BP 2013 : Bilinguisme

20 décembre 2012

Intervention d’Andrée Buchmann

Monsieur le Président, chers collègues,

Le rapport sur la politique régionale en faveur du bilinguisme est sous-titré : « Wo ein Wille ist, ist ein Weg ». Je traduis pour les non germanophones : Où est une volonté est un chemin.

J’entends bien. Mais j’ai du mal à voir venir le chemin.

Que constatons-nous : un manque d’affirmation réelle et de pilotage.

1.- Les classes bilingues et la convention quadripartite. Nous mettons, tout comme les deux départements, 1 million par an, soit trois millions par an pour les collectivités locales. Les écologistes, et pas seulement eux – souvenez-vous, même le président de la Commission ad-hoc à l’époque  - avaient en son temps, refusé de voter la Convention car elle affichait des objectifs trop bas. Or non seulement l’Education Nationale n’a pas atteint ces objectifs alors qu’on arrive en fin de convention, mais de surcroît nous avons accepté qu’elle mette en place un système parallèle dont l’inefficacité est démontrée. Financé d’ailleurs sur quels crédits ? Qui finance les fameuses classes huit heures d’allemand de l’Education nationale.  Est-ce que c’est financé sur les 21 millions des collectivités locales que nous versons depuis le début des conventions ?  Nous n’entendons guère de protestations de la part de la Région contre cette offensive, ni contre les propos inacceptables de la Recteure qui parle de surcoûts pour le bilinguisme, d’élitisme, … et qui refuse d’ouvrir des classes là où les  parents sont favorables et les enseignants disponibles, comme par exemple dans la Vallée de Saint Amarin. Je ne vais pas rentrer dans le détail aujourd’hui pour ne pas être trop longue, mais j’espère que nous aurons cette discussion dans l’année qui vient.

Les évaluations ont montré que les élèves de primaires qui ont fréquenté les classes bilingues atteignent pour 90 % un niveau au-dessus de celui attendu. Le dispositif que nous soutenons montre donc son efficacité et nous demandons que la Région soit plus vigilante quant à l’application par l’Education nationale d’un certain nombre de points, dont le respect des objectifs et l’application des dispositions nationales concernant l’enseignement des langues vivantes, et nous demandons que l’Education Nationale fasse preuve de transparence quant à l’utilisation des fonds distribués par les trois collectivités.

2.- L’OLCA : j’aimerais rappeler aux anciens – et aux nouveaux- que c’est suite à des négociations fermes portées par le groupe écologiste et plus précisément par Jean-Pierre Frick, à l’époque conseiller régional vert, que l’Office Régional du Bilinguisme, l’ORBI, avait été mis en place, en 1992, sous l’égide de Monsieur Rudloff. Le contexte n’était pas favorable à l’époque et les contre-offensives nombreuses. Néanmoins les objectifs fixés à l’ORBI par la Région étaient ambitieux, avec une véritable approche bilingue. Mais les opposants à cette démarche ont gagné lorsque après le décès de Marcel Rudloff ils ont obtenu une refonte de l’ORBI en OLCA, avec une amputation : l’OLCA n’a plus d’autre mission que de s’occuper de l’alsacien. Or on sait bien scientifiquement que l’alsacien est la langue vernaculaire de l’allemand. Coupé de sa langue de référence, le dialecte ne peut pas s’épanouir et on le voit bien. Il faut redéfinir donc le rôle de l’OLCA et les liens entre l’OLCA et la Région. On  ne peut pas dire qu’il y a une culture alsacienne et une autre culture, ce n’est pas vrai.

3.- Les Assises du Bilinguisme. C’est une bonne idée, mais pourquoi avoir sous-traité cette belle initiative à un comité de pilotage occulte, qui anime des groupes de travail  où les personnes ont été sélectionnées on ne sait sur quels critères, sans représenter la société dans sa variété, sa richesse, sa diversité ? J’avais envoyé au Président un courrier à l’issue de la réunion des élus qui s’était tenue à Colmar. Pas de représentants de villes, pas de représentants de la diversité. On peut être adjointe au maire d’origine iranienne, par exemple, et se sentir profondément alsacienne. On peut aussi en venant d’ailleurs réfléchir à l’alsaciannité et avoir des propositions à formuler.

Ensuite je me suis rendue à une deuxième réunion où étaient conviés des acteurs culturels. Pas de transfrontaliers, pas de multiculturels. On est dans une idée très étriquée de la culture alsacienne.

Enfin j’ai essayé un soir de me rendre à une réunion au Rectorat, annulée à la dernière minute, sans qu’on soit prévenus. Pas de comptes-rendus, pas de débats publics. Ce sont des Assises mises sous éteignoir…. Des réunions en petit comité, avec un débat ou deux débats en séance plénière au Conseil régional. Cela ressemble plus à une mission de type parlementaire qu’à des assises.

Alors pour terminer j’aimerais dire : Wo man den Weg nicht findet, ist auch nicht genügend Wille und zu wenig Mut.

Nous allons nous abstenir.

Je vous remercie.

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