolaires,- l’offre de mobilité dans le territoire, Voici quelques exemples qui montrent combien les coopérations peuvent être nombreuses et diversifiées. Je vois dans cette mesure l’opportunité de donner un cadre pérenne à ces échanges, de les soutenir et de gagner en lisibilité, cohérence et coordination.Les collectivités se sont vues doter de responsabilités croissantes en matière d’éducation, et de soutien aux établissements scolaires. La région est certes en charge des lycées mais elle n’est ni le seul acteur ni le seul interlocuteur des lycées. Sa responsabilité  au côté de celle de l’Éducation Nationale lui permet cependant d’être à l’impulsion des dynamiques voulues au travers de cette mesure.Notre débat ce jour mais aussi l’ensemble des concertations qui sont engagées : rectorat, proviseurs, enseignants, personnels des lycées, parents d’élèves, et lycéens, enrichiront sans aucun doute, ce projet tout comme les trois expérimentations à venir. Quelques petites remarques sur la méthode et en écho à l’avis du CESER. Oui bien entendu ces coopérations devront être à géométries variables tenant compte de la diversité des situations, de la volonté des acteurs et c’est sans doute cela qui est  recherché en voulant non pas construire un dispositif clé en main mais en voulant insuffler, renforcer des dynamiques locales.  Les réponses apportées par la Vice-Présidente me semblent répondre à cette donnée, le choix des trois territoires se faisant en considérant cette diversité. Sur un même territoire, il existe parfois plusieurs établissements. La démarche pourra aussi encourager les dynamiques de projets entre les établissements d’un même territoire, entre chaque établissement et le territoire. Nous pouvons ainsi penser par exemple que la question de l’offre d’activités pour les internes le mercredi puisse constituer une problématique commune entre les établissements et que des réponses communes pourraient se construire en lien avec les acteurs du territoire : un opérateur culturel, un service jeunesse d’une collectivité, un club sportifs, etc...A travers cet exemple je voudrais répondre aussi à une des interrogations du CESER quant au territoire du lycéen, en particulier quand celui-ci a un recrutement régional voir au-delà. Il me semble que nous pouvons tomber d’accord sur l’idée que le territoire est d’abord est celui que l’on vit et que l’on pratique. Il est certes parfois possible de pratiquer et vivre deux territoires, selon que son activité de formation ou professionnelle et son lieu de résidence sont dissociés ou pas. L’importance du temps scolaire, de la vie scolaire pour les lycées, les conduit aussi à vivre le territoire à y rechercher d’autres réponses à leurs besoins, à leurs projets. Cette mesure est aussi la possibilité de considérer une place pour cette jeunesse dans la vie locale. Pour finir, je voudrais dire quelques mots sur l’idée d’économie que précise la communication et qui a également fait débat au sein du CESER. Je crois qu’il ne faut jouer à se faire peur. Oui les temps sont durs et invitent la région comme toutes les collectivités à faire bon usage des deniers publics. Oui il convient de penser des projets générateurs d’économies. Non il ne s’agit pas de faire moins, de dépenser moins mais de dépenser mieux. Cette exigence s’applique à toutes nos politiques. Et là aussi il est possible de générer de l’économie, au sens d’une production induite de biens et de services, au bénéfice du territoire ou du lycée. Les écologistes vous l’avez compris soutiennent pleinement l’orientation qui est proposée par la Vice-Présidente, je ne reviendrais pas sur mon propos introductif sur la situation de notre service public d’éducation mais nous avons bien en tête que ce contexte invite encore plus que d’ordinaire à l’écoute et à une concertation réussie avec toutes et tous. Ce projet n’a pas été pensé en voulant tout réinventer, il s’appuie sur ce qui existe, il cherche à améliorer les rouages, à donner de la cohérence, il assemble ce qui est parfois séparé, il ouvre à des modalités de gouvernance différents, en ce sens il correspond pleinement à ce que nous défendons au travers de l’écologie politique, penser globalement les enjeux et agir localement, faire des choix au service du progrès humain dans un monde aux ressources contraintes.  ...

Voeu : Pour l’extension du périmètre des PPI des centrales nucléaires de Belleville (18), Dampierre (45), Saint-Laurent (41), Chinon (37) et Civaux (86)

