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Énergie et environnement

 

 

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TRIBUNE DANS OCENTRE – DECEMBRE 2010 – N° 10

OCENTRE-10

Tribune du groupe des élus EELV parue dans le n° 10 (décembre 2010)   VERS UNE ECOREGION ! Plan climat-énergie, stratégie régionale de  la biodiversité, fonds d’investissement pour l’économie verte : la session du Conseil régional du 21 octobre a permis de commencer à concrétiser les orientations écologiques défendues lors de la campagne électorale. ...

Dans une rentrée troublée… une session du conseil régional très « Verte »

Portrait Jean Delavergne

Intervention de Jean Delavergne. Monsieur le Président, Vous nous proposez un débat d’actualité sur « la rentrée en région Centre ». Cette rentrée, dans toutes les régions, est avant tout marquée par la très grave crise sociale que traverse notre pays.Crise sociale d’abord au sens des difficultés croissantes que vivent nos concitoyens alors que le chômage continue à se situer à des niveaux très élevés (8,6% au 2° trimestre 2010 contre 9,3% au niveau national) et que la précarisation de l’emploi ne cesse de s’amplifier.Mais aussi crise sociale du fait du conflit que le gouvernement a réussi à déclencher : par son refus de toute négociation sur la réforme des retraites, il a fait se lever un des plus formidables mouvements sociaux que la France ait connu.Les querelles sur les chiffres des manifestants sont dérisoires : tous ceux qui ont un peu l’habitude des manifestations ont bien vu qu’il s’agissait de manifestations exceptionnelles tant par leur ampleur que par leur renouvellement ou encore par la diversité des participants. Les sondages malgré leur limites, et parfois les manipulations dont ils sont l’objet, montrent tout de même que la plus grande partie de l’opinion publique (71% BVA-15 sept) rejette le caractère injuste, inéquitable, dangereux de la réforme du gouvernementSarkozy et soutient le mouvement syndical.Au delà des retraites, l’ampleur du soutien à la contestation révèle un mécontentement voir une exaspération beaucoup plus large et profonde. C’est une véritable « colère sociale » qui s’exprime, un véritable raz le bol des inégalités et des injustices sociales. L’affaire Woerth-Bettencourt a exposé au grand jour les turpitudes politico-financières, au point que le gouvernement lui-même doit reconnaître aujourd’hui que le bouclier fiscal, dispositif phare du quinquennat est «devenu un symbole d’injustice».Puisque le thème proposé pour ce débat d’actualité est celui de la rentrée et de la formation. Je veux dire un mot de l’entrée massive des jeunes dans le mouvement social. Et dire très clairement que nous nous réjouissons de voir des jeunes s’engager dans un tel mouvement. Europe Écologie et les Verts n’ont pas appelé les étudiants et les lycéens à entrer dans le conflit : ce n’est pas ainsi que les choses se passent.Les jeunes veulent un avenir, pas la précarité, un vrai travail,… pas une succession de stages et de petits boulots, un vrai salaire avec une vraie retraite à la clé. La jeunesse, pleinement concernée par cette réforme qui lui bouche toutavenir et l’accès au marché du travail, s’est lancée dans la bataille depuis le jeudi 14 octobre dans la Région Centre comme dans toutes les régions de France.Nous considérons qu’il est sain, qu’il est encourageant de voir un grand nombrede jeunes prendre en main leur avenir. Alors même que les niveaux d’étudesse sont fortement élevés beaucoup de jeunes savent combien il sera difficilepour eux de trouver un emploi stable : ils sont plus que d’autres confrontés àla précarité et aux bas salaires.Pendant ce temps, ce gouvernement :- Supprime des postes de surveillants dans les collèges et les lycées,- Supprime 16 000 postes de professeurs en 2010,- Remplace des vrais postes de professeurs dans les établissements par des étudiants sans statut, sous-payés.Ce même gouvernement permet qu’à 16 ans on peut aller se faire exploiter dans les stages, devenir auto entrepreneur ou aller se faire tuer en Afghanistan mais il ne serait pas autorisé pour ces jeunes de manifester leur hostilité de mesurescontraires à leur avenir !!!Mais ce qui est rassurant, et je dirai dans une certaine mesure rafraîchissant dans une société vieillissante, c’est de voir beaucoup de jeunes se soucier non seulement de défendre leurs intérêts mais aussi de se mobiliser sur des valeurs : solidarité, justice sociale, mais aussi valeurs démocratique, refus de tout ce qui peut ressembler aux exclusions, à la discrimination, à la recherche de boucs émissaires.Si la rentrée est avant tout sociale, il faut aussi prendre en compte le rejet, en particulier dans la jeunesse, de la politique nauséabonde de gesticulation sécuritaire du gouvernement. Comme certains pourraient croire que je m’éloigned’un débat d’actualité sur la région Centre je voudrais revenir un moment sur l’instrumentalisation politicienne et populiste qui a été faite des incidents de Saint-Aignan en juillet dernier.M Sarkozy a affirmé fin septembre (à Vézelay) qu’il avait été « choqué par les événements qui s’étaient produits à Saint-Aignan, en Loir-et-Cher», et que c’est cela qui l’aurait « amené à prononcer le fameux discours de Grenoble ». Or tous les observateurs savent que le discours de Grenoble s’inscrit dans une stratégiede reconquête de l’opinion agitant une fois de plus l’amalgame immigration-insécurité. Comme Saint-Aignan est en région Centre je veux dénoncer la grossièreté de la manipulation : les gens du voyage en cause dans les incidents de Saint-Aignan sont des français, détenteurs de la même nationalité que tous ceux qui siègent dans cette salle et pouvant sans doute pour beaucoup d’entre eux se réclamer de cette nationalité depuis bien plus de générations que M Sarkozy. Je ne fais pour ma part aucune différence entre les français de souche, comme les gitans de Saint-Aignan et les Français qui ont acquis plus récemment leur nationalité mais je veux dénoncer les amalgames : ceux qui aujourd’hui croient pouvoir se refaire une santé politique en jouant avec des transgressions diffusent de fait le sale venin de la xénophobie et du racisme. Oui cela sent mauvais ! Et quand dans le même temps un ministre est condamné pour avoir tenu des propos racistes etqu’il reste en poste, cela sent même très mauvais !Faut-il s’étonner dans ces circonstances que trois mois plus tard un préfet sur le départ en rajoute encore une couche en s’en prenant lui à la presse ? Une telle mise en cause de journalistes par un préfet, pour justifier sans doute sa propre impuissance à faire régner l’ordre public, est un pur scandale et c’est au moins aussi scandaleux de voir des élus de la République applaudir ce dérapage verbal : décidément cela sent très très mauvais !Et bien, c’est aussi le refus de cette remise en cause des valeurs fondamentales du pacte social qui est en arrière-fond des mobilisations, en particulier de la jeunesse : quand beaucoup de jeunes- et des moins jeunes- se mobilisent, c’est aussi contre les dangers que représente pour la démocratie les manipulations populistes du pouvoir.Revenons maintenant au Conseil Régional.Dans un contexte financier très difficile, nous pensons nécessaire de mettre en oeuvre des priorités très claire en pleine adéquation avec les orientations que les électeurs ont approuvé en mars dernier.Le contexte financier est le résultat de la tentative d’asphyxie des collectivitéslocales par le gouvernement.Ces attaques du gouvernement contre les collectivités locales relevaient de la même logique que celles contre les retraites. Alors même que le libéralisme est responsable du krach financier qui nous a plongé dans une crise économique et sociale sans précédent, les libéraux Français qui nous gouvernent veulent en profiter pour aller encore plus loin dans leur entreprise de destruction du contrat social mis en place à la libération. En ce qui concerne les collectivités locales, il s’agit d’abord de tenter de réduire systématiquement tout ce qui peut contribuer à défendre des biens collectifs, des services publics, pour laisser le plus de place possible aux multinationales avides de s’emparer de secteurspotentiellement très rémunérateurs ; il s’agit aussi en s’attaquant à leurs finances d’affaiblir leur poids politique des collectivités qui apparaissent comme des contre-pouvoirs. ...

