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  • Féminisme : contribution pour le projet 2012

    1 décembre 2010

    Vous pouvez retrouver ce texte sur le site du projet 2012 des écologistes.

    Comme tout projet démocratique et respectueux de la Déclaration des Droits de l’Homme, un projet écologiste est un projet qui n’oublie pas les femmes et la lutte pour qu’elles vivent l’égalité avec les hommes. Cela passe par rendre les femmes visibles pour mettre en lumière les inégalités qu’elles subissent, et à proposer des mesures phares pour y remédier.

    Rendre les femmes visibles :

    Les ministères et la fonction publique auront pour obligation de genrer chacun de leurs travaux, tant au niveau des analyses de situations que dans la mise en œuvre des projets politiques. Lorsqu’ils constateront des différences entre la situation des femmes et celle des hommes, ils devront mener une réflexion sur les moyens à mettre en œuvre pour les réduire au plus vite, sans s’exonérer de la possibilité d’actions concernant spécifiquement les femmes ou les filles.

    Les femmes doivent apparaître comme aussi incontournables que les hommes à tous les niveaux de prise de responsabilité. Différents outils seront mis en place pour y parvenir :

    • Généralisation de l’objectif de la parité des cadres dirigeants, dans la fonction publique et dans les grandes entreprises privées, ce qui implique le plus souvent des nominations principalement de femmes jusqu’à parvenir à cette parité, et ce dans un délai de cinq années.

    • Mise en avant des femmes qui ont fait l’histoire dans tous les domaines (politique, sciences, arts, lettres etc…) : favoriser la recherche, la publication et la vulgarisation sur le sujet.

    • Les modes de scrutins électoraux seront adaptés pour permettre la parité effective, au-delà de la parité de candidature.

    • Les structures rendant des personnes connues (édition, création artistique, spectacles, produits culturels, télévision, sports etc …) seront encouragées à mettre de la mixité dans leurs activités, en passant par des subventions accordées conditionnellement en fonction de leur proximité avec la parité des auteur/es, artistes, sportive/fs etc… mis/es en valeur, vivant/es ou décédé/es.

    • Révision des règles orthographiques appliquées dans les corrections des épreuves d’examen et les documents officiels :

      • modification des règles d’accord pour revenir à ceux employés avant Vaugelas, qui a rédigé les fondements de la grammaire française encore aujourd’hui appliquée en prenant comme principe la supériorité de l’homme sur la femme.

      • Utilisation du mot « humain » pour désigner femmes et hommes ensembles ou indifféremment (« droits de l’humain » à la place de « droits de l’homme »)

      • Disparition du mot « mademoiselle » et de madame + prénom et nom du mari des documents officiels, utilisation du prénom et du nom de famille de la femmes pour la nommer dans les documents officiels adressés au couple (à son choix elle pourra toujours utiliser le nom de son conjoint en usage).

    • Rectification de la loi sur l’attribution du nom de famille en supprimant le leg du nom du père aux enfants par défaut, et en donnant à tous les enfants le nom de famille de ses deux parents. Chaque enfant pourra choisir le nom qui sera transmis à leurs propres enfants, un seul nom pouvant être choisi comme « nom d’usage », durant l’enfance ou la vie d’adulte. (Explication : actuellement, en cas de désaccord entre les deux parents, c’est le nom du père qui devient celui de l’enfant. Donc si le père veut transmettre son nom, il peut décider de le faire et la mère n’a qu’à s’y plier. )

    • Passage d’une déclaration d’impôt par famille à une déclaration d’impôts par adulte : de même qu’à une époque il y avait un vote familial exercé par l’homme de la famille, il y a maintenant des impôts calculés au niveau familial payés par l’homme de la famille (la déclaration est à son nom, la conjointe n’apparaissant que comme « part, au même titre que les enfants).

    • Passage progressivement d’une sécurité sociale de conjoints comme « ayants droits » à une sécurité sociale autonome, incitative au travail féminin à temps égal avec son conjoint.

    • L’argent de la prostitution des prostituées ne doit pas être considéré comme un revenu, les prostituées doivent avoir accès à toutes les aides destinées aux personnes sans revenu (RMI, CMU, allocation logement etc…), ne pas avoir à déclarer cet argent aux impôts (État proxénète) et avoir les mêmes droits que les autres femmes.

    Réduire les inégalités :

    Lorsque les statistiques sont genrées, elles permettent de quantifier des inégalités généralisées :

    • de revenus : les femmes ont des moindres rémunérations, de moins bons emplois, plus de temps partiels, une absence du monde du travail, exercent des travails « au noir » en tant qu’aides de leur conjoint, ont de petites retraites etc) ;

    • de travail : les femmes travaillent plus que les hommes en cumulant travail familial et emploi, leurs emplois sont généralement moins épanouissants ;

    • de propriété : elles sont moins propriétaires de la terre (mais existe-t-il des chiffres précis concernant la France ?), des entreprises et d’actions ;

    • d’accès aux soins : les médicaments ne sont pas conçus pour les femmes, la gynécologie médicale est en voie de disparition, elles se rendent moins chez le médecin ;