Suite aux catastrophes survenues à Tchernobyl et à Fukushima, nous savons que la zone directement concernée par les conséquences tragiques d’un accident nucléaire s’étend sur un rayon allant jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres. L’accident nucléaire japonais de mars 2011 établit clairement que les radiations ne restent pas confinées dans un périmètre restreint autour de la centrale : la zone située dans un rayon de 20 kilomètres a dû être évacuée et le taux de radioactivité relevé à Tokyo,  à 250 kilomètres, s’est ainsi révélé très supérieur aux normes tolérées. Surtout, il est avéré aujourd’hui que la ville de Fukushima (300 000 habitants), qui a été maintenue hors de la zone évacuée par le gouvernement japonais, est pourtant contaminée bien au-delà des normes admissibles.En France, où se trouvent 58 réacteurs en fonctionnement répartis dans 19 centrales, ainsi que de nombreuses installations civiles et militaires, le Plan particulier d’intervention (PPI) est un outil central de la gestion d’une situation accidentelle sur une installation nucléaire. Destiné à protéger les populations, les biens et l’environnement à l’extérieur de l’installation accidentée, ce PPI prévoit notamment le déclenchement de mesures sous la direction du représentant de l’Etat. Il est permis de s’interroger sur la réelle efficacité des PPI existants autours des 19 centrales puisqu’ils reposent sur une analyse de l’IRSN effectuée dans les années 1980 et elle-même fondée sur une étude américaine réalisée par des chercheurs du MIT en 1975, le rapport WASH-1400, lequel ne prenait pas en compte un scénario de niveau 6 ou 7 sur l’échelle INES. En définitive, notre organisation de gestion de crise ne prend pas en compte le risque d’accident majeur !De surcroît, le périmètre des PPI des 19 centrales françaises, dont 4 se trouvent sur le territoire de la région Centre (Belleville, Dampierre, Saint-Laurent et Chinon) et une cinquième à proximité immédiate (Civaux), est de toute façon bien trop réduit : il organise simplement l’évacuation des habitants dans un rayon de 2 kilomètres autour de la centrale et le confinement dans un rayon de 10 kilomètres.Le décret du 13 septembre 2005 relatif aux PPI ne prévoyant aucun périmètre précis quant à la détermination de la zone d’application du plan, celle-ci peut donc tout à fait être élargie à l’initiative du Préfet.Il est en effet essentiel que soient prévues les modalités de l’intervention des services de secours et des pouvoirs publics locaux ainsi que les mesures de protection des populations en cas d’accident (évacuation, mise à l’abri, ingestion de comprimés d’iode stable, …).Rappelons que l’OMS, depuis la catastrophe de Tchernobyl il y a bientôt 30 ans, préconise des périmètres beaucoup plus larges que ceux actuellement englobés par les différents plans d’urgence conçus par les Etats.En conséquence, le Conseil régional du Centre, réuni ce 22 mars 2012 à Orléans, considérant que son territoire concentre 4 centrales nucléaires et qu’une cinquième se trouve à proximité immédiate, considérant aussi qu’il est impossible de prévoir exactement la dispersion des éléments radioactifs en cas de catastrophe nucléaire, demande que l’ensemble des communes de la région soient concernées par les mesures qui relèvent des PPI et donc que l’ensemble des habitants soient préparés à gérer une crise.Le projet de réforme 2013 de la Politique Agricole Commune prévoit de maintenir et même d’amplifier les soutiens dans les zones dites « à contraintes naturelles ».Voeu rejeté : Vote pour du groupe EELV - Vote contre du groupe PS - Abstention du groupe PC/FG - Non participation au vote des groupes UMP et FN ...

Voeu : Agriculture et solidarité territoriale : pour le maintien de la prise en compte des zones défavorisées en région Centre

Le projet de réforme 2013 de la Politique Agricole Commune prévoit de maintenir et même d’amplifier les soutiens dans les zones dites « à contraintes naturelles ». Mais parallèlement la Commission européenne a présenté le 21 avril dernier une communication visant à redéfinir ces zones en modifiant les critères de classement, en particulier en ce qui concerne les zones défavorisées simples. Ces nouveaux critères excluent la majorité des 635 communes actuellement classées en zone défavorisée dans la région Centre et n’intègrent hélas toujours pas les zones humides.Or la moitié de l’espace agricole régional est en zone défavorisée et les espaces agricoles concernés :    - sont principalement utilisés par l’élevage (83% de l’élevage bovin viande de la région) ;    - sont souvent des territoires en grande difficulté économique et sociale et où l’agriculture a du mal à se maintenir : la quasi totalité du Sud régional.Les aides versées représentent autour de 10 millions d’euros pour la région et concernent l’Indemnité Compensatoire de Handicap Naturel, qui permet de limiter l’écart de revenu entre les agriculteurs de ces zones  et ceux du reste de la région.Par ailleurs, le classement en zone défavorisée permet d’abonder la dotation jeune agriculteur en moyenne de plus de 4000 euros dans les territoires où les candidats à l’installation sont les plus nombreux. Il permet aussi la bonification de leurs prêts.Les formes d’élevage qui peuvent être développées dans ces territoires, positives pour le maintien de l’emploi agricole, sont également plutôt favorables pour la protection de la biodiversité et pour la qualité des paysages.C’est pourquoi, considérant l’importance de cet enjeu pour l’économie agricole régionale, le Conseil régional du Centre, réuni le 22 mars 2012 à Orléans, demande :    - la révision des critères retenus par la Commission pour le classement des zones défavorisées ;    - la prise en compte des difficultés spécifiques des territoires ruraux à faible potentiel agronomique de la région Centre ;    - le maintien des zones défavorisées actuelles dans le dispositif des aides compensatoires de handicap naturel, d’abondement des dotations jeunes agriculteurs et de bonification des prêts  aux exploitations.Voeu rejeté : Vote pour du groupe EELV - Vote contre du groupe PS - Abstention du groupe PC/FG - Non participation au vote des groupes UMP et FN ...