Présentation du plan énergie-climat. Ça chauffe !

Portrait Gilles Deguet

Intervention de Gilles Deguet. Monsieur le Président, chers collègues, ça chauffe. Fonte des glaciers, disparition de planctons, multiplication des phénomènes météorologiques exceptionnels, certains effets du réchauffement sont cités dans la communication que vous avez reçue.Je voudrais attirer votre attention sur le fait que ces effets sont déjà présents, et qu’ils seront de toute façon extrêmement pénalisants, même si on arrive à limiter à 2°C l’augmentation moyenne de température. Et ce n’est pas le seul problème.En même temps qu’au dérèglement climatique, nous serons affrontés à l’épuisement des ressources, notamment énergétiques. De surcroît les deux problèmes sont intimement liés. A part pour l’agriculture, les émissions de gaz à effet de serre sont principalement causées par une consommation d’énergie fossile.Je vous remercie donc de ne pas oublier que notre plan sera bien un plan climat énergie régional, même si nous disons la plupart du temps seulement plan climat par commodité, commodité que nous nous sommes malencontreusement accordée dans le titre de la communication.Facteur 4Vous le savez, les scientifiques du GIEC estiment que dans une stratégie au fil de l’eau, la température moyenne sur terre pourrait avoir augmenté de 5 à 6°C à la fin de ce siècle.Par contre ils s’avouent incapables de prévoir les conséquences d’un tel bouleversement, sauf à dire qu’il serait catastrophique.Ils s’accordent à dire, que pour limiter l’augmentation à 2°C, il faut diviser par deux les émissions de gaz à effet de serrede l’ensemble de la planète d’ici 2050. Pour ce faire, il convient que les pays les plus émetteurs divisent leurs émissions par 4 d’ici la même date. Encore faut-il préciser qu’après cet ajustement, ils resteraient les pays les plus émetteurs.C’est donc sur cette division par 4 qu’on appelle en général le facteur 4 que tout le monde s’accorde.Consensus sur le facteur 4L’objectif figure dans la loi Grenelle, et semble faire l’objet d’un très large consensus. Mais je ne suis pas sûr que tout le monde en ait bien pris la mesure. Cet objectif signifie par exemple qu’aucun secteur d’émissions ne peut être négligé. Un secteur comme les transports qui représente 32% des émissions en région Centre, est nécessairement concerné, et a fortiori ses émissions ne peuvent pas croître, puisque même en admettant que tous les autres secteurs réduisent à zéro leurs émissions, il resterait encore 32% de nos émissions actuelles, alors que l’objectif de la division par 4 est de parvenir à 25%. C’est dire que la question des autoroutes sera bien au coeur du débat.Le facteur 4 signifie aussi qu’on ne peut pas espérer parvenir à l’objectif par une simple substitution des énergies en remplaçant des énergies carbonées par des énergies non carbonées. Il n’y a pas de scénario crédible sans réduction considérable de nos consommations d’énergie. Il signifie enfin qu’il faut revoir notre vision traditionnelle de la planification : nous avons l’habitude de penser l’avenir en projetant les évolutions d’un passé proche par extrapolation, la volonté politique se traduisant par des infléchissementsdes évolutions antérieures. Mais nous n’avons pas le choix sur l’objectif de la division par 4, et cela signifie que c’est cet objectif qui détermine les étapes, et non la situation actuelle. Il faut donc raisonner à l’envers, et définir les objectifs en partant du futur à atteindre et non des tendances du présent. Le changement est tel par rapport à nos habitudes de production, de transport, de vie, qu’il faut le penser dès maintenant, et introduire les multiples ruptures qui la rendront possible dès la première décennie.20% Nous avons fixé notre objectif à 40% de réduction, alors que la loi Grenelle s’en tient à une réduction de 20%. Ceci demande une explication.Une réduction de 20% par décennie, en supposant l’effort constant sur 4 décennies, c’est à dire jusqu’en 2050, conduirait à ce terme à une réduction de moins de 60% au lieu de 75%. A supposer que l’effort ait été de -20% pendant les trois premières décennies, on aurait seulement diminué de 49% les émissions en 2040 et donc environ divisé par 2 : pour atteindre le facteur 4 en 2050, il resterait pendant les derniers 10 ans à diviser les émissions par 2, c’est à dire à les réduire de 50%. Autant dire qu’à 20% par décennie, on se décharge de la plus grosse partie de l’effort sur les générations futures. Générations futures, ça peutparaître lointain ; mais une bonne partie de ces générations futures est déjà de ce monde: les lycéens qui manifestentactuellement dans la rue auront moins de 60 ans en 2050, et ils ont bien raison de s’inquiéter de leur avenir.Notre objectif en 2020Une réduction de 30% par décennie correspondrait à une division par deux sur deux décennies et donc bien au facteur 4 sur 4 décennies. Cependant nous avons choisi l’objectif de 40% en 2020 pour 3 raisons principales :- La première est que le consensus sur le facteur 4 est un consensus minimal ; certains scientifiques annoncent déjà des réductions à atteindre de l’ordre d’un facteur 5 ou 6.- La deuxième est qu’en partant d’une base 1990 (que nous reconstituerons dans nos diagnostics), une petite partie du chemin est fait puisqu’on estime qu’en France les émissions sont stabilisées depuis 2000 et seraient actuellement inférieures de 5 % à celles de 1990. Ces 5% viennent en déduction de tout objectif pour 2020.