BP 2013: Culture – notre colonne vertébrale est trilingue, notre chair multiculturelle

20 décembre 2012

Intervention d’Andrée Buchmann

Monsieur le Président, chers collègues,

Les deux rapports affichent un volontarisme à souligner.  Malgré un contexte de crise, la Région veut affirmer l’importance de la culture et souligne son apport économique.

Le budget culture est en légère progression, mais il faut préciser qu’il intègre le ripage d’une partie des attributions de la direction « Recherche, innovation » vers la Culture à travers l’adjonction d’un pôle image à l’Agence Culturelle d’Alsace suite au dépeçage d’Iconoval. Je me suis interrogée en son temps sur l’opportunité de découper cette structure en plusieurs unités, sur celle de confier une nouvelle compétence à l’ACA qui est déjà bien dotée et surtout de se priver complètement de l’expertise réunie au sein d’Iconoval, de se priver de l’expérience de 10 années, des contacts, en ne reprenant aucun salarié de la structure.

Il s’agira de veiller à la synergie avec la production audiovisuelle et cinématographique et aux effets bénéfiques du Bureau d’accueil des tournages en Alsace qui travaille me semble-t-il correctement avec celui de Strasbourg.

A noter positivement le fait que les films et les documentaires commencent à être projetés dans différentes salles d’Alsace. Parfois avant leur diffusion dans les médias audiovisuels. C’est une bonne chose. A nous de faire en sorte que ce type d’initiative continue à s’étendre.

Il est noté que le développement de la télévision régionale Alsace 20 est accompagné. Hormis de favoriser la diffusion des créations audiovisuelles via ce média, qu’est-il prévu concernant Alsace 20 ?

Dans le domaine du livre, je ne peux qu’appuyer le soutien au Grill et aux Librairies indépendantes  du Rhin. Il faudra certainement creuser plus ce secteur, voir comment contribuer à redonner de la dynamique au monde de l’édition.

Ne faudrait-il pas là, tout comme dans le domaine du spectacle vivant, avoir une approche territoriale plus vaste qui intègre l’ensemble du Rhin Supérieur ?

En effet, hormis BF Editeur et Salde, éditeurs militants, qui publie nos auteurs d’Alsace ? Sylvie Reff, Claude Vigée, Martin Graff,  Michel Deutsch, André Weckmann… Des éditeurs d’autres régions de France ou d’Allemagne.

Je n’ignore pas le Verger Editeur et ses enquêtes rhénanes, qui sont effectivement une jolie collection.

Mais c’est dommage que ce secteur soit si peu offensif. Est-ce qu’une Agence Régionale du Livre n’aurait pas pu y contribuer ? Ou une agence à caractère transfrontalier ?

Il est indéniable que si nous voulons une masse critique de spectateurs, de lecteurs, si nous voulons sauver l’alsacien et promouvoir le tribilinguisme (néologisme d’André Weckmann : nous parlons le ditsch, elsasser ditsch et hochditsch, et français), nous devons nous projeter sur une territorialité plus vaste que notre petite région.

Je salue qu’enfin, depuis quelques années, nous soyons présents de manière plus offensive à Avignon. Mais nous sommes encore peu visibles, contrairement à quelques autres régions de France qui montrent leur dynamique en matière culturelle.

Concernant les manifestations des 30 ans du FRAC, nous avions proposé en septembre qu’elles irriguent l’ensemble de l’Alsace. Hors certains territoires semblent absents, notamment les grandes villes comme Mulhouse et Colmar.

Concernant l’Inventaire du Patrimoine qui nous a été confié en août 2009, nous mettons certes quelques moyens, mais au rythme de 200 000 € par an, il faudra très longtemps pour disposer de la connaissance de notre territoire.

L’inventaire contribue à nous restituer notre histoire si diverse et si particulière. Elément important de notre colonne vertébrale, de notre identité et de notre culture tribilingue.

Mais nous avons aussi su au fil des siècles nous nourrir de l’apport des personnes et des peuples qui sont  venus s’installer ici et qui ont contribué à forger notre identité.

Il en va de même actuellement. La plupart des personnes issues d’autres traditions qui vivent sur ce territoire se sentent et se revendiquent alsaciens. D’aucuns s’essayent au dialecte et/ou le parlent. Ils mettent leurs enfants dans les classes bilingues. Ils deviennent nos collègues élus dans les conseils municipaux.  Ils sont artistes, entrepreneurs, … Et pourtant ils sont peu associés à nos travaux, que ce soit à nos commissions mais aussi aux Assises du Bilinguisme. Comme si les alsaciens récents n’avaient pas d’existence. Alors qu’ils forment des éléments dynamiques dans nos villes, mais aussi dans nos campagnes.

Pour conclure, il y a la culture en Alsace. Il n’y a pas de différence  d’ordre entre die Zauberflöte à l’Opéra et la dernière revue de la Choucrouterie, entre Mémoires Vives et Baal Novo…

Notre colonne vertébrale est tribilingue et notre chair multiculturelle.

Je vous remercie.

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