    • d’accès à une sexualité épanouie : les femmes sont souvent considérées comme des objets sexuels ou des reproductrices en fonction de la manière dont elles vivent leur sexualité ou en fonction des besoins des hommes de leur entourage, les médias amplifiant ce phénomène ;

    • de considération comme êtres humains autonomes : les femmes sont souvent traitées selon ce qu’elles peuvent apporter aux hommes et aux enfants, et non selon leurs besoins propres (exemple : le congé maternité n’est pas accordé parce que les femmes ont besoin de se remettre de leurs couches, mais parce que l’enfant a besoin de soins particuliers)

    • de bénéfices dans la redistribution par les impôts : les choix d’utilisation des impôts se font plus en direction des besoins masculins que féminins

    • de sécurité : les agressions par leur conjoint sont la principale cause de décès des femmes de 16 à 45 ans, mais les moyens mis en œuvre pour les en protéger sont négligeables. Les femmes sont rarement les agresseuses, habituellement les victimes d’agressions

    • d’accès aux lieux de pouvoir et de responsabilité : si elles sont souvent plus diplômées que les hommes, elles sont le plus souvent écartées des postes de dirigeantes ou de cadres au profit d’hommes qui n’ont pas montré une supériorité de compétence ;

    • d’accès à une orientation professionnelle diversifiée : les métiers dans lesquelles s’orientent les filles représentent 10% de la totalité des professions ;

    • d’une éducation valorisant leurs capacités et leurs compétences au-delà des stéréotypes sexués.

    Réduire ces inégalités demande la mise en place d’une politique volontariste et spécifiquement destinées aux femmes. Les Verts s’engagent à mettre en place des projets adaptés aux besoins réels, déterminés par des analyses genrées à tous les niveaux.

    Les outils d’une politique pour l’égalité entre les femmes et les hommes :

    • Une finance prenant en compte le genre dans les recettes et les dépenses ;

    • Des moyens pour faire face aux problèmes spécifiques :

      • Violences faites aux femmes avec en toute première priorité leur protection et la possibilité pour elles de vivre chez elles en toute sécurité. Cela passe par une réforme des règles de garde des enfants lors de séparations.

      • Des recherches (CNRS, université) sur les moyens de lutter contre les stéréotypes de sexe et par la suite de formations en particulier de l’ensemble des acteurs de la culture, du sport et de l’éducation.

    • Des politiques redirigées : le traitement des différents sujets se fera en tenant compte aussi des besoins des femmes. Des exemples :

      • Favoriser l’accès de toutes les femmes à une sexualité épanouie et respectée par les hommes (importance de l’éducation donc de la formation des partenaires éducatifs, et questionnement sur ce que peut être une sexualité épanouie pour une prostituée)

      • Soutien des femmes seules, en tenant compte de leurs besoins : aides pour éduquer leurs enfants (formations, médiations), rompre l’isolement par de nouvelles formes d’habitats

      • Rediriger les subventions aussi vers les activités choisies par les femmes et valoriser ces activités

      • Prendre en compte la manière dont les femmes utilisent l’espace public pour leur permettre un meilleur accès :

        • Accompagnement des filles à des activités leur permettant de sortir de leur quartier et du regard des frères

        • Formation à la nuit pour éradiquer les peurs et sécurisation lorsque nécessaire

        • Aménagements de la rue qui favorise le quotidien des femmes (sécurité pour les enfants autonomes et cyclistes, trottoirs pour poussettes etc…)

    • Des financements incitatifs aux mesures prises en faveur de l’égalité par des subventions et aides diverses accordées sous conditions, par exemple :

      • aux entreprises : moyenne des salaires féminins égale à la moyenne des salaires masculins, égalité de responsables de plus haut niveau, horaires conciliables avec la vie familiale pour les hommes aussi, promotion des femmes qu’elles aient ou non des enfants etc…

      • culturelles accordées : égalité d’auteures/auteurs, artistes femmes/hommes, salaires etc…

      • sportives : égalité de salaire, féminisation des sports comme le football

    • L’application des lois concernant les discriminations, les violences, l’exploitation, le droit du travail, les insultes, les propos sexistes etc. : la plupart des lois existent mais elles ne sont pas ou mal appliquées, les actrices/acteurs de la justice doivent recevoir des formations et des directives pour cela.

    • Modification des temps de la vie :

      • Congé de maternité transformé en congé de parentalité et congé de grossesse, le premier destiné aux besoins de l’enfant, le deuxième à ceux de la mère. Les pères devront prendre au moins la moitié des congés de parentalité, dont une partie durant le congé de grossesse post-accouchement, le congé de parentalité pouvant se décliner de diverses manières – deux mi-temps, alternance entre le père et la mère etc…

      • Étude de la manière dont peut être conciliée la vie personnelle, la parentalité, la vie professionnelle (et la retraite) et la vie publique pour les femmes et pour les hommes.

      • Étude d’une refonte du système de protection sociale pour inciter les femmes à devenir autonomes sans pour autant supporter l’essentiel des charges d’enfants

    Une politique pour l’égalité entre les femmes et les hommes est difficile à mettre en œuvre, les stéréotypes étant très ancrés dans chacun d’entre nous, femmes et hommes, nous masquant souvent les inégalités. C’est l’esprit de justice pour les femmes qui mène cette réflexion, à laquelle nous espérons que vous adhérerez.

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