BP 2012 : liminaire

15 décembre 2011

Intervention de Jacques FERNIQUE

Monsieur le Président, chers collègues,

800 millions d’euros, nous savons tous que ça n’est pas à la hauteur de ce qu’il faudrait pour déployer les politiques publiques, les transformations dont notre région a besoin pour reprendre pied face à la tourmente économique, face à la dégradation sociale, face aux défis de la transition écologique. Notre volonté commune du Conseil d’Alsace se nourrit d’abord de ce constat partagé des insuffisances et du manque d’efficacité qui brident notre région. Oui, il est temps que l’Alsace puisse rassembler ses capacités budgétaires et politiques pour véritablement peser sur le cours de son développement.

Aujourd’hui, nos moyens sont contraints par des dotations d’État de plus en plus serrées. Ils sont entravés par une dette arrivée à un sommet critique, sommet dont tout le monde convient maintenant qu’il faudra redescendre. Nous en sommes arrivés là par l’obstination doctrinaire à n’actionner que le levier de l’emprunt alors que nous aurions pu mieux user des leviers fiscaux. On nous les a retirés depuis. Nous en sommes aussi arrivés là parce que nous avons payé, nous payons et nous paierons encore longtemps le coût démesuré de la très grande vitesse ferroviaire.

Alors ces quelques 800 millions d’euros, ou plutôt 600 en moyens réels d’intervention, nous ne pouvons nous permettre ni de les disséminer, ni de les gâcher. Les écologistes demandent une mobilisation pour revitaliser l’économie sans détruire l’emploi. Revitaliser l’économie sans brûler non plus les ressources naturelles et environnementales de notre Alsace si vulnérable. Revitaliser une économie solide, durable, équilibrée, pas une machine infernale qui quand elle fonctionne produit toujours plus de dettes, et quand elle ralentit, engendre la récession.

Formation qualifiante, emploi durable, économie solidaire, transformation écologique, ménagement des territoires : voilà nos priorités. Ce sont elles qui dicteront nos appréciations et nos critiques sur vos propositions budgétaires pendant ces 2 jours de débat.

Nous voterons contre les politiques qui sont contraires à l’élan de transformation écologique et sociale (votre politique d’intervention économique par exemple, elle laisse le CESER sur sa faim, le SRDE de 2006 n’a pas été conçu pour répondre à une crise d’une telle ampleur, tout cela nous paraît bien en deçà des enjeux de la transformation écologique, de l’économie verte dont on parle bien plus qu’on ne la bâtit et qui ferait bien plus pour l’attractivité de l’Alsace que de s’auto-décerner l’image de marque de modèle réduit du monde meilleur auquel toute la planète aspire.

Nous nous abstiendrons sur les politiques qui bien que positives dans les intentions sont dotées de moyens et de détermination insuffisants. La formation, la formation professionnelle initiale et continue ne peut être traitée juste comme une charge à réduire, à recentrer ou à mutualiser : c’est parfois nécessaire mais ça ne peut tenir lieu de politique pour véritablement redonner essor à la formation qualifiante et à l’émancipation citoyenne.

Nous saurons approuver enfin les politiques qui savent articuler de bons objectifs et une distribution adaptée des moyens. Ainsi des quelques 4 millions que nous consacrons à faire évoluer nos pratiques agricoles, pour la qualité de nos produits, la défense de nos emplois et la préservation de nos écosystèmes.

Voilà, nous sommes donc dans l’attente exigeante d’une autre histoire régionale qui nous permettra de faire mieux, de faire davantage, grandeur nature, avec les potentialités d’une cohésion régionale nouvelle. Pour aujourd’hui et demain, les écologistes s’efforceront de peser dans nos débats pour faire en sorte que ces 800 millions d’euros soient utilisés au mieux.

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