Session du 26 Janvier 2012

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  Session du 26 Janvier 2012 Rapport : Avis PRS et Plan Urgence Santé ...

Présence territoriale des services de santé : l’écologie c’est la santé

Portrait Jean Delavergne

Intervention de Jean Delavergne. La question de la santé est au cœur des problématiques des écologistes. Contrairement aux affirmations de certains plumitifs à la mode… selon lesquelles nous, les écologistes, nous intéresserions plus aux petits oiseaux qu’à l’homme, si nous plaçons en tête de nos préoccupations l’environnement qu’il soit l’environnement naturel mais aussi l’environnement au travail ou encore l’habitat et l’urbanisme c’est justement parce que nous savons qu’il s’agit là des conditions qui déterminent la bonne santé et le bien être des hommes, des femmes et des enfants d’aujourd’hui ainsi que celles des générations futures. Aujourd’hui, une réelle politique d’éducation et de prévention,  de santé environnementale et au travail constituent avec la politique de soins, le trépied d’une politique efficace au service de l’intérêt général. Il faut bien évidemment s’intéresser à tout ce qui touche au dépistage des maladies et aux soins et donc à l’offre de santé. Saadika Harchi y reviendra de façon détaillée au début de la session du CR, qui sera ouverte, bien tard à notre avis, à l’issue de cette rencontre avec le CESER et des experts. Disons déjà qu’il ne faut pas réduire cette question de l’offre de soins à celles des médecins même si nous sommes parfaitement d’accord sur la gravité de cette question. Mais nous sommes pour l’instant dans un échange de points de vue sur la santé en région Centre, je vais consacrer une bonne partie de mon intervention aux graves insuffisances du PSR en ce qui concerne la santé environnementale et la santé au travail. Avant cela il faut rappeler tout de même dans quel contexte national s’inscrit ce débat sur la santé. 1°) le contexte national Il y a quelques jours, M le directeur de l’agence régionale de santé, représentant direct du gouvernement en matière de santé dans la région, vous veniez confirmer devant le conseil général de l’Indre le projet de fermeture du service de maternité de l’hôpital du Blanc. Cette décision se fonde sur des objectifs de rentabilité qui caractérisent l’ensemble de l’action gouvernementale. Il s’agit d’une nouvelle étape dans la remise en cause généralisée des services publics de proximité, à laquelle les écologistes sont fermement opposés. Il faut rappeler d’abord les succès remportés par l’Etat-Providence depuis 1945 en termes de santé. Cela peut-être mesuré par un seul chiffre : L’espérance de vie était de moins de 70 ans en 1960 (69,9) elle est aujourd’hui de plus de 80 ans aujourd’hui (81,1 en 2009). Le système de santé français a souvent été cité en exemple et il y a seulement dix ans, l’Organisation mondiale de la santé le plaçait au premier rang mondial ! Ces succès ont été obtenus dans le cadre d’un système de sécurité sociale et de mutuelles hautement socialisées. Et il faut rappeler sans cesse que grâce à ce système nous avons obtenu des résultats nettement supérieurs à ceux d’un pays ultralibéral comme les USA pour un coût inférieur : les dépenses de santé représentaient 15% du PIB B aux USA en 2004 contre seulement 10% en France. Mais ces 10% du PIB qui échappent en grande partie au capitalisme financier suscitent bien des convoitises dans notre pays. C’est ce qui explique que comme dans d’autres domaines, le président Sarkozy n’a eu de cesse de faire porter le financement des services publics de santé par  les usagers. On connaît les résultats : après 10 ans de gouvernements de droite, en matière de politique de santé, le bilan est aujourd’hui préoccupant. L’instauration des franchises médicales en 2008, l’augmentation de la participation des complémentaires santé au financement de la CMU, les dépassements de plus en plus fréquents d’honoraires,… pèsent sur les usagers les plus modestes et les personnes les plus malades. Ce sont les plus pauvres qui trinquent et les inégalités se creusent. La loi « Hopital Patient Santé et Territoire», adoptée en 2009, a fait entrer les dépenses de santé dans la logique de marché. Elle conduit à privilégier pour l’hôpital les critères de rentabilité financière au détriment des malades « non rentables » et de ses missions de service public. La logique est claire : c’est celle d’une privatisation croissante de la santé remettant en cause les progrès de civilisation réalisés depuis la deuxième mondiale. Et 2012 doit nous donner la possibilité de mettre un coup d’arrêt à cette entreprise de désagrégation de notre système de santé. 