- La troisième et la plus importante, est que les premiers pourcentages de réduction sont les moins coûteux et les plus faciles à atteindre. Les modifications de comportement, certains réglages des appareils, sont un facteur de réduction rapide, mais tout le monde comprend bien qu’ils ne suffiront pas à atteindre le facteur 4. Il faudra ensuite s’attaquer au plus difficile.Les deux échéancesDe ce qui précède il découle d’ailleurs qu’il ne nous suffira pas de nous fixer des objectifs ambitieux à l’échéance 2020. Il faudra aussi intégrer l’échéance 2050 dans notre plan. Je voudrais expliciter cette orientation pour deux secteurs majeurs.Pour le bâtiment :En rénovation, il faudra prendre garde à ne pas « tarir le gisement » comme disent les spécialistes. Le risque est en effet de ne pas isoler suffisamment dans un premier temps et de le faire sans programmer la suite, ce qui aurait comme conséquence de rendre les gains ultérieurs plus difficiles. Il doit être clair, par ailleurs que le neuf doit autant que possible être dès maintenant construit à des normes qui seront acceptables en 2050, c’est à dire encore plus exigeantes que la réglementation thermique 2012.En ce qui concerne les transports, la communication précise que les actions dans ce secteur ont plutôt un impact à moyen et long terme. Ceci ne doit pas être considéré comme un renvoi de l’action à plus tard, bien au contraire. C’est précisément parce que les effets sont longs à venir qu’il faut engager les politiques dès maintenant. C’est aussi pour cela qu’il faut dès maintenant cesser de mettre en place des aménagements qui constituent de véritables aspirateurs pour les modes les plus polluants, comme les autoroutes notamment.C’est nécessaire et c’est réalisteÀ ce stade, j’aimerais ajouter que les objectifs de notre plan climat ne sont pas seulement absolument nécessaires ; ils sont réalistes. La plupart des outils pour les atteindre sont déjà connus et ne nécessitent pas de bouleversements technologiques.Pour les transports, il s’agit de diminuer les transports inutiles, en réduisant les distances domicile travail, en relocalisant les productions et en développant les circuits de proximité. Il s’agit en outre d’organiser le report modal vers les modes non consommateurs d’énergie d’abord et vers les modes moins consommateurs et les transports collectifs ensuite.Dans l’agriculture, une grosse part des émissions peut être évitée en limitant les apports d’intrants azotés. Pour le bâtiment qui représente 28% des émissions en région centre, nous savons d’ores et déjà construire des bâtiments passifs voire à énergie positive. Notre région prime des bâtiments de logements collectifs à la norme BBC, des bâtiments tertiaires qui produisent toute l’énergie qui leur est nécessaire, et nous ne cessons d’augmenter nos exigences. Nous primons des maisons non énergivores, sobres, agréables à vivre, gaies et souvent très belles,Les initiatives se multiplient et tout montre que nos concitoyens sont prêts à affronter les difficultés liées à l’enjeu. A nous de dire la vérité sur cet enjeu et de favoriser ces initiatives.Calendrier, composantesJe vous engage à vous reporter à la communication pour le contenu du plan et pour le calendrier. Je me bornerai à rappeler les deux dimensions du plan, à la fois sur la collectivité région et sur le territoire régional, et ses deux objectifs, à la fois réduction des émissions de gaz à effet de serre et donc des dérèglements climatiques, et adaptation aux effets prévisibles de ces dérèglements et aux nouvelles données énergétiques et climatiques.Relations avec d’autres documents en cours d’élaborationJe terminerai cette intervention liminaire en abordant les relations de notre Plan Climat Energie avec d’autres documents en cours d’élaboration. Le Schéma Régional Climat Air Energie, sera co-élaboré par l’État et la région. François Bonneau qui co-présidera le comité de pilotage, a lancé ses travaux ce mardi. Un certain nombre d’études diagnostiques sont nécessaires pour les deux documents, et nous avons convenu de les mutualiser. Notre Plan devra être compatible avec le SRCAE, mais il pourra être éventuellement plus ambitieux, il comportera une partie actions, plus opérationnelle, et son élaboration devrait être plus participative.Les Plans Climat Energie plus locaux permettront plus encore la participation de la population et la mise en oeuvre de mesures pratiques. Nous prévoyons de les soutenir, en particulier ceux qui ne sont pas rendus obligatoires par la loi. Nous prévoyons de fournir des diagnostics à chaque bassin d’emploi. Ces diagnostics sont utilisés pour nos forums SRADDT, mais peuvent aussi servir de base à un travail ultérieur.Le Schéma Régional de Cohérence Écologique devrait recouper certains travaux de notre plan, en particulier dans sa partie « adaptation ». Le réchauffement qui a déjà des conséquences sur le déplacement de certaines espèces animales et végétales, pourrait avoir des conséquences plus graves sur la bio-diversité, telle que l’effondrement de chaînes d’espèces liées entre elles.Enfin notre Plan Climat Energie est bien, comme annoncé un volet de notre Schéma d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire, dont on imaginerait mal qu’il fasse l’impasse sur un enjeu aussi fondamental. Chaque forum territorial comportera un atelier Plan Climat, partant d’un diagnostic territorialisé, et recueillant les idées et propositions de nos concitoyens.Monsieur le Président, chers collègues, en m’inspirant d’une phrase prononcée à Johannesburg et devenue célèbre, je conclurai cette première intervention en disant : notre maison brûle, mais nous, nous ne regarderons pas ailleurs. ...

