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  • Abstention : danger !

    27 août 2011

    Atelier animé par Christelle de Crémiers, collectif « Engagées ! »

    Intervention de Sarah Trichet-Allaire, pour la commission féminisme

    Les causes de l’abstention sont multiples. Parmi elles, on trouve le sentiment de non-représentativité : la totalité de la population en France ne se trouve pas représentée par des élus qui sont majoritairement des hommes blancs de plus de 50 ans.

    Le vote des femmes pour les femmes moins fort en France que dans d’autres partis en Europe, mais non négligeable, et le sentiment d’identification existe quand on veut s’engager en politique.

    pour donner envie de voter pour un parti, il faut qu’il soit à l’image de la société, et quand il manque près de 35% de femmes dans une assemblée, elle n’est pas à l’image de la société. Il faut donc commencer par représenter cette moitié de la population. Pour cela, il y a plusieurs moyens, parmi lesquels la parité.

    N’oublions pas que la parité n’est pas une fin en soi, mais un moyen : un moyen pour les femmes de rattraper le retard qu’elles ont dans la vie politique.

    Il y a d’autres moyens, et nous allons les voir avec des exemples d’autres pays en Europe.

    Finlande

    La Finlande a accordé en 1906 le droit de vote aux hommes autant qu’aux femmes (La Finlande était avant un grand Duché de Russie). Il faut souligner que dès 1880, les femmes sont très présentes et mobilisées dans les mouvements sociaux mixtes. Elles y occupent souvent des responsabilités. Le fait d’avoir le droit de vote simultanement aux hommes n’est donc que le reflet d’une société déjà assez égalitaire. En 1945, elles sont un peu plus de 10% au parlement et dans les conseils locaux urbains. En 1950, elles sont déjà plus de 25% au conseil local d’Helsinki. Au parlement, les femmes sont 22% en 1970 (déjà plus que la France aujourd’hui, 40 ans plus tard !), plus de 30% en 1983 et 39% en 1991. Le parlement finlandais est le 3e meilleur au monde en terme de participation féminine, mais la progression n’a pas été linéaire au fil des ans.

    Comment expliquer un tel succès ? Des scrutins de listes avec un système de vote à la proportionnelle, un fort taux de participation des femmes et… presque autant de candidates que de candidats (39% aux législatives de 1995)

    De plus, les femmes sont présentes dans les gouvernements depuis 1926. Dans le gouvernement de 1995, elle étaient 7 femmes sur 18, avec des postes qui ne sont plus les traditionnelles Affaires sociales, mais les Affaires étrangères, la Défense, le Travail, la Finance, etc.

    Cependant, il faut relativiser ce succès, car les véritables centres de pouvoir, comme par exemple les Commissions ministérielles préparatoires pour les questions de budget ou les échelons les plus élevés de la fonction public sont encore peu ouverts aux femmes.

    Norvège

    droit de vote très tot, comme en Finlande, du coup : beaucoup de femmes élues, dans les gouvernements, et meme première ministre

    Grande Bretagne

    En 1928 elles ont accédé aux mêmes droits électoraux que les hommes. Au début des années 1990, la représentation des femmes au parlement était inférieure à 10% et dans toute l’histoire politique britannique jusqu’à 1997, il n’y avait eu que sept femmes en tout au gouvernement.

    Elles sont pourtant autant présentes dans les deux principaux partis politiques que les hommes, mais l’accession aux postes d’élus est très difficile, du fait du mode de scrutin : 90% des élus en place sont réélus, ne permettant pas aux femmes d’accéder à ces postes.

    France

    En France, elles ont eu le droit de vote 100 ans après les hommes. En 1945, quand elles ont pu entrer dans l’Assemblée Nationale, elles étaient 6%. En 1997, elles n’avaient jamais dépassé les 6%…

    Le mode de scrutin, uninominal, favorise les hommes déjà implantés localement. Et les femmes sont peu à être maire ou conseillères générales.

    La participation des femmes en politique peut être encouragée par un plus grand nombre de femmes déjà engagées : en s’identifiant à des élues femmes, il est plus facile d’entrer dans ce monde masculin.

    Cependant, ce n’est pas parce qu’il y aura plus de femmes en politique que la politique changera : pour entrer dans ce milieu, il faut en adopter les codes, et seules celles et ceux qui les adopte y entre avec succès. Je ne dis pas que ce sont des codes « masculins » ou « féminins », mais il y a un code dominant qui n’est pas celui de tout le monde. Les femmes sont nombreuses à avoir intégré dans leur éducation qu’elles doivent être douce, ne pas se mettre en avance, ne pas couper la parole des hommes. Autant vous dire qu’en politique, même à EELV, cela n’aide pas à être élue !