2°) PASSER D’UNE LOGIQUE DE SOINS A UNE LOGIQUE DE SANTE Cela veut-il dire pour autant qu’il suffirait de poursuivre dans la voie ouverte par la création de la sécurité sociale en 1945 ? Qu’il n’y aurait pas de nouveaux enjeux ? En fait la question de la santé dépasse celle de l’organisation des services publics. Il est nécessaire de repenser non seulement notre offre de soin et le soutien aux filières du prendre soin, mais aussi leur inscription dans un mode de vie à renouveler et dans un environnement à protéger. Aujourd’hui , les principales causes de mortalité et de souffrances modernes sont dues à des maladies de civilisation : cancers, maladies cardiovasculaires, asthme, diabètes, allergies, dépressions, alcoolisme… Selon l’Organisation mondiale de la santé, ces maladies de civilisation sont responsables de 86 % des décès et représentent 77 % des cas de maladies en Europe. Autant dire que leur impact sur notre célèbre “trou de la Sécu” n’est pas négligeable, voire augmente. Rappelons tout de même que dans la plupart des pays développés le poids des dépenses de santé par rapport au PIB a pratiquement doublé des années 1970 aux années 2000. : en France 1970 >5% ; 2004 > 10% . Notre santé coûte cher et c'est bien normal : la santé est un bien précieux. Mais il y a d'autres façons d'aborder cette question qui ne sont pas assez mises en évidence. Pour les écologistes la solution n’est pas seulement dans le curatif elle doit être d’abord dans la prévention. Beaucoup de problèmes de santé sont liés aux pollutions de l’environnement, à nos modes de vie et à la mauvaise qualité des relations entre les humains, qui génèrent stress et mal-être.Nous avons donc des marges de manœuvre ! Il faut agir sur les causes de nos maladies et de nos afflictions. La prévention, fondée sur la protection de l’environnement, sur l’éducation et la promotion de la santé, est une réponse à développer dans notre système de santé. Les écologistes proposent donc de repenser l’action publique sanitaire à partir de la maladie et de la médecine, mais aussi à partir de la protection du bien-être et de l’amélioration de la qualité de vie. La crise de notre système de santé est structurelle et ne se résoudra pas uniquement par la mobilisation de nouvelles ressources financières.Plus que des traitements thérapeutiques, c’est un changement de société que nous devons prescrire. Une telle approche permettra en outre de réduire les inégalités sociales de santé en s’attaquant aux causes profondes qui touchent inégalement les habitants de notre région. Est-il encore acceptable qu’en moyenne les ouvriers aient plus de 6 années d’espérance de vie de moins que les cadres ? (2000-2008 : espérance de vie à 35 ans pour les hommes ouvriers 40.2, cadres 47.2) Il n’est pas non plus acceptable que nous devions constater une mortalité générale et prématurée, plus marquée dans les territoires du Cher et de l’Indre, ainsi que dans les cantons du nord-ouest de l’Eure et Loir que dans le reste de la région. Il faut le répéter ce sont les plus modestes qui souffrent le plus de la dégradation de notre environnement que ce soit au travail ou dans le reste de notre vie : qualité de l’eau, de l’air, de l’habitat… Les constats de différences territoriales de mortalité mettent en lumière les inégalités sociales de santé car ils demeurent étroitement liée à la structure socio-démographique de ces mêmes territoires (part d’ouvriers, de cadres, de bénéficiaires de minimas sociaux, etc). Si l’on veut aborder sérieusement la santé par ce biais environnemental il faut cependant bien être conscient des obstacles qui existent. Ces obstacles portent un nom : il s’agit des lobbys de toutes sortes qui agissent pour préserver des intérêts financiers au détriment de la santé publique. Il y a d’abord les lobbys de l’industrie pharmaceutique. Avec les affaires du Mediator et celles des implants mammaires est-il bien nécessaire de rappeler ici les graves insuffisances des organismes publics de contrôle, de la nécessité de les développer et de les rendre beaucoup plus indépendants ? Mais il y a aussi tous les lobbys qui agissent dans le domaine de l’alimentation : l’industrie du sucre par exemple ou encore celle des sodas. Le sucre est partout, favorisant en même temps l'obésité et, quelques années plus tard la propension au diabète de l'adulte. Et on a bien vu comment Coca-Cola France par exemple a pu devenir très menaçant quand le gouvernement a tenté de justifier sa taxe sur les sodas par la lutte contre les boissons trop sucrées. Dans une région comme la notre on connait aussi le poids du lobby nucléaire bien représenté y compris sur les bancs de cette assemblée et cela explique sans doute pourquoi l’analyse du risque nucléaire pour la santé en région centre est évoqué de façon si sibylline dans le document de l’ARS, alors même qu’au moins depuis Fukushima chacun devrait avoir bien compris qu’un accident nucléaire majeur, dont l’ASN a confirmé que la probabilité ne pouvait être considérée comme nulle, aurait des conséquences graves au moins pour plusieurs départements selon qu’il surviendrait dans une des 4 centrales réparties au long de la Loire ou dans celle de Civaux non citée dans le document alors qu’elle est à moins de 50 kms de l’Indre.Enfin dans notre région aussi comment ne pas évoquer le poids du lobby de l’agro-business ? Dans le domaine des pesticides, par exemple nous connaissons bien les très puissants lobbies qui asservissent les agriculteurs en leur imposant un