Plan énergie-climat

Portrait Charles Fournier

Intervention de Charles Fournier. Monsieur le Président, chers collègues vice-présidents et conseillers régionaux,Comme l’a dit notre vice-président à l’énergie et au climat, la maison brûle. Il s’agit maintenant de ne plus regarder ailleurs, mais de faire évoluer radicalement nos modes de production et de consommation, et par conséquent nos politiques régionales.Je ne reviendrai pas sur ce qui a été dit dans cette communication, sur l’isolation des bâtiments et sur le transport. J’aimerai plutôt mettre l’accent sur les autres politiques sectorielles de notre région que nous devons faire évoluer : l’économie, en particulier l’agriculture et l’industrie, l’aménagement du territoire, et enfin la coopération décentralisée.L’élévation du niveau moyen des températures va perturber les climats et les écosystèmes, ce qui aura des conséquences catastrophiques sur les populations de notre région et du reste du monde. Il convient d’essayer d’atténuer au maximum le changement climatique, en réduisant le plus fortement possible les émissions de gaz à effet de serre.Nous devons mettre en place les politiques régionales qui nous permettront de diviser par 4 nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Le changement sera difficile mais la tâche est exaltante, et relève d’une responsabilité politique essentielle : participer à faire émerger un modèle de société économiquement viable, socialement juste et adapté à nos ressources naturelles.La raréfaction des réserves d’énergie fossile va se traduire par une augmentation du prix de l’énergie. Les réserves de pétrole, de gaz et de charbon se chiffrent en quelques dizaines d’années seulement. L’énergie atomique n’a pas plus de cinquante années de réserve d’uranium devant elle, et génère des déchets qui engagent nos sociétés pour des dizaines de milliers d’années. Ce n’est donc pas une solution acceptable pour remplacer les énergies fossiles. Restent les énergies renouvelables, qui ont un potentiel encore trop peu utilisé dans notre région, et qu’il convient de développer par des politiques réellement ambitieuses. Cependant, quelque soit leur développement, elles ne permettront pas non plus de remplacer les énergies fossiles à court ou moyen terme.augmenter. Cette augmentation ne se fera sans doute pas de façon régulière, mais risque plutôt d’engendrerDans ce contexte, le prix de l’énergie va donc certainement continuer à des hausses brutales de prix, à l’image de celle que nous avons connue en 2008. Les secteurs économiques les plus consommateurs d’énergie vont être les premiers à souffrir de cela, et risquent de connaître des crises économiques, des licenciements. Les régions ont un rôle d’animateur du développement économique. Dans ce cadre il convient d’aider les acteurs de l’économie à anticiper ces évolutions : certains secteurs peuvent faire évoluer rapidement leurs process et devenir nettement moins dépendants de l’énergie. Pour d’autres, il convient d’engager des mutations plus importantes. L’évaluationde la production de gaz à effet de serre entreprise dans le cadre du Plan Énergie Climat sera un bon outil pour préparer les évolutions futures.L’agriculture est un secteur très énergivore : la production des engrais et les engins agricoles requièrent de l’énergie. C’est aussi un secteur fortement émetteur de gaz à effet de serre : les engrais chimiques produisent des oxydes d’azote qui ont un pouvoir effet de serre 310 fois supérieur au dioxyde de carbone. D’un autre côté, ce secteur est aussi fixateur de gaz à effet de serre, avec la végétation et le carbone fixé dans les sols. L’agriculture est donc à la fois un problème et une solution au réchauffement climatique. Certains types d’agriculture permettent de stocker du carbone, d’autres au contraire en émettent plus qu’ils n’en fixent. Les politiques régionales doivent promouvoir les modes de production agricole les plus intéressants pour lutter contre le changement climatique et aider les autres à évoluer. En matière d’industrie, la première approche en matière de développement durable consiste à soutenir les évolutions et les mutations de notre tissu industriel pour qu’il soit le plus adapté à la nouvelle donne énergétique. Nous devrions à la fois viser l’efficacité énergétique, et le développement d’industries d’énergies renouvelables. Les aides de la région au secteur industriel devraient évoluer pour intégrer ces enjeux.L’aménagement du territoire est une autre politique régionale qui doit évoluer pour tenir compte de la raréfaction de l’énergie et des impératifs de la lutte contre le changement climatique. Nous devons promouvoir un urbanisme durable, qui limite les transports. Nous devons aussi aider les territoires à devenir plus autonomes sur le plan énergétique. Proposer aux territoires soucieux de leur avenir énergétique de développer de véritables plans d’autonomie énergétique, visant à la fois à réduire leur consommation et à développer la production d’énergie renouvelable à partir de leurs ressources locales serait une bonne façon de prolonger le plan énergie climat régional et de l’aider à se concrétiser. Ce type de plan devrait être intégré dans la politique de pays. La dynamique régionale doit intégrer les initiatives en cours dans la région et encourager les acteurs locaux dans la voie de l’élaboration de Plan climat énergie territoriaux. La coopération entre les territoires est incontournable pour réussir aussi le volet Plan Climat Énergie du territoire régional.Enfin, le changement climatique aura un impact sur toute la planète, mais les prévisions des climatologues montrent que ce sont les pays les moins avancés qui en souffriront le plus et seront les plus impactés par l’augmentation du prix de l’énergie. Nous avons des accords de coopération avec trois d’entre eux : leLaos, le Mali et la Mauritanie. Il me semble que notre politique de coopération devrait intégrer plus fortement ces questions.La prise en compte des questions d’énergie et de climat doit nous conduire à faire évoluer fortement nos politiques régionales. Comme je le disais en début d’intervention, nous devons inventer un nouveau modèle de société, un nouveau modèle de développement, qui permettra à nos enfants et leurs descendants de continuer à bien vivre dans notre région. ...

Lancement du processus d’élaboration d’une stratégie régionale pour la biodiversité

Portrait Pascale Rossler

Pascale Rossler. Monsieur le Président, mes chers collègues,Je vous remercie par avance pour votre attention sur ce sujet majeur.2010 est l’année du rendez-vous fixé par les pays de l’Union européenne pour stopper la perte de biodiversité.La prise en compte de la biodiversité est un des 10 thèmes prioritaires de l’agenda 21 régional et un des enjeux forts du SRADDT, cela a été dit.Depuis le 18 octobre se tient à Nagoya la dixième réunion de la Conférence des Parties, organe directeur de la Convention sur la Diversité Biologique, et une délégation de la région Centre participera à la deuxième semaine de travaux.C’est un temps d’échange international important, qui permettra de mesurer les avancées réalisées depuis le sommet de Rio, mais surtout de tâcher d’adopter un plan stratégique plus ambitieux, avec des échéances, des indicateurs d’évaluation et moyens correspondants, mais d’ores et déjà nous voyons que l’adoption par les 193 états présents d’un cadre à la hauteur des enjeux semble malheureusement peu probable.Ainsi chaque échelon, et particulièrement la collectivité régionale, a un rôle majeur dans la prise en compte de cette responsabilité.Et c’est donc dans ce contexte international, qu’il vous est proposé d’engager le Conseil régional dans l’élaboration d’une stratégie régionale pour la biodiversité.Pourquoi l’état de la biodiversité est-il une préoccupation croissante ?Parce que l’effondrement de la diversité biologique est de plus en plus alarmant, les espèces s’éteignent actuellement dans le monde à un rythme qui continue à s’accélérer, il est aujourd’hui environ 1000 fois supérieur au taux naturel moyen (une espèce de batracien sur 3, une espèce de mammifère sur 4, une espèced’oiseau sur 8, et 70% des plantes sont actuellement menacées d’extinction.)Et les causes sont connues et multiples :- La surexploitation (notamment stocks halieutiques)- Les diverses pollutions (nous allons en reparler, mais je rappelle juste que la France est le 1er utilisateur de phytosanitaires en Europe et le 3ème mondial)- Les fragmentations et la destruction des habitats par l’extension urbaine et les infrastructures (c’est l’équivalent en superficie d’un département tous les 10 ans qui gagne en aménagement sur les espaces naturels ou agricoles)- Et puis Les espèces invasives- Et Le changement climatique (dont nous allons reparler également)Or On constate que C’est une préoccupation croissante dans l’opinion publique, 94% des Européens considèrent que la diminution de la biodiversité constitue un problème grave, et que c’est une obligation morale de la préserver.Cette prise en compte s’est faite progressivement.C’est en 1992 au sommet de Rio que la diversité du vivant, considérée comme une des ressources vitales, a été définie comme une priorité.10 ans plus tard, c’est à Johannesburg, en 2002, que la communauté internationale s’est engagée à freiner significativement l’érosion de la biodiversité d’ici à 2010 (et d’en faire ainsi l’année internationale de la biodiversité..) et C’est à ce moment là que la France et l’Union européenne ontadopté un objectif plus ambitieux : celui de stopper cette érosion à ce même horizon 2010.Pour y parvenir, la France s’est dotée dès 2004 d’une Stratégie nationale pour la biodiversité. La France se situe en effet parmi les 10 pays qui hébergent le plus grand nombre d’espèces animales et végétales menacées, au niveau mondial. ...

