Je viens vous parler d’un film qui sort bientôt : SUPERTRASH
À l’origine de ce projet insensé, une prise de conscience et une remise en question : lorsque Martin Esposito voit le film d’Al Gore Une vérité qui dérange, en 2006, il est choqué par tant de négligence vis-à-vis des problèmes environnementaux. Il se met dans l’idée de faire le tour du monde des décharges à ciel ouvert. « On entend beaucoup plus parler de la pollution de l’air, et non de celle de la terre. Quand on ferme le couvercle de la poubelle, on ne pense pas à la suite de l’histoire. J’ai voulu montrer l’envers du décor. » Finalement, il commence son épopée dans le sud de la France, à deux kilomètres de là où il a grandi, et y restera presque deux ans.
« J’ai pris conscience que, dans un pays scientifiquement avancé comme le nôtre, aucune technologie n’existait réellement pour le traitement des déchets. Je devais rester sept jours dans cette décharge et puis, au final, j’y suis resté jusqu’à la fermeture du site », continue-t-il. Pourtant, Super Trash n’accuse personne. Toute marque de société de triage de déchets est floutée et aucune politique n’est visée. Seuls les « mensonges » de certains organisateurs de grands événements – comme le Festival de Cannes, pour ne pas le citer – sont mentionnés.
À la publicité faite par le célèbre festival sur son respect du tri sélectif répondent des images de kilos de tapis rouge amassés au milieu de poulets morts ou de plastique déchiqueté. À la question « la faute à qui ? » Martin rétorque simplement : « Nous sommes nos propres ennemis. » Pour Philomène Esposito, sa mère et productrice du film, « c’est un film pour, et non un film contre ». « Dans ce film, Martin n’accuse personne, et c’est sa force. Les gens, même connaisseurs, restent de marbre face à ce désastre, on voudrait seulement que ça amène à une réflexion collective. Ce n’est pas une œuvre polémique, car nous ne sommes pas militants. »
Ce film met donc les pieds dans le plat, ou plutôt les pieds dans nos déchets. La société actuelle déconsidère les filières de retraitement. Il est temps de changer de paradigme et de faire en sorte que la gestion de nos déchets soit plus responsable.
Il y a quelques mois, j’avais assisté, grâce à Bagneux Environnement, à une conférence sur le recyclage des déchets. Les intervenants venaient de la CNIID , centre national d’information indépendant sur les déchets, et expliquaient que les bio déchets ainsi que les déchets verts représentaient en moyenne 25% de tous nos déchets et qu’ils étaient brûlés ou enfouis avec des déchets non dégradables dans la plupart des cas. Il existe pourtant d’autres solutions à mettre en place. Le compostage à échelle industrielle, le compostage de quartier, d’immeuble, le lombri-compostage, la récupération des bio déchets pour nourrir des animaux tels des gallinacés.
Et vers chez nous que se passe t’il?
Moi même, avec mon panier de l’AMAP, je suis bien embêté avec mes épluchures de légumes. J’ai bien tenté de me faire un mini composteur sur mon balcon, mais c’est un processus long et pas toujours efficace si on ne le surveille pas. Aucune solution n’est proposée à Montrouge pour recycler ses déchets bio ou verts. A Malakoff, des composteurs de quartiers ont été mis en place dans les jardins publics. La ville de Paris propose d’aider les copropriétés à mettre en place des solutions de compostage et de lombri-compostage.
Mais alors où vont nos déchets? Il s’avère que c’est le SYTCOM qui les gère. Voici leur plaquette commerciale. Derrière ce joli habillage, on se rend compte que l’on brûle nos déchets, y compris les bio déchets, à l’incinérateur d’Issy les Moulineaux. Cette pratique est dénoncée par le CNIID, et l’interdiction de poser un capteur AIR PARIF à Issy les Moulineaux découle peut être de la volonté de cacher la qualité de l’air aux alentours de cet incinérateur. Modifier les pratiques du SYTCOM prendra du temps. C’est une politique régionale à revoir, et nos élus doivent se saisir de cette problématique.
Mais pragmatiquement, il est temps de réduire nos déchets à Montrouge et cela c’est possible.
Il suffirait de mettre en place des solutions de compostages dans les parcs, et de proposer une aide aux copropriétés désireuses de passer au compost. On pourrait aussi créer des poulaillers municipaux pour réduire les déchets organiques consommables. Cela nécessite la formation des agents municipaux. Mais la transition écologique passe par là.
En bonus, avec le compost obtenu, on pourrait avoir une matière première pour lancer des jardins partagés, hors sol. Cela permettrait de verdir les rues de Montrouge. Et pourquoi pas lancer le mouvement des incroyables comestibles, qui crée du lien, fait prendre conscience aux gens que les circuits courts sont possibles.
Comme vous le voyez, l’écologie avance, les idées sont là. Il suffit d’une volonté politique pour entrer dans le XXIème siècle qui se doit d’être le siècle de l’écologie urbaine. Chacun à son niveau. C’est à nous de faire de Montrouge une ville durable qui gère au mieux ses déchets.
A bientôt!
Brice.