usage excessif de pesticides sans se préoccuper ni de la santé de ceux qui sont chargés de les épandre, ni de la santé des consommateurs, ni de la qualité des nappes phréatiques, ni de celle de l’air. Des lois sont votées mais, encore une fois, elles font figure de poudre de perlimpinpin face au poids des lobbies. Vous le voyez, mesdames et messieurs, une politique de prévention bien comprise, incluant non seulement des conseils d'hygiène de vie (alimentation, alcool, tabac,...) mais aussi une lutte acharnée contre ces lobbies de toutes sortes qui se foutent de notre santé permettrait d'économiser des dizaines et des dizaines de milliards d'euros. Pour réagir, Eva Joly, dans son programme, propose d'augmenter fortement la taxe sur les pesticides ou encore de tripler l'effort financier que le gouvernement demande à l'industrie pharmaceutique.  En somme, la santé ne pourra être maintenue et améliorée, sans faire exploser le budget de la sécurité sociale, que par la mise en place d'une véritable politique de prévention et de réduction des risques auxquels nous sommes exposés au quotidien. 3°) Amendements C’est à la lumière de cette vision globale de la santé que nous proposerons un certain nombre d’amendements tout à l’heure en session plénière du Conseil Régional, session dont nous regrettons d’ailleurs l’heure tardive de son ouverture. Les amendements les plus nombreux porteront sur l’avis sur le PSR présenté par l’ARS. Sur la partie concernant l’offre de soins nous reprenons à notre compte la plupart des réserves formulées dans l’avis qui nous est soumis dans le rapport. Nous proposerons cependant un amendement sur la santé mentale considérant indispensable de remédier à la grande pénurie de moyens de ce secteur en particulier en direction des jeunes. Nous demanderons aussi que la partie prévention et en particulier tout ce qui touche à la santé environnementale soit beaucoup plus développée.Nous demanderons aussi que soient engagées par l’Etat au niveau de la région des études épidémiologiques sur deux séries de problèmes caractéristiques de la région : - d’une part sur les conséquences pour la santé humaine de l’exposition élevée aux nitrates et pesticides particulièrement dans la Beauce et la Champagne Berrichonne - d’autre part sur l’impact sanitaire de l’activité des réacteurs nucléaires dans l’environnement immédiat de ces centrales : il s’agirait en particulier d’approfondir les rares études sur la leucémie des enfants. Nous demanderons aussi que soit élargi à l’ensemble de la région les plans d’intervention en cas de catastrophe nucléaire considérant assez dérisoires les mesures envisagées jusqu’ici qui limitent le confinement aux personnes vivant dans un rayon de 10 kms et l’évacuation seulement à celles vivant dans les 2 kms autour de la centrale. En attendant qu’on puisse fermer ces centrales il serait plus que temps de tirer des leçons sérieuses de Fukushima et de ce qu’il convient de faire pour protéger au mieux les populations en cas de catastrophe. Pour ce qui concerne maintenant le plan-santé du conseil régional, nous nous réjouissons de voir la place occupée par la prise en compte de la santé environnementale à travers l’ensemble des politiques régionales actées en particulier récemment dans le SRADDT. Mais nous souhaiterons aussi que la question de la santé au travail soit plus prise en compte dans les conditionnalités des aides économiques en ciblant notamment les risques CMR ( Cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques) trop sous-évalués jusqu’ici ainsi que le stress et la souffrance au travail provoquées par des formes de management de plus en plus insupportables. Enfin en ce qui concerne l’offre de soins nous insistons sur l’exigence de véritables projets de santé de territoire pour la création des Maisons de Santé Pluridisciplinaires : il est facile d’inaugurer de beaux bâtiments mais plus difficile de faire en sorte que ce ne soit pas des coquilles vides ! Nous affirmerons pour finir – mais cela est pour nous essentiel- qu’à côté des efforts indispensables à mettre en œuvre pour réagir contre la désertification médicale il est aussi essentiel de développer notre intervention dans un domaine de notre compétence directe : celui de la formation des infirmiers. Saadika Harchi montrera que l’effort proposé à la Région par le rapport, pour notable qu’il soit, ne permettrait pas de corriger le très fort déficit d’infirmiers dans notre région nous proposerons donc de passer à 500 l’augmentation des formation d’ici 2020. Mesdames, messieurs, la santé est une préoccupation majeure de nos concitoyens. Tant en terme d’efficacité qu’en terme de moyens financiers elle ne pourra être sérieusement protégée et améliorée dans les prochaines décennies sans passer seulement d’une logique de soins à une logique globale de santé donnant une bien plus grande place qu’aujourd’hui à la santé environnementale, à la prévention et à la promotion de la santé. Pour faire court on peut dire aujourd’hui qu’à notre époque l’écologie c’est la santé et que la santé c’est d’abord l’écologie ! ...

