« Nous refusons de voir des générations entières sacrifiées »

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En introduction du conseil municipal du 17 novembre 2014, Eric Piolle appelle les Grenoblois à se mobiliser contre la politique récessionniste décidée par l’Etat. Il condamne également les grands projets inutiles et adresse tout le soutien de la Ville de Grenoble à la famille du jeune Rémi Fraisse, mort en s’opposant à la construction du barrage de Sivens.

« Mesdames et messieurs,

Chères Grenobloises, chers Grenoblois

L’actualité nous le montre tous les jours un peu plus, notre pays, et notre ville, subissent de plein fouet l’incapacité dont l’Etat et l’Union européenne font preuve pour innover, pour répondre aux attentes de la population et aux inquiétudes, pour bâtir des solutions collectives qui soient bonnes pour tout de suite, pour le quotidien de chacun, et qui soient bonnes pour les générations futures.

A l’absurdité sur le fond vient s’ajouter la brutalité sur la forme.

Depuis presque une décennie maintenant, l’austérité budgétaire promue à l’échelle nationale et européenne, paralyse toujours un peu plus notre créativité et, réforme après réforme, freine nos projets, accroit les mécanismes de récession et entretient les déficits.

Cette politique nocive, nous la contestons dans les assemblées, et dans la rue quand il le faut. Aujourd’hui, nous refusons de voir des générations entières sacrifiées, et nous gardons le même cap : le cap de la puissance publique responsable, qui a les moyens de remplir sa fonction, de répondre aux urgences et d’anticiper les enjeux de l’avenir. Une puissance publique qui a les moyens d’œuvrer à l’intérêt général, au service de la population.

Aujourd’hui, au-delà des étiquettes partisanes, au-delà des familles politiques, au-delà des territoires, un constat nous rassemble : à cause du retrait massif de l’Etat, la puissance publique locale est mise en grande difficulté pour assurer ses missions essentielles. Ses missions dont elles tirent sa légitimité et son autorité… En asséchant nos budgets, c’est le pacte Républicain lui-même qu’on fragilise.

Alors, si, à moyen terme, on continue d’espérer que les prochaines échéances électorales mettent un terme à cette politique récessionniste avant qu’il ne soit trop tard, aujourd’hui la Ville de Grenoble fait le choix de la responsabilité.

Dans les jours et semaines à venir, par tous les canaux dont dispose la puissance publique, nous allons inviter les Grenobloises et les Grenoblois à se mobiliser et à se rassembler massivement autour des objectifs fondamentaux présentés dans le vœu contre la baisse des dotations de l’Etat que nous avons porté lors du dernier conseil municipal.

Au-delà de ce signal fort envoyé au Gouvernement, et qui j’espère sera suivi par d’autres collectivités (certaines ont déjà commencé, aux quatre coins de notre pays), nous nous sommes engagés à présenter un budget pour l’année 2015 qui soit 100% tourné vers le quotidien des Grenoblois.

Aujourd’hui, je renouvelle cet engagement : c’est une tâche délicate et en même temps indispensable pour les habitants de notre ville.

*****

L’absurdité sur la forme et la brutalité sur le fond des politiques portées par le plus haut sommet de l’Etat, mesdames et messieurs, se révèle aussi à travers tous les grands projets inutiles qui allument autant d’incendies un peu partout dans nos territoires.

Cela vaut, évidemment, pour le projet de Notre-Dame-des-Landes, pour le barrage de Sivens, pour le projet du Lyon Turin, celui du Center Parcs de Roybon et j’en passe.

Je profite de ce Conseil pour adresser à la famille et aux proches du jeune Rémi Fraisse tout le soutien de la Ville de Grenoble. Nous partageons votre douleur. Nous dénonçons cette mort absurde ; la mort d’un jeune homme, engagé dans des combats environnementaux, d’un jeune homme engagé pour le bien-être des générations futures. La vérité sur ce décès doit être clairement établie et rendue publique. Lorsque les situations pourrissent, que les pouvoirs publics s’entêtent, lorsque le dialogue est rompu, que les alarmes ne sont plus écoutées, alors nous ne sommes pas à l’abri d’un drame.

A chacun de prendre ses responsabilités. A nous particulièrement, élus, de garder le cap du travail collectif et de la démocratie.

Dès lors, l’actualité met un coup de projecteur singulier sur la délibération qui fixe notre ambition en matière de démocratie locale. La méthode que nous employons est inédite. Elle implique des citoyens bien au-delà de ce conseil municipal. Nous sommes tous les garants de la vitalité de notre vie publique locale.

Je me permets ici de saluer la présence de 16 de nos jeunes concitoyens, élèves de 4ème du collège Lucie Aubrac, accompagnés par leur CPE Sandra Giupponi. Ainsi que des étudiants du master journalisme de Sciences-Po Grenoble. Merci à vous pour votre présence.

La ville proche, c’est donc la ville qui donne la parole et qui écoute, c’est aussi celle qui protège. Ce soir, Alain Denoyelle nous présentera les grandes orientations qu’il entend donner au CCAS pour les années à venir. Le CCAS est l’un des joyaux de notre ville, nous en avons d’autres, et je souhaite que nous continuions à l’utiliser de la meilleure façon, et que nous amplifions ce qui a fait sa réussite par le passé. »

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