Intervention d’Andrée Buchmann
Monsieur le Président chers collègues,
La démarche qui est engagée est novatrice et en avance par rapport aux institutions actuelles et s’inscrit comme chacun dans la philosophie des écologistes.
Mais il faut gagner le référendum et le gagner, c’est faire en sorte qu’au moins 25 % des inscrits de chaque département votent oui. Et le oui ce n’est pas gagné. Et la participation, ce n’est pas gagné. Et il ne suffit pas de dire : « on va faire des économies », ce qui n’est pas sûr, « on va être plus efficace », peut-être, « l’Alsace sera plus forte », peut-être.
Ces arguments suffisent-ils pour mobiliser, pour donner envie de se déplacer pour aller voter ? Ce ne sont pas les retours que j’ai. Ni en milieu urbain, ni à la campagne, notamment dans le Sundgau que je connais bien.
La question fondamentale qui est au fin fond des personnes et qui n’est pas toujours exprimée, parce que l’on répète souvent ce que disent les médias, et que pour l’instant ce n’est pas là-dessus que portent les commentaires des médias, la question fondamentale est : mais faire tout cela, POUR QUOI FAIRE ? Donc, quelle Alsace voulons-nous ? Qu’est-ce que c’est qu’être alsacien ? Qu’est ce qui fait un peuple, qu’est-ce qui tient ensemble les personnes ? Les institutions certes, les territoires, certes, mais pas seulement et pas exclusivement. Il y a des peuples qui ont perduré à travers les aléas de l’histoire malgré parfois le fait qu’ils aient perdu leur territoire, malgré le fait que parfois il y ait eu des persécutions. Et ces peuples existent toujours car ils ont su préserver leur langue et leur culture. Et c’est la raison pour laquelle j’insiste constamment sur l’importance de la question linguistique et culturelle. Et sur la nécessité d’associer le plus grand nombre à nos débats, à nos décisions.
J’ai déjà formulé des doutes sur notre capacité à faire des propositions dans ce domaine-là à travers la manière dont sont menées les Assises de la Langue et de la Culture actuellement. Ce ne sont pas des Assises, ce sont des consultations. De plus, ces consultations ne tiennent pas compte de la réalité actuelle de la société alsacienne, qui est une société avec une colonne vertébrale très ancienne, mais aussi avec des peuples qui se rajoutent. Il y a une merveilleuse diversité, une variété unique, une richesse, et tout cela, c’est de la force pour notre région, et c’est de l’énergie pour notre région. Mais je pense qu’on peut faire mieux et c’est important de faire mieux.
Je vous remercie monsieur le Président d’avoir accepté la proposition qui a été formulée par Jacques Fernique qu’il y ait des passages en allemand, et c’est important que ce soit l’allemand parce qu’on nous dit dans le Sundgau : « ne venez pas avec votre alsacien, parce que qu’est-ce qui va se passer ? C’est encore le strasbourgeois qu’on va nous imposer dans nos écoles. » Il est important qu’on soit bien clair que la partie écrite et transmise de l’alsasserditsch c’est bien le Hochdeutsch.
Le deuxième point qui interpelle les Alsaciens, c’est la question du mode de scrutin. On fait constamment référence à ce qui se passe au pays de Bade, et c’est vrai que ce que l’on propose ressemble un peu à ce qui existe en Bade Wurtemberg. Mais avec une grande différence : c’est le mode de scrutin. Dans le Bade Wurtemberg et partout en Allemagne, la proportionnelle intégrale est de rigueur tout en assurant la représentation des populations et du territoire. C’est vrai que le mode de scrutin ne dépend pas entièrement de nous, mais nous avons à faire pression pour que l’on ait une vraie proportionnelle et pas une proportionnelle pondérée qui en réalité donne une immense majorité à la majorité et qui empêche le fait que tout le monde puisse être élu. Donc là c’est essentiel.
Les alsaciens n’ont pas envie de donner un blanc seing, sans savoir comment ils seront associés, comment ils vont voter.
Je pense qu’il est important d’intervenir sur ces questions pendant la période référendaire, pour que le vote positif puisse bien se faire en connaissance de cause, dans la clarté et la responsabilité.
Merci beaucoup.