Stratégie régionale biodiversité

Portrait Michelle Rivet

Intervention Michelle Rivet. Nous avons évoqué de manière générale l’importance de la biodiversité et les politiques régionales pour la préserver ou la restaurer. Je voudrais de mon côté parler de l’importance spécifique de la biodiversité pour l’économie.En effet elle n’est souvent abordée que sur le plan de la disparition des espèces et des écosystèmes sans lien apparent avec la réalité économique.Les activités les plus dépendantes de la biodiversité restent l’agriculture et la pêche.La modernisation de l’agriculture dans notre pays a conduit à l’invention de systèmes d’abord favorables à la biodiversité. L’exemple type en est le bocage dont le 2ème en importance se trouve dans notre région, celui du Boischaut. Le bocage a permis une intensification de l’élevage tout en augmentant la biodiversité naturelle par rapport aux paysages de landes qui pré existaient.Le bocage est toujours utile comme source de bois, d’abri pour les animaux domestiques, de refuge pour les auxiliaires des cultures, de protection des cultures contre les vents dominants. Il a acquis une valeur paysagère et touristique.Mais face à des atouts difficilement mesurables, il y a l’évidence du coût de son entretien et le bocage disparaît.C’est le problème récurrent pour la biodiversité : son intérêt se mesure sur le moyen et long terme quand les agriculteurs sont soumis à la pression du court terme.Ainsi au cours des siècles se sont-ils attachés à enrichir la vie du sol pour le cultiver. Ils ont choisi d’élever les ruminants parce qu’ils transformaient de l’herbe en lait et viande grâce au fonctionnement microbiologique de leurpanse.Cette alliance avec les écosystèmes naturels s’est dégradée avec l’industrialisation de l’agriculture. Cette évolution cherche à gommer la biodiversité car il s’agit de maîtriser les processus vivants plutôt que les utiliser.Il faut garder en mémoire la crise de la vache folle avec les farines animales incorporées à l’alimentation des ruminants pour se figurer les dangers potentiels de cette évolution. Quant aux cultures, on préfère les alimenter par les engrais et les protéger par les pesticides. A l’extrême on se passe du sol pour produire industriellement des tomates insipides.L’impact en terme de coût induits de cette agriculture s’amplifie :L’un des plus préoccupants pour la biodiversité mais aussi pour l’agriculture est la baisse des insectes pollinisateurs, avec les mortalités récurrentes des abeilles.La pollinisation de nos plantes cultivées dépend de ces insectes, qui sont des marqueurs de la biodiversité. Ces pollinisateurs sont importants pour les rendements en grandes cultures, mais surtout il sont cruciaux pour la fructification et les arboriculteurs ne peuvent se passer de ce service gratuit. Cependant ils sont obligés de le faire dans des régions de Chine où la pollinisation des poiriers se fait avec un coton tige.Il est donc primordial de trouver et valoriser d’autres itinéraires techniques. Et c’est le cas de ceux de l’agriculture biologique ou, à un moindre niveau, de formes d’agriculture durable comme l’agriculture intégrée : elles s’appuientau contraire sur la vie microbiologique des sols et la biodiversité pour produire.Conserver la biodiversité domestique est donc aussi un enjeu économique.Si les écosystèmes naturels sur lesquels s’appuie l’agriculture se réduisent, la biodiversité domestique est également menacée par la sélection excessive à seule visée de production quantitative et d’adaptation à l’industrie agro alimentaire. Le combat des agriculteurs pour conserver le droit de semer leur propre récolte s’inscrit dans un combat général de préservation de la biodiversité domestique. Toutes les productions sont concernées et nous avons en Région Centre des association actives de la Coordination Nationale des Semences Fermières à celles de protection des anciennes races et anciennes variétés (comme l’URGB). Ces variétés obsolètes aujourd’hui fourniront peut être des solutions demain dans le contexte des changements climatiques par exemple.Mais il s’agit d’abord pour les agriculteurs de garder leur indépendance à travers ce droit millénaire de ressemer leur récolte. Mais ce geste est aussi le garant de la conservation de variétés adaptées à leur terroir et à génomes très diversifiés...Les enjeux sur l’alimentation mondiale sont fondamentaux. Il n’est pas innocent que les firmes multinationales de l’alimentaire concentrent leurs efforts sur le contrôle des semences. La production d’OGM en est une illustration : concentrée principalement sur les plantes qui fondent la nourriture de l’humanité (mais, soja, riz), l’offensive pour imposer les OGM est une offensive contre la biodiversité et pour le contrôle des multinationales sur l’alimentation planétaire.Les paysans qui ressèment cultivent la biodiversité tout en conservant pour eux plus de marge sur leurs produits. La biodiversité c’est aussi de la valeur ajoutée.Je rappelle que pour obtenir un bon fromage, il faut de bons ferments dans le lait ; pour produire le lait une vache ou une chèvre doit manger une herbe de bonnequalité provenant de prairies à flore variée de préférence : à tous les niveaux du cycle la diversité des espèces, leur interaction avec le milieu et entre elles sont présents et indispensables au système économique permettant la vente du fromage. Ce type de processus naturels et gratuits basés sur la diversité microbiologique est à la base des produits les plus emblématiques de notre gastronomie : fromages, vins, charcuterie etc... Une plus value économique incontestable nécessaire à la pérennité de nombre de productions et de savoir faire locaux.Et dans notre région ils ne manquent pas.. ...