    La parole des femmes est plus souvent confisquée que celle des hommes. Encore ce matin, une femme à la tribune s’est faite coupée la parole par un homme dans le public parce qu’elle aurait été trop longue ! Imaginez-vous une femme dans le public disant, par exemple, à Dany Cohn-Bendit qu’il est trop long dans son intervention ?

    Est-ce que les femmes sont plus fiables ? Pas sûre, une fois que les codes sont adoptés… Elles ne sont sans doute pas plus fiable que les hommes.

    Pour faciliter l’engagement des femmes, mais aussi des hommes, il faudrait sans doute changer ce modèle politique qui ne convient pas à de nombreuses personnes, les empêchant de s’impliquer dans les partis politiques classiques.

    La coopérative d’EELV, quelque sera la forme qu’elle prendra, sera peut-être une réponse à ce désengagement, mais nous devons surtout faire entrer plus d’éthique en politique.

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    Intervention du 2 avril au Conseil Fédéral Transitoire

    12 mai 2011

    Lors de chaque conseil fédéral, les commissions thématiques disposent d’un temps de parole. Ceci est l’intervention du conseil fédéral du 2/3 avril 2011.

    En ce lendemain d’élections cantonales, j’aimerai vous parler du manque de représentativité des femmes.

    Tout d’abord sur les candidatures. Même si EELV a présenté plus de femmes titulaires que lors des élections cantonales 2008, et plus que les autres partis politiques pour cette année, cela reste clairement insuffisant : 35,8 % de femmes titulaires ! Même dans un parti politique féministe comme le notre, nous voyons bien la difficulté à applique le principe de la parité.

    La parité, rappelons-le a deux objectifs : favoriser l’engagement des femmes en politique en montrant et démontrant qu’il est possible d’être candidate, et avoir une représentativité démocratiques de nos assemblées. En effet, celles-ci sont sensées représenter l’ensemble de la population française. Comment pouvons-nous croire à cela quand 13,8% des Conseils Généraux (18 % pour l’Assemblée Nationale) sont constitués de femmes ?

    Le manque de représentativité des femmes existe pour les candidatures, mais est encore plus présent pour les élues : 23 % de femmes candidates pour 14 % de femmes élues. Et si elles sont moins bien élues, il y a deux explications possibles : Soit les femmes font de moins bonnes campagnes – ce qui n’est pas réaliste -, soit elles sont candidates sur des circonscriptions non gagnables.

    C’est donc à l’intérieur même du parti politique, lors des désignations, que se situe les difficultés pour les femmes.

    Et ces difficultés s’ajoutent aux parcours personnels : comment trouver le temps de s’engager en politique quand 80% des tâches ménagères sont réalisées par les femmes ? Comment se représenter élue quand notre imaginaire nous renvoie un homme blanc de 50 ans avec une écharpe tricolore ?

    Que faut-il tirer comme conclusions de ces chiffres ? Ce qui compte, c’est le mode de scrutin.

    On le voit bien, en comparant ces chiffres avec les conseils régionaux, où presque la moitié des assemblées sont féminines : Un mode de scrutin uninominal ne peut être que défavorable à la représentativité des femmes.

    C’est pour cela que nous devons – entre autre ! nous opposer à la réforme territorial qui nous est proposée. Cette réforme qui doit fusionner régions et départements (et avec laquelle nous aurions pu être d’accord, puisque nous demandons la suppression de ce dernier échelon) prend le plus mauvais de ce qui se fait, en particulier pour le mode de scrutin qui serait uninominal.

    Nous devons exiger pour toute élection une parité de résultat, avec des scrutins de listes systématiques.

    Mais la réforme territoriale est aussi néfaste sur d’autres aspects : avec la suppression de l’échelon départemental, c’est la diminution de possibilité de demande de subvention pour les associations qui diminue. À la fois parce que c’était le département qui soutenait pour une grosse part le budget des associations, mais aussi parce que la fusion des instances n’aboutira certainement pas à la fusion des subventions. Avec le désengagement de l’État en plus, il est plus que probable que toutes les associations verront leur budget diminuer.

    Les associations féministes sont souvent touchées très durement, n’étant pas vues comme « prioritaires ». Mais nous parlons bien là d’associations telles que le planning familial ou SOS femmes : des associations absolument essentielles pour protéger les femmes fragilisées, ou pour accéder à la contraception et à l’avortement, en particulier pour les jeunes ou les femmes sans papiers.

    Pour les associations, comme pour tout le secteur de l’ESS, cela signifie une baisse des activités et une baisse du nombre d’emplois, dans ce secteur où l’emploi est souvent déjà précaire et féminin.

    Pour toutes ces raisons, la réforme territoriale n’est pas acceptable.

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