Présence territoriale des services de santé

Portrait Saadika Harchi

Intervention de Saadika Harchi. Monsieur le président, mes chers collègues,Le projet régional de santé met l'accent sur les questions de santé environnementale, notamment dans son diagnostic. Il précise que 20 à 30 % des cancers sont d'origine environnementale et que leur évolution est en très forte hausse. Pour autant, si les actions de santé environnementale peuvent avoir un effet sur la santé dans des délais immédiats, force est de constater que cela n'est possible que si des moyens importants sont engagés. Cela n'est pas à le cas à l'heure actuelle puisque ces 3 dernières années les financements accordés par l'Etat à l'ARS Centre ont très fortement baissé, notamment dans le champ de la prévention.Les maladies chroniques représentent 60 % des dépenses de santé. Prévenir, c'est s'attaquer à la surconsommation de soins et de médicaments. Prévenir, c'est donc diminuer nos futures dépenses de santé. Nous dépensons 17 milliars de plus que les Anglais dans le champ de la santé, pour autant la seule logique comptable est socialement injuste. En effet près d'un quart des Français renoncent à se soigner ou diffèrent leurs soins pour raisons financières. Compte tenu de l'augmentation du nombre de personnes en dessous du seuil de pauvreté, cette situation ne peut que s'aggraver. La France se situe parmi les derniers pays de l'Europe de l'Ouest quant aux inégalités sociales de santé. Les inégalités sociales et territoriales de santé dans notre région doivent guider nos décisions. Les différents rapports de l'ARS devraient poser cet impératif de manière transversale à tous les schémas proposés.Nous regrettons que la politique de santé de l'ARS ne s'appuie pas suffisamment sur l'ensemble des déterminants de santé en cause dans les inégalités observées. Nous ne pouvons que nous féliciter de l'engagement du Conseil régional dans le dispositif de prévention de la santé des jeunes. Ce dispositif répond aux attentes des jeunes, des familles et des équipes éducatives des lycées, des lycées professionnels, des lycées agricoles publics et privés, des centres de formation d'apprentis.Dès sa mise en oeuvre, ce sont 34 établissements qui portent des projets dans le champ des conduites à risque, que ce soit dans la prévention des addictions, dans la vie sexuelle et affective, dans le champ d'une alimentation saine et équilibrée ou dans celui de l'environnement. A ce titre, l'enquête sur la santé des jeunes, que l'observatoire régional de la santé a mené à notre demande, présente des résultats particulièrement intéressants. Ces résultats attendus par les élus, les équipes éducatives, les jeunes, les partenaires et les associations vont être présentés très rapidement.Cette étude met à jour les questions de mal-être des jeunes et nous ne pouvons que regretter que le PRS ne prévoit pas la création d'une structure "soins-étude" dans la région Centre. Cela est d'autant plus dommageable lorsque l'on sait que le taux de suicide de notre région est l'un des plus élevés de France. Le PRS fait un focus sur la territorialisation de sa mise en oeuvre au travers des Contrats locaux de santé (CLS). A ce jour seul le Contrat local de santé de l'Indre dispose d'un Contrat local de santé mentale (CLSM).Nous n'insistrerons pas longuement sur la question de la pénurie d'infirmières dans notre région. Pourtant, il nous manque à ce jour plus de 3 800 infirmières et comme l'a présenté Madame BURDILLAT ce matin, la région Centre est la dernière région de France avant les DOM en terme de densité infirmière par habitant.De même que nous avons interpellé les services de l'Etat quant à leur responsabilité pour répondre aux problèmes de la densité médicale, nous souhaitons qu'ils soient aussi sollicités pour mettre en adéquation les moyens aux besoins en professionnels paramédicaux, notamment les infirmières.Nous proposerons à ce titre, pour pallier en partie les problèmes inhérents à la densité des infirmières un amendement concernant le nombre d'infirmières à former d'ici 2020. Concernant la formation des infirmières, les services de l'Etat viennent de modifier leur référentiel de formation, ce qui aggrave les difficultés de mise en oeuvre de cette formation. Ces changements de référentiel par l'Etat ne s'accompagnent pas des moyens humains et financiers nécessaires à l'universitarisation de cette formation. Le risque est de voir baisser encore plus le nombre d'infirmières formées.Lors d'une visite de l'IFSI du CHU de Tours, en présence du Président du Conseil régional et du Vice-président délégué à la Santé, nous avons pu apprécier les 2 nouveaux amphis offerts aux étudiants qui nous ont fait part de leur satisfaction... même si le transfert des formations sanitaires et sociales au Conseil régional ne s'est pas accompagné des compensations financières à la hauteur des besoins en investissement ! A cette occasion, les étudiants et leurs formateurs nous ont aussi fait part des difficultés rencontrées lors de l'organisation de leur stage pratique. Les nouveaux référentiels imposés par l'Etat ont doublé la durée de ces stages à 10 semaines, ce qui les situe tous aux mêmes périodes de l'année : les services de soins ne peuvent répondre de manière favorable à ce besoin de formation pratique des étudiants.Ainsi donc, et pour conclure, ceux qui décident ne sont pas toujours ceux qui assument. Il en est ainsi de l'Etat. Le devoir de l'Etat est de protéger ceux dont il a la charge.Je vous remercie de votre attention. ...