Stratégie régionale biodiversité

Portrait Christophe Rossignol

Intervention Christophe Rossignol. Monsieur le Président, chèr-es collèguesLe Conseil régional du Centre, réuni les 26 mars 2009 à Orléans votait un voeu relatif à la biodiversité : la déclaration « compte à rebours 2010 » et soulignait ainsi sa détermination à agir de manière volontariste pour enrayer la perte debiodiversité.Plus d’un plus tard la région lance un processus d’élaboration d’une stratégie régionale pour la biodiversité, on ne peut que se réjouir de cette détermination.Contrairement au président de la république qui s’écriait au salon de l’agriculture « Toutes ces questions d’environnement, (…) ça commence à bien faire ». En région Centre, nous voulons agir et rattraper notre retard (il faut être lucide beaucoup de région ont travaillé avec plus de volontarisme sur cette problématique mais nous pourrons bénéficier de leurs savoir faire) et donc nous préparons pour la région l’avenir, un avenir soutenable.Nous avons ce matin débattu de la mise en oeuvre du plan climat. Je voudrais pour ceux qui «allègrement » nient dans notre hémicycle le changement climatique évoquer que pour l’Organisation Mondiale de la Santé le mais bien des vieschangement climatique est déjà responsable d’au moins 150 000 décès par an et ce chiffre devrait doubler d’ici à 2030. Il ne s’agit donc pas ici de « sauver la planète » humaines.Le rapport Stern estime que les coûts du changement climatique pourraient représenter de 5 à 20% du PIB mondial en 2050, il s’agit donc là encore non d’une lubie d’écologiste mais bien d’un élément déterminant pour notre économie.A celles et ceux qui seraient encore tentés d’opposer social et environnemental je vais citer un court extrait de la déclaration de la CSI (confédération syndicale internationale) faite hier à Nagoya.« Le modèle économique dans lequel nous vivons tous est responsable non seulement des pires formes d’inégalité et de pauvreté mais aussi d’une destruction environnementale irréversible, telle que le changement climatique et la destruction d’écosystèmes dont dépend notre survie même. »Ce choc climatique provoque de profondes modifications de l’environnement et accélère les menaces sur la diversité du monde vivant, la nature, la biodiversité dont l’humanité dépend et fait partie.Élément fondateur de nos sociétés, à la base de nos économies, source de nos cultures, la biodiversité nous est essentielle. Aujourd’hui, pourtant, son déclin se poursuit à un rythme alarmant !Nous vivons aujourd’hui la sixième grande crise d’extinction des espèces et le processus s’accélère : un cinquième de toutes les espèces vivantes pourrait disparaître d’ici 2030 - un cinquième de cette biodiversité qui nous assure notamment la qualité de l’air et de l’eau que nous consommons, mais aussi nos ressources alimentaires et énergétiques, et potentialités dans le domaine de la santé.2 médicaments sur 3 sont issus des plantes et la destruction de la nature risque de nous empêcher de trouver les remèdes aux maladies dont nous souffrons. Les causes de la perte de la biodiversité et du dérèglement climatique sont connues et communes : nos modes de consommations et de production, agriculture intensive et pesticides, sur pêche, gaspillage et sur consommation, dégradation et fragmentation des espaces naturels, pollutions… Nous connaissons les causes et conséquences de nos choix de développement mais les effets conjugués s’auto alimentant du changement climatique et de la perte de biodiversité font craindre des effets domino incommensurables.Incendies de forêts et déforestation, inondations, algues toxiques, pollution de l’air, pollution au pétrole lourd, boues toxiques...Les désastres écologiques s’enchaînent telle une malédiction inéluctable.Nous savons pourtant qu’il ne s’agit pas de malédiction mais que c’est notre mode de développement insoutenable qui détruit la nature, dérègle le climat et appauvrit les sociétés humaines.Nous savons aussi que nous devons agir vite, que nous n’avons plus le temps d’attendre. Quand on veut, on peut ! Pour lutter contre la crise financière les États ont levé des milliards. Il est temps que la crise écologique soit traitée à la hauteur des enjeux qu’elle représente. Et plus encore que l’argent nécessaire, c’est la volonté, l’imagination et la cohérence dont nous avons besoin à toutes les échelons du territoires.La cohérence qui bien sur doit nous conduire si nous voulons préserver la biodiversité et par exemple arrêter de construire des autoroutes et je ne pense pas qu’à l’ A10 Bis.Nous sommes confrontés à une crise globale mais il est impératif d’agir également au niveau local.Les temps changent, et nous devons changer notre mode de vie, nos façons de penser sous peine de voir la sombre prophétie d’un Indien Cree se réaliser « Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous vous apercevrez que l’argent ne se mange pas. » ...

