BP 2013 : Jeunesse

21 décembre 2012

Intervention de Djamila Sonzogni

Cher Président, cher-e-s collègues,

Nous nous associons au CESER pour déplorer la baisse conséquente du budget jeunesse, alors que nous entendons affirmer partout que les jeunes sont la priorité.

Cela dit, au-delà de cette baisse, il ressort de ce budget un manque de priorités, des mesurettes, des expérimentations,  au détriment de politiques à renforcer.

Qu’est ce qui motive le choix des baisses de certaines mesures plutôt que d’autres, les choix n’étant assis sur aucun bilan ?

Je vais prendre quelques mesures pour illustrer mes propos.

Sur le Parcours Orientation Jeunesse

Quelle est la cohérence et la transversalité avec les politiques des commissions formation continue et formation professionnelle mais aussi avec les MLPAIO (Missions locales et Permanences d’Accueil, d’Information et d’Orientation) ?

Une des mesures, l’approche de la vie professionnelle, qui représente la presque totalité du budget PRIO Jeunes, a concerné 258 jeunes et coûté 1390 000 euros. Soit 5400 euros par jeune. Est-ce que les résultats sont au bout ? Combien de jeunes ont une sortie réussie ?

L’oriente express est reconduit avec une baisse de budget importante sans qu’aucune explication ne soit fournie alors que ce dispositif a tellement été mis en avant pour sa supposée pertinence. Aucun bilan n’a été fait malgré nos multiples demandes et les promesses de le faire. Nous savons juste que 2400 jeunes ont été accueillis, que 1600 ont été reçus en entretiens individuels. Nous aimerions savoir ce que ces entretiens ont donné, à quoi ils ont abouti concrètement.

Seul un bilan précis nous permettrait de mesurer si la mesure est utile ou si c’est une couche de plus sur le mille feuille.

A propos de l’inclusion sociale et professionnelle, cela concerne les conventions entre MLPAIO et Région. J’aimerais vous interpeller sur la nouvelle convention notamment sur le contrat annuel d’objectifs, objectifs chiffrés sur le nombre de jeunes ayant accédé à un emploi ou ayant trouvé une formation et sur le taux d’accompagnement. Les structures n’atteignant pas un de ces objectifs se voient pénalisées financièrement par l’amputation de 20% du budget de fonctionnement.

Oui il faut demander des comptes aux structures que nous finançons mais de façon constructive. En tenant compte du contexte actuel. Le contexte c’est :

•       plus de jeunes au chômage, moins d’offres d’emplois ;

•       la discrimination qui touche les jeunes habitants des quartiers populaires qui leur rend difficile voire impossible l’accès à l’apprentissage ou à l’alternance ;

•       les réalités territoriales différentes, et donc ne pas exiger les mêmes objectifs pour une MLPAIO située dans une zone sinistrée par le chômage et une structure située dans un territoire plus favorisé.

Deux structures n’ont pas pu atteindre les objectifs imposés par la Région en 2012, là encore nous n’avons pas pu avoir le bilan précis que nous demandions sur la tenue ou pas de ces objectifs. Les MLPAIO ont fait savoir qu’elles ne pourront pas atteindre les objectifs pour 2013. Notre demande de revoir ces objectifs n’a pas été entendue notamment sur le taux de retenue de 20% qui est exorbitant. Par contre, ce qui est un fait, et là on déshabille Pierre pour habiller Paul, le soutien aux MLPAIO a baissé de près de 10% sur le fonctionnement et encore plus sur certains projets. Dans le même temps, la Région finance des actions ponctuelles dont la pertinence est difficile à évaluer faute de bilan.

Je pose clairement la question, de façon pacifiée : la Région fait-elle le choix stratégique de financer des opérations de communication au détriment de structures présentes sur les territoires depuis 30 ans et membres du service public de l’emploi ?

Sur la professionnalisation

Les conseillers, mais aussi  les directeurs, le personnel administratif, les chargés de projets ont besoin d’être formés et on ne peut que saluer cette mesure. Mais pourquoi la Région ne travaille pas plus étroitement avec l’URML (Union régionale des Missions Locales) qui est le principal acteur dans la formation des conseillers et l’animateur du réseau des missions locales ? Il a fallu attendre 2012 pour que l’URML soit invitée à une réunion de la 5e commission, enfin mieux vaut tard que jamais, et nous espérons qu’un partenariat pertinent sera mis en place dès l’année prochaine entre cet acteur incontournable des MLPAIO et notre collectivité.

Quant aux nouveaux outils mis en place dans le cadre du plan Jeunesse, que ce soit l’engagement des entreprises, l’accompagnement à l’entrée dans l’entreprise, l’accès à la formation, comment évaluer ces mesures sans bilan précis ?

Par le biais de ces outils :

-  combien de jeunes en formation ou en entreprise ?

- combien d’entreprises se sont engagées concrètement (parrainages, tutorats, jeunes pris en stage etc…) après avoir signé la charte?

Pour conclure : Le budget de la Commission Jeunesse est limité et complémentaire avec d’autres politiques. Nous devons faire des priorités. La priorité qui aurait du sens ce sont les jeunes en difficulté, ce n’est pas comme vous l’écrivez l’appétence des jeunes pour la formation qui manque, mais avant tout la difficulté d’accès à la formation, à cause du manque de formation adaptée, du manque de place, des discriminations pour certains.

Donner du sens  cette commission c’est faire en sorte que ces jeunes, les plus en difficulté, y trouvent leur place que ce soit dans les MLPAIO mais aussi dans les divers dispositifs du plan Jeunesse de la Région: sac à dos nouvelle vague, projet Jeunesse, engagement des entreprises et aussi du sens au Parlement Alsacien des Jeunes.

 

Au vu des remarques que j’ai émises au nom d’EEA nous nous abstiendrons en espérant avoir été entendus

 

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