Présence territoriale des services de santé : la santé au travail

Portrait Sandra Renda

Intervention de Sandra Renda. Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, La santé au travail n'est pas une question individuelle mais collective.La souffrance au travail est une réalité et cette souffrance qui a de graves conséquences sur la santé, naît très souvent de difficultés dans l'organisation du travail.Les relations entre santé et environnement doivent être considérées comme des enjeux de société, dont les porteurs sont les citoyens et les institutions qui les représentent, et non les acteurs économiques. La valorisation de la recherche ne doit pas se limiter à l'obtention de résultats attendus par les entreprises et à l'acquisition de brevets.La recherche santé-environnement et santé-travail produit des outils de surveillance et de prévoyance.Le stress peut conduire à un épuisement, voire dans les cas les plus graves au suicide.Un phénomène difficilement quantifiable même si l'on évoque 300 à 400 suicides par an liés à des raisons professionnelles.Il est temps de se pencher sur la question de la souffrance au travail.De grandes entreprises Renault, PSA, La Poste ont créé des "observatoires du stress" et des numéros verts de soutien psychologique. Mais ces mesures sont discutables si elles ne s'intègrent pas à une politique de prévention.Il faudrait plutôt remettre en cause les facteurs de stress qui sont la précarisation des emplois, l'intensification du travail et la complexification de l'organisation des entreprises.La lutte pour la santé au travail est inséparable de la lutte contre la précarisation au travail (ex des centres d'appels).Les questions de santé au travail posent avec force la question de la démocratie au travail : "Ne pas perdre sa vie en la gagnant" suppose que l'on puisse s’exprimer ou participer à l’amélioration des conditions de travail, ce qui dans les textes est possible mais beaucoup moins évident sur le terrain. L'OCDE n'hésite pas à qualifier la santé mentale de "nouveau défi prioritaire pour le marché du travail". Le stress au travail c’est de la qualité et de la productivité en moins donc du chiffre d’affaires perdu. A un moment où chacun cherche du point de croissance afin de relancer l’activité et de réduire ce cancer social qu’est le chômage voilà un levier sur lequel il faut agir sans investir le moindre euro.On commence enfin à s'apercevoir des dégâts d'une gestion par le stress qui ne se traduit pas dans sa gravité que par des suicides au travail. La question du travail constitue avec la « relocalisation » l'axe principal d'une véritable politique écologiste.Le rôle des médecins du travail devrait être accentué. Or, sur les 6 premières années d'étude de médecine, seules 9 heures sont consacrées en moyenne à la médecine et santé au travail.Il n'est donc pas étonnant que cette discipline soit méconnue des étudiants, ce qui ne favorise pas une orientation vers la médecine du travail. Pourtant, la santé du travail est une branche de la santé publique et les professionnels de santé au travail devraient être systématiquement associés à la mise en œuvre des réseaux de veille sanitaire.L'inscription de la médecine du travail dans des démarches de professionnalisation comparables à celles menées par la médecine des soins est de nature à rendre plus attractive cette profession auprès des étudiants. L'idée serait peut-être d'organiser régionalement des "Etats Généraux" de la santé au Travail.Mais en même temps la médecine du travail, vous le savez, est un outil crée et contrôlé par les chefs d’entreprise ce qui parfois peut aboutir à des initiatives arrangeantes pour l’un donc néfaste pour les salariés. Imaginez que le spécialiste de la médecine du travail, au vu des arrêts nombreux et répétitifs, préconise des améliorations ergonomiques dans un atelier pour réduire voire supprimer un mal être. Cette proposition nécessitera des investissements. Les trésoreries des entreprises étant limitées, au moins pour ce type de dépenses, on continuera à produire tout en sachant que la richesse générée aura un impact certain sur les salariés. La médecine du travail est confrontée à ce genre de dilemme au quotidien. L'image de la médecine du travail ne peut être durablement modifiée, dans le cadre d'un plan de communication, que par des actions de communication institutionnelle initiées par les pouvoirs publics et les professionnels. Enfin et la boucle sera bouclée lorsque l'on se rend compte que le consommateur malade est aussi un salarié impliqué dans une production qui le rend malade. Ceux-là même qui nous nourrissent sont les premières victimes d’une agriculture