Intervention d’Andrée Buchmann
Messieurs les présidents, chers collègues, mesdames et messieurs,
Il est beaucoup d’interrogations ce matin sur notre identité et le vivre- ensemble. J’aimerais dire avec André Weckmann qu’est alsacien celui ou celle qui choisit de l’être, quel que soit le moment où il /elle est arrivé sur ce territoire.
N’oublions jamais, Messieurs les présidents, que l’Alsace a toujours été terre d’accueil, et notre « vivre ensemble », notre culture commune se sont aussi constitués à travers l’apport des peuples plus lointains et nos échanges avec les peuples du monde. Si l’Alsace avait vécu repliée sur elle-même, elle n’aurait pas connu ce dynamisme qu’on lui envie.
C’est pour cette identité qu’il faut se battre, avec comme base le bilinguisme assumé et défendu qui nous permet d’occuper pleinement notre territoire rhénan, compris comme base d’un multilinguisme qui s’appuie sur les autres langues parlées ici. Nous ne pouvons relancer notre économie sans commercer avec les autres pays du monde, que ce soit l’asie, l’Amérique, l’Afrique ou l’Océanie… et les meilleurs relais sont celles et ceux qui viennent de ces pays et peuvent être nos ambassadeurs.
Notre économie est aussi fortement tributaire de la dynamique de nos voisins immédiats. Le pays de Bade recrute des emplois qualifiés. Répondre à la demande implique de connaître les métiers, mais aussi la langue. Développer les filières d’enseignement paritaires est plus que jamais une nécessité, n’en déplaise à Mme la Rectrice.
Notre stratégie économique s’inscrit dans le Rhin supérieur. Il nous faut donc tout de suite penser le Conseil d’Alsace dans une perspective territoriale plus large.
D’autant que notre milieu de vie est fertile certes mais fragile. Nous respirons le même air, nous utilisons la même eau. La préservation de notre environnement est un enjeu commun. Le sud de notre région, et même Colmar, ont longtemps été la poubelle de l’industrie chimique suisse. Stocamine, Fessenheim, représentent des menaces pour toute la région, et au-delà. Une pollution grave de la nappe phréatique, plus grande réserve d’eau d’Europe, impactera les régions concernées par la nappe, et au-delà, via les cours d’eau comme le Rhin. L’eau c’est la vie. C’est aussi l’économie.
Nous devons inventer un destin politique et démocratique à la région du Rhin Supérieur pour non seulement coopérer, mais aussi construire ensemble. Construire un développement durable de la Vallée du Rhin Supérieur sobre en énergie, en consommation d’espace, sans nucléaire, pour réussir la transition vers la société post-carbone.
Cet objectif nécessite de la pensée, de la réflexion, de la recherche fondamentale et appliquée, des savoir-faire industriels, de la compétences professionnelle.
Belle perspective pour nos laboratoires de recherche, nos universités, nos entreprises .
Mais à entendre certains discours ce matin, on peut craindre que si nous utilisons les mêmes mots, le sens que nous leur donnons est bien différent. Développement durable signifie pour beaucoup « on fait pareil mais on l’appelle autrement ».
Si nous sommes favorables à la fusion des collectivités, à condition que la proportionnelle garantisse le non recul de la parité et la représentation de la diversité, nous n’adhérons pas aux orientations politiques de l’UMP et nous nous battrons pour mettre en avant une autre idée du développement durable du Rhin supérieur.