Orientations budgétaires

Portrait Jean Delavergne

Intervention de Jean Delavergne. Nous avons dit ce matin dans quel contexte politique survenait ce débat d’OB.En privant les régions de quasiment toute marge d’autonomie fiscale, le gouvernement les a rendues dépendantes à 90% des dotations de l’Etat. Cette mise sous tutelle financière des collectivités locales est en totale contradiction avec le principe constitutionnel « d’organisation décentralisée de la République », principe introduit en 2003 par M Sarkozy lui-même. Mais on sait que pour ce pouvoir, les principes ne sont en fait que des arguments de communication et qu’il peut dire un jour noir et blanc le lendemain sans aucune honte.Parmi les dotations de l’Etat, celle destinées à faire face aux compétences transférées aux Région étaient déjà nettement insuffisantes ces dernières années, mais le pouvoir Sarkozyste a décidé de renforcer à partir de 2011 l’asphyxie financière des collectivités en décidant d’un gel pour 3 ans de l’ensemble des dotations. Compte tenu de l’inflation, cela correspond évidemment à une baisse des recettes réelles : on veut sans doute nous mettre en difficultés pour face aux augmentations du prix de l’énergie payée dans les lycées, à l’évolution « naturelle » de la masse salariale (même à effectifs constants), aux augmentations prévues dans les conventions TER,…Au total il a été mesuré par les services de la région que les réformes successives de l’indexation des dotations de l’Etat se traduiraient pour la RégionCentre par une perte de plus de 125M€ sur la période 2011-2015.Il s’agit pour le gouvernement de tenter de faire payer par d’autres le déficit historique qu’il a laissé se développer dans les finances publiques. Mais par-delà la manoeuvre politicienne il faut dénoncer les conséquences économiques et sociales de ce tour de vis budgétaire imposé aux collectivités. Chacun sait que ce sont elles qui réalisent 75% de l’investissement civil public en France. Les priver des moyens de financer l’investissement c’est mettre nécessairement en cause le développement économique sur les territoires et donc contribuer à approfondir la crise de l’emploi.Mais les collectivités locales assurent aussi nombre de services publics et confrontées à des financements contraints on veut sans doute les pousser à remettre en causes ces services. Quand près de la moitié du budget régional est consacré aux lycées et à la formation on peut se demander par exemple si ce que veulent les libéraux ce n’est pas en fait la dégradation des conditions de l’enseignement public.Et bien, Mmes et Ms, nous n’allons pas tomber dans le piège qui nous est tendu : nous n’allons pas accepter de remettre en cause les ambitions que nous avons pour cette région. Nous avons été élus pour mettre en place une politique et nous allons travailler à la mettre en oeuvre malgré les difficultés financières crées par le gouvernement UMP.La région doit apporter une contribution au renouveau de l’emploi. Nous l’avonsvu ce matin avec la mise en oeuvre du fond de développement de l’économieverte, mais plus généralement il s’agit pour nous d’accompagner la création et le maintien de milliers d’emplois non délocalisables. Cela passe aussi par la formation professionnelle qui doit permettre en particulier dans les domaines de l’éco-construction, de l’isolation des bâtiments, des énergies renouvelables, de l’agriculture biologique… de développer ces fameux emplois verts dont tout le monde ou presque pense qu’ils sont aujourd’hui une source d’espoir pour l’avenir. Nous sommes aussi persuadés que particulièrement dans des périodes de crise comme celles que nous connaissons, de nombreuses initiatives d’économie solidaire vont se faire jour pour répondre aux insuffisances de l’économie de marché classique et aux défaillances de l’Etat-Providence. Nous souhaitons donc très clairement que ces priorités se traduisent dans le budget 2011.Nous souhaitons aussi que les budgets des lycées et de la formation puissent rester des priorités absolues et que tout soit fait pour maintenir à un haut niveau nos interventions. Dans les lycées comme dans les CFA nous avons une action éducative importante, mais c’est le cadre bâti des lycées qui représente l’effort financier le plus décisif. Nous avions acté dans le programme soumis aux électeurs d’investir chaque année 15 M d’€ par an dans un ambitieux plan d’efficacité énergétique de nos lycées consacré principalement à l’isolation des bâtiments mais aussi au développement des énergies renouvelables. L’année 2011 sera la première année de mise en oeuvre de ce plan. Il s’accompagnera desurcroit des investissements réalisés dans le cadre du CPE. Nous n’avons pas approuvé ce mode de financement sous forme de PPP, parce qu’il risque de rendre la région trop dépendante d’une multinationale, mais les investissements du CPE viendront s’ajouter à ceux réalisés en régie et cela aboutira donc defait à un effort sans précédent dans ce domaine.La région devra aussi approfondir l’aide apportée aux particuliers à travers le dispositif Isolaris. Elle développera également sa politique de protection des milieux naturels en particulier en renforçant les dispositifs de protection de l’eau à travers les SAGE et les Contrats de Bassin. La stratégie régionale pour la Biodiversité que nous avons examiné précédemment sera aussi mise en oeuvre dans le courant de l’année 2011 et cela passera par un effort budgétaire notable, en particulier en direction des associations de protection de la nature.Le transport ferroviaire est aussi un des engagements auquel les écologistes sont évidemment très attachés. La responsabilité de la région c’est celle des TER et c’est déjà une responsabilité très lourde financièrement. Pour nous la prioritéest d’améliorer la qualité du service quotidien rendu aux usagers et de développer l’offre en réalisant de grands projets d’infrastructure régionaux comme Chartres-Orléans, Bourges-Saincaize, Orléans-Chateauneuf ou Dourdan-La Membrolle. On sait que cela représente des investissements colossaux pour notre région.Alors comment le Conseil régional peut-il mener à bien ce programme ?Nous écologistes n’avons pas caché pendant la dernière campagne électorale que les conditions financières seraient difficiles et nous avons toujours dit que nous étions prêts à travailler sur une définition rigoureuse de nos priorités car c’est là que se trouve la principale solution nous permettant de sortir du piège tendu par le pouvoir. Nos priorités sont connues : il s’agit d’assurer la qualité de vie et de préparer l’avenir en construisant une Eco-Région. Dans le contexte financier dans lequel nous nous trouvons, il ne peut plus être question aujourd’hui d’assurer des responsabilités qui ne relevant pas des compétences directes de la région ne correspondraient pas à des priorités absolues : c’est surtout le cas par exemple du financement des routes ou pire encore des autoroutes. Il est clair que la région ne devra financer aucun tronçon d’autoroute que ce soit directement ou indirectement dans ce mandat et pour ce qui concerne les routes nous ne devrions financer que les engagements pris antérieurement et qui viendront donc progressivement à s’éteindre. Il s’agit là de premières sources d’économies substantielles.Nous soutenons aussi la position du président du CR en ce qui concerne le refus de participer au financement des LGV qui relèvent complètement de la compétence de l’Etat : lorsque l’Etat prive les régions de financements importants il faut être bien hypocrite pour laisser croire que cela ne devrait avoir aucune conséquence sur les dépenses des régions. Et bien nous disons, nous, que la priorité pour la région c’est d’abord les lycées, la formation et les TER et pas les LGV qui relèvent typiquement de l’aménagement national du territoire et donc de financements de l’Etat central. En termes d’économies nous pensons d’ailleurs que l’on devrait aller encore plus loin, je l’ai dit ce matin, en refusant de financer les « éléphants blancs » de certaines collectivités de la région : ARENA à Orléans, zone d’Ozans à Châteauroux, Ryanair à Tours, future zone du Breuil dans le Loir-et Cher,… il y a ainsi dans pratiquement chaque département des projets qui ne sont pas « soutenables » en terme de développement durable. Compte tenu de l’état des finances et de la nécessité de devenir extrêmement rigoureux en matière d’utilisation des fonds publics, nous sommes pour éviter de telles dépenses.Si la priorité budgétaire est de bien définir nos priorités, nous sommes cependant favorable à utiliser aussi -même si cela ne peut rester que limité- les faibles marges de manoeuvre dont nous pouvons disposer en matière de recettes.La première possibilité (2,5%) concerne les emprunts. On sait que la situation financière de la région Centre est saine compte tenu de la gestion très prudente qui a été conduite jusqu’ici. Notre endettement est très limité puisque nous avions une capacité de désendettement de seulement 2 ans et 5 mois à la fin 2009. Par ailleurs nous bénéficions de taux d’intérêt historiquement faibles et cela devrait continuer en 2011. Comme nous l’avions déjà fait à la fin de 2009, nous proposons d’augmenter de façon raisonnable l’emprunt d’un peu moins d’une dizaine de millions d’€ pour être en mesure de maintenir un niveau d’investissement suffisamment élevé. De la même manière nous souhaitons qu’on examine la possibilité d’augmenter sensiblement les durées de remboursement des nouveaux emprunts de la région lorsqu’ils financent des équipements réellement « durables ». Il nous parait par exemple de bonne gestion aujourd’hui d’emprunter un peu plus pour développer les travaux d’efficacité énergétique dans les lycées qui permettront demain de mieux faire face face aux inévitables augmentation des tarifs du gaz et de l’électricité.Enfin nous y reviendrons lors de l’examen du rapport spécial qui y est consacré, nous sommes aussi pour utiliser la seule possibilité que nous offre le gouvernement de limiter la casse des finances régionales qu’il a organisé. Nous ne sommes pas des adorateurs du toujours plus en matière de fiscalité, mais il s’agit ici d’une augmentation très faible de la TIPP (environ 1ct d’€ par litre : qui est capable de dire le prix du dernier plein au centime d’€ près ?) ayant des conséquences vraiment limitées pour les familles (si on retient une consommation moyenne de 100 l de carburants par mois cela correspond à 1 € par ménage) surtout il y a une vraie cohérence à ce que cette augmentation très marginale de la TIPP puisse être utilisée au développement des infrastructures ferroviaires régionales : Qui aujourd’hui, après en particulier le Grenelle, peut-être contre le fait de développer nos infrastructures de TER ? Le très modeste financement supplémentaire demandé aux transports routiers et aux ménages est en réalité une préparation de l’avenir dont chacun sait qu’il sera marqué par des augmentations bien plus considérables du prix du pétrole.En conclusion, monsieur le président, mesdames et messieurs, les écologistes dénoncent les tentatives d’asphyxie des collectivités menée par l’UMP et ses alliés, et nous indiquons que cela aura nécessairement des conséquences en région Centre comme ailleurs. Nous voulons cependant réaffirmer notre volonté de mettre en oeuvre complètement le programme que les électeurs ont soutenu. Dans cette période très troublée, nous devons affirmer des priorités fortes : le budget 2011 devra en être la traduction concrète. ...

