29 juin 2012 : tourisme

29 juin 2012

Intervention de Djamila Sonzogni

Monsieur le Président, mes Cher-e-s collègues,

La stratégie alsacienne de développement du tourisme 2012-2014 renferme nombre de pistes intéressantes. Soutenir et dynamiser l’économie touristique, promouvoir la destination Alsace, développer harmonieusement le tourisme sur tout le territoire, développer les atouts et le potentiel touristique de notre région, créer et innover, rajeunir les fondamentaux du tourisme : qui pourrait être contre ?

Si l’on s’arrête par exemple sur l’objectif 4, « développer et promouvoir l’accessibilité douce, l’écotourisme et le développement durable », on ne peut que souscrire à la promotion d’une « offre écotouristique » comme à l’association de « la valorisation touristique avec les exigences de préservation » et, bien évidemment, au développement de « toutes formes de déplacements doux ».

Le seul problème, c’est que nous ne disposons pour juger de la pertinence de ces propositions, qui ne figurent pour le moment que sur le papier, que de ce que la politique touristique régionale actuellement menée nous donne à voir. Et ce n’est pas brillant.

L’aide régionale au tourisme associatif n’est ouverte qu’aux structures de 80 lits et plus, les structures plus petites devant s’adresser aux départements. Or leur politique touristique est victime des restrictions budgétaires imposées par l’ahurissante politique fiscale de l’ex-majorité présidentielle et parlementaire. Parallèlement, la Région n’a consacré en 2010 que € 300 000,- à l’hébergement associatif contre M€ 1,5 à l’hôtellerie dite familiale et indépendante. Je ne reviendrai pas sur les critiques qu’inspire aux élus écologistes le dispositif d’aide à cette dernière mais je souhaiterais que le tourisme associatif bénéficie lui aussi d’un dispositif unique et commun à la Région et aux Départements.

Il donnerait un pilotage cohérent à la politique de soutien à des structures de tailles diverses, qui représentent un vivier de développement, favorisent un tourisme de découverte accessible et peuvent représenter une filière économique viable.

La mise en place d’une filière du tourisme éco-solidaire est un vœu que les élus écologistes ont formulé nombre de fois dans cette enceinte, jusqu’alors en vain, hélas ! Les acteurs potentiels de cette filière ont besoin d’une véritable politique de soutien à la reconversion. Nous proposons l’élaboration d’un schéma régional du tourisme éco-solidaire, au sein duquel serait inclus le soutien à l’hébergement associatif, mais aussi à l’hôtellerie de plein air, aux gîtes et aux hébergements innovants.

Vous préconisez « une seule stratégie de développement du tourisme » : voilà une occasion de la mettre en œuvre ! Voilà une occasion de faire évoluer la gouvernance de la politique touristique régionale dans le sens d’une plus grande cohérence que la fusion des ADT et du CRT permettrait d’atteindre. Il est regrettable que ce point ne fasse l’objet que de deux très timides lignes, en toute fin. Monsieur le Président, la réforme territoriale alsacienne, à laquelle vous pouvez désormais consacrer toute votre énergie, mérite mieux que ça !

Nous vous attendons au tournant de la « promotion et le développement des transports publics et des déplacements doux » car, au vu de votre politique actuelle en la matière, la pente est forte mais la route n’est assurément pas droite ! Croiser l’offre touristique et l’offre de transport, favoriser l’intermodalité, développer les véloroutes, c’est une noble ambition à laquelle nous ne demandons qu’à croire.

Mais mes chers collègues, Monsieur le Président, nous sommes aujourd’hui au lendemain d’un anniversaire que nous aurions aimé célébrer ensemble. Il y a tout juste 10 ans, le 28 juin 2002, la Région s’engageait à doter le site Ecomusée – Bioscope d’une desserte ferroviaire. Nous l’attendons encore car, même si pour le Bioscope, mais aussi pour le projet Pierre et Vacances, la messe est dite, et les écologistes ont joué ici un rôle prophétique, cette desserte constituerait un précieux élément d’attractivité pour l’Ecomusée. Permettez-moi, au passage, de me féliciter de la fin annoncée de l’aventure du Bioscope et de la gabegie financière qu’il représentait. Nous espérons qu’une reconversion pertinente du site, créatrice d’emplois et préservant l’environnement, verra le jour. Nous participerons pleinement à son élaboration.

Mais le fait marquant de votre politique, pour le moment, c’est le soutien au Rallye de France, € 360 000,- puis € 460 000,- annuels. Vous pourrez toujours dire qu’à cette occasion, comme lors des marchés de Noël, l’offre TER est renforcée (et elle peut l’être, puisqu’elle est réduite sur certaines lignes pendant tout l’été et les fêtes) : d’un côté il y a un engagement en faveur d’une desserte ferroviaire qui attend depuis 10 ans d’être tenu, de l’autre il y a le rallye et ses retombées, atmosphériques plus sûrement qu’économiques.

Pour alourdir la balance, je citerai aussi le projet de golf de la Sommerau, atteinte aux terres agricoles, aux zones humides, à la biodiversité d’une zone classée, à la santé des employés et du public du fait de la proximité immédiate d’une ligne THT et générateur de circulation automobile, parce qu’on a rarement vu un golfeur bardé de son équipement emprunter les transports collectifs, qui vous sont bien plus chers sur le papier qu’en réalité.

Le tourisme repose sur l’attractivité de notre région et l’attractivité de l’Alsace se niche dans des paysages, un patrimoine, des traditions et des gens. La Région inscrit timidement la mise en valeur patrimoniale dans ses politiques mais il reste beaucoup à faire pour y intégrer la restauration de la biodiversité ou les préoccupations paysagères. Or le paysage, c’est notre cadre de vie à toutes et tous, c’est un élément de notre identité collective, c’est aussi un support essentiel, et injustement négligé, de l’économie touristique.

Nous ne pourrons juger de la qualité de cette stratégie que sur les actes. La reprise de nos propositions de développement d’une filière du tourisme solidaire et écologique, la desserte ferroviaire de l’Ecomusée et un plan d’évolution de l’ensemble qu’il forme avec le moribond Bioscope, l’intégration des préoccupations paysagères dans la politique touristique seraient de nature à nous rendre plus bienveillants à l’égard de cette stratégie. Pour l’heure, vous nous saurez gré de notre neutralité et de l’abstention qui en résulte.

Je vous remercie.

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