Schéma Régional de l’enseignement supérieur et de la vie étudiante
Intervention de Jean Delavergne
Mesdames et messieurs,
Une fois n’est pas coutume, je souhaite me limiter dans ce débat à une intervention qui n’est pas sans rapport avec le département dont je suis issu.
Je souhaite en effet que ne soit pas présenté comme une évidence qui ne mériterait pas discussion la concentration annoncée des formations longues dans les deux sites universitaires d’Orléans et de Tours. Même si il a été ajouté concentration «pour l’essentiel» je veux ici témoigner de l’inquiétude que suscite cette orientation et rappeler