Pour un ambitieux Plan Énergie lycée

Portrait Chantal Rebout

Intervention de Chantal Rebout. Communication session 24 et 25 juin 2010 Performance énergétique en gestion directe pour les lycées de la Région Centre.La Région Centre s’est engagée depuis 2004 afin de devenir un pôle d’excellence européen en matière d’efficacité énergétique.   Or la collectivité est propriétaire d’un important patrimoine immobilier comprenant 102 lycées publics installés sur le territoire et représentant 1,8 millions de m² de surface habitable. Un  patrimoine hétérogène, des bâtiments de qualités diverses en dépit des conséquents efforts constants consentis par la Région depuis sa création. En 2009, ce patrimoine a consommé 17,527 M d'euros en énergie. D'après les résultats du dispositif Display, étude réalisée en 2004, 55% de ce patrimoine est étiqueté D, 25% E, F ou G.   Nous devons montrer l’exemple sur ce patrimoine et décliner les principes et objectifs de la performance énergétique comme définis dans le secteur du bâtiment. Nous souhaitons donc, pour relever résolument les défis écologique et économique posés à notre société, réduire sensiblement les consommations énergétiques des lycées publics placés sous la responsabilité de la collectivité, en tenant compte et même en devançant le contexte législatif en évolution sur ces sujets. Nous lançons un plan de Performance énergétique pour les 84 lycées hors dispositif CPE, dans le cadre d'une gestion directe assurée par la collectivité.   Une action en amont de la conception des projets est indispensable à la réussite de ce plan. C'est pourquoi nous lançons une campagne de diagnostics énergétiques du patrimoine, qui commence,dès 2010 dans une vingtaine de lycées. Ces diagnostics nous permettront d'avoir une vision précise de l'état énergétique des établissements, des priorités à respecter, des préconisations à suivre. Nous veillerons à fixer des objectifs régionaux de performance, concernant notamment les consommations d’énergie et les éco matériaux sous l’angle de l’énergie « grise » utilisée dans la construction et la qualité de l’air ; objectifs qui seront repris dans le Guide qualité des constructions durables mis à jour. Tous les contrats passés par la collectivité, en tant que maître d'ouvrage, déclineront ces objectifs, les préconisations des diagnostics, les points de contrôle.   Un investissement conséquent est le garant de cette politique énergétique dans les lycées. C'est pourquoi nous voulons dédier 15 M€ chaque année à des investissements pour l’efficacité énergétique du patrimoine. Ces 15M€ seront clairement identifiés dans les autorisations de programme des budgets 2011 à 2014. Les plans d'investissements et de rénovation seront orientés dans le sens d'une consommation d'énergie très réduite (RT 2012, BBC Effinergie). Dès juin 2010, la priorité sera donnée aux travaux sur l’isolation du bâti à partir d'un choix de projets. Dans un second temps ils porteront sur les équipements électriques ou de chauffage, et permettront de mener une réflexion sur l’introduction d’énergies renouvelables.   Parallèlement, nous mènerons, en concertation avec les établissements, des campagnes de sensibilisation, à partir des résultats des audits énergétiques, auprès de tous les acteurs de la vie lycéenne (enseignants, équipes administratives, agents, élèves, parents...). Une bonne connaissance des dépenses énergétiques et des gestes pour les réduire permet de réaliser de substantielles économies de l'ordre de 15%.   Des moyens humains pour mener à bien le plan Énergie Lycées.    Le volet ressources humaines nécessaire à la mise en place de ce projet global d’efficacité énergétique, offre l’occasion d’impulser une dynamique parmi les agents des lycées, en contribuant à une évolution de certains métiers, par le développement de compétences nouvelles et l’accès à des parcours et déroulement de carrières valorisants. Ces actions d'évaluation et d'évolution des compétences s'exerceront sur la base du volontariat des agents. Aujourd’hui, 2250 agents exercent dans les 102 lycées, répartis sur les 5 grandes missions décentralisées par la loi du 13 août 2004. L’entretien technique regroupe près de 400 personnes dans différentes spécialités de la maintenance des bâtiments. Ces personnes, disposent de compétences techniques particulières qui ne sont pas toujours utilisées pour un temps plein, et se voient parfois confier d’autres activités en compensation. L’émergence de nouveaux métiers dans le contexte du plan Énergie Lycées, permet de donner aux agents des perspectives de déroulement de carrière plus valorisants, et des offres nouvelles sur des niveaux plus élevés.   Nous voulons développer un réseau de thermiciens dans les établissements A partir des postes existants, sur la base d'une évaluation des compétences, et dans le cadre de concertations et d'une négociation sociale qui pourraient être engagées dès septembre par territoire. Un programme de formation accompagnera les agents au fur et à mesure de la constitution d’équipes dédiées à la question de la performance énergétique. Parallèlement les cadres de la Direction des lycées en charge des opérations de construction ou rénovation (8 chargés d’opération et 8 chargés de maintenance ainsi que le service Programmation) seront également formés aux nouvelles techniques dans le domaine des économies d’énergie.    Des moyens humains, financiers, une ambition affichée : avec ce plan Energie Lycées, avec les agents et les cadres de la collectivité, nous aurons à cœur de faire comprendre et de réussir le projet de la Région, un projet qui s'inscrit dans une démarche citoyenne, locale et mondiale. ...