Maryvonne Boileau est intervenue au nom du Groupe des élus du Rassemblement citoyen, de la gauche et des écologistes. Voici les éléments du dossier.
Retrouvez les discussions sur cette question lors du conseil municipal du 26 mai 2014 en vidéo
Pour parler des difficultés d’aujourd’hui, il est indispensable de faire un peu de retour en arrière. C’est important pour tenter d’analyser une situation où l’urbanisme est parfois pensé sans avoir suffisamment réfléchi à l’ensemble des conséquences des nécessaires créations de services publics.
Les écoles maternelles et élémentaires relèvent totalement de la responsabilité communale. Une ville se transforme, et notamment Grenoble, qui a vu son urbanisme évoluer durant ces 15 dernières années, principalement dans les quartiers nord.
En arrivant en 1995, la nouvelle majorité a dû prendre en charge les urgences sur le patrimoine scolaire : les nombreuses toitures non entretenues, répondre à la grande vétusté du chauffage des écoles, avec parfois des pannes en plein hiver. Le premier enseignement à tirer : c’est qu’il faut prévoir un entretien régulier de ce patrimoine.
A partir de 2001, la majorité s’est mise au travail pour envisager un Plan Pluriannuel d’Investissement (PPI) sur le patrimoine scolaire, ce qui a entraîné de nombreuses transformations et améliorations. C’est ainsi qu’ont eu lieu le changement complet du mobilier de nombreux restaurants scolaires, ainsi que des rénovations d’écoles Elisée Chatin, Jean Racine, Jean Jaurès, ou encore Sidi Brahim et le Jardin de Ville. Sans oublier les regroupements des écoles du quartier Mistral, pour ne faire plus qu’une seule école qui permettait aux enfants d’être scolarisés en face du Plateau. Et aussi, le début des travaux d’accessibilité de certaines écoles, au moins une par secteur. Où en sommes-nous aujourd’hui, à 6 mois de l’obligation de l’accessibilité de tous les bâtiments publics, dont les écoles ?
Mais il n’y a pas eu que des efforts sur le patrimoine scolaire : à commencer par des choses basiques comme le retour aux aspects réglementaires c’est à dire les inscriptions par la ville et non plus par les directeurs d’écoles, le décloisonnement des écoles à section de langues étrangères, ou bien encore tout le travail pour les classes musique et danse à Léon Jouhaux, ou bien encore audiovisuelles à Chatelet. Qu’en est il aussi aujourd’hui de l’introduction de 17 % de bio dans les cantines en 2008, nous en sommes à combien ?
Et c’est là que nous en arrivons aussi à Lucie Aubrac, qui devra nous servir d’enseignement pour le mandat qui vient de commencer.
L’école Lucie Aubrac qui a un besoin urgent de complément de places, a une longue histoire d’hésitations et d’études plus ou moins approximatives. En effet, au moment de la mise en œuvre du projet de la Caserne de Bonne, s’est immédiatement posée la question de la construction d’une école. Mais cette école élémentaire n’était pas seule dans le paysage, puisque le collège et le lycée Champollion étaient aussi impactés par ces constructions de logements. Certains se souviendront de ce projet à l’époque où la droite était majoritaire au Conseil Général, au Conseil Régional CRRA et à la ville, et où le projet consistait à construire le collège Champollion déjà trop petit dans une des cours du lycée Champollion. Ce projet fort heureusement n’a jamais vu le jour mais les collégiens ont continué au fil des années à traverser plusieurs fois par jour une rue à grande circulation pour suivre des cours dans les locaux du lycée. En 2001 J. M. Cantèle, a très rapidement engagé une négociation avec le Conseil Général de l’Isère CGI. En construisant une nouvelle école, la ville libérait les locaux de l’ancienne école Lesdiguières permettant l’accueil et l’agrandissement du collège. Dans le même temps le lycée retrouvait l’usage de locaux jusque-là occupés par les collégiens. Pour en arriver là, la Société d’Economie Mixte SAGES et l’adjoint chargé de la Vie scolaire ont donc choisi que la nouvelle école occuperait un autre lieu que celui de l’ancienne Ecole Lesdiguières.
A la demande de la ville, une étude a été conduite par l’Agence d’Urbanisme pour prévoir le nombre de places qui étaient nécessaires pour cette école. Cette étude indiquaient 80 à 90 enfants, supplémentaires pour 900 logements soit un ratio de 10 élèves pour 100 nouveaux logements. C’était sans doute sans compter avec le profil spécifique des ménages dans le logement social et ses jeunes ménages, sans oublier le locatif privé. Les chiffres actuels montrent que ce ratio est supérieur à 20 enfants pour 100 nouveaux logements.
A l’époque également, suite aux doutes sur les chiffres fournis, une rénovation de l’école maternelle rue Millet, avait été proposée. Celle-ci fut abandonnée par défaut de consensus de la majorité. Elle n’aurait certes pas résolue tous les problèmes. Quoiqu’il ‘en soit, pour Lucie Aubrac, grâce à des groupes de travail avec les habitants, un large débat démocratique a pu avoir lieu.
Aujourd’hui, dans cette école, deux salles ont été prévues pour le périscolaire. Les réutilise-t-on pour les besoins prioritaires de la scolarisation ? Par ailleurs dans le projet initial, une tranche conditionnelle de deux classes supplémentaires a été envisagée. Pourquoi ne reprend-t-on pas cette étude qui n’est pas très ancienne.
Durant le dernier mandat, il semble que l’action a plutôt porté sur la question des rythmes scolaires. C’est un chantier non abouti et conduit à notre avis beaucoup trop hâtivement. Aujourd’hui, nous héritons donc d’une situation grave, qui nous oblige à anticiper, de construire ou transformer des bâtiments pour fournir des équipements scolaires et les services publics qui doivent y être adjoints. N’oublions pas qu’à ce chantier il faut aussi continuer la rénovation et l’adaptation des écoles sous dimensionnées. Nous serons peut être aussi dans l’obligation de redessiner les périmètres scolaires, qui devront tenir compte de toutes les évolutions urbanistiques de la ville de Grenoble.
Ces travaux nécessaires devront être prévus tout en améliorant l’action engagée sur les rythmes scolaires, ainsi que les conditions d’accueil et d’accompagnement des savoirs pour les enfants. Nous avons le devoir absolu de reprendre sérieusement un plan pluriannuel d’investissements pour tout le patrimoine scolaire existant.