productiviste les contraignant à utiliser des produits phytosanitaires nocifs pour leur santé et leur sécurité. A partir de décembre prochain, la maladie de parkinson pourra être reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs.Entre 2002 et 2010, la MSA a recensé 80 cas de cancers reconnus comme maladie professionnelle.A ce jour, la France est le plus gros utilisateur européen de pesticides et se classe même en deuxième position mondiale après les Etats-Unis La commission supérieure des maladies professionnelles en agriculture (Cosmap) a donné son accord pour la création d'un nouveau tableau portant sur les "maladies neurodégénératives liées aux produits phytosanitaires".Cette avancée importante ouvre le nécessaire et urgent débat sur les conséquences de l'usage des produits chimiques et agents cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques sur la santé des paysans. Face à notre souci de manger sain et bio, il ne faut pas oublier que les premiers exposés aux pesticides pulvérisés dans les champs sont les paysans et tous ceux qui sont sur le terrain : salariés agricoles, saisonniers, petits exploitants, résidents en lisière d’exploitations, écoles, entreprises, communes rurales…Leurs employeurs se sentent beaucoup moins concernés n’étant pas en contact direct avec les produits utilisés lors de leur introduction dans la nature. D'ailleurs, le syndicat qui les représente le mieux, la FNSEA a voté contre la création de ce tableau…En effet, pourquoi mettre au grand jour ce que chacun sait en le taisant. Et pourquoi se taisent-ils ? Les enjeux économiques, la pression des coopératives ou des systèmes de distribution sont trop grands.Monsieur Beulin n'a t-il pas annoncé sur RTL le 21 janvier 2011 dernier que le cas de Yannick Chenet, un agriculteur décédé quelques jours avant d'une leucémie due au pesticides était un cas isolé ? Ce commentaire fallacieux est le premier argument évoqué dans une entreprise après un coup de folie ou un suicide de salarié. D’abord l’employeur essaie de reporter le problème sur des problèmes familiaux de la victime. L’enfer est au dehors du contexte incriminé et dans incriminé j’entends parfois le mot crime… Et que les dispositifs d'épidémie surveillance étaient performants en France rajoute Monsieur Beulin ?! Mais bien sûr ! Dormez tranquilles braves gens nous assurons ! C’est ce que disait l’agence du médicament avec le médiator qui, on le sait maintenant a gravement altéré la santé de milliers de patients. Voulez-vous couvrir une nouvelle bombe sanitaire, après celle de l’amiante dont on nous disait que du bien ?Les certitudes de Monsieur Beulin tranchent avec la réalité quotidienne des utilisateurs de pesticides, qui se plaignent régulièrement, et plus en plus, de diverses affections chroniques ou persistantes. Parmi les symptômes recensés par Phyt’attitude, le réseau de surveillance toxicologique de la MSA, qui fonctionne depuis une dizaine d’années, on note : des symptômes cutanés (démangeaisons et brûlures), digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales), neuromusculaires (maux de tête, vertiges ou fourmillements) et ophtalmologiques. Si les données épidémiologiques manquent en France, on sait aujourd’hui, grâce à des études réalisées ailleurs dans le monde (et notamment aux Etats-Unis), que les pesticides peuvent causer des maux plus graves encore. Notamment des cancers, des troubles de la reproduction (infertilité, malformations, enfants mort-nés, fausses couches) ou risques neurologiques (comme la maladie de Parkinson).Rendons hommage à Yannick Chenet, ce viticulteur Charentais victime de pesticides est décédé après s'être battu pendant 8 ans contre la maladie.Sa détermination lui a permis de faire admettre le caractère professionnel de cette maladie liée à l'utilisation des pesticides. Pour le moment, sur le million d'agriculteurs et salariés agricoles français dont la majorité utilise des pesticides, ils ne sont qu'une trentaine à avoir obtenu la reconnaissance de la maladie professionnelle.Alors la santé des agriculteurs, ça commence à bien faire ? Dès demain, quand vous achèterez votre pain, produit avec du blé de la Région Centre, ou lorsque vous consommerez 5 fruits par jour pour que votre santé soit bonne, posez-vous cette question : est-ce que le prix que je paie pour ces produits issus de l’agriculture industrielle valent le prix de la santé de ceux qui les ont produits ?Nous écologistes, nous disons NON ! Et je sais que vous tous êtes d’accord en dehors de toute considération politique. On travaille pour vivre, on ne travaille pas pour que d’autres vivent de notre disparition et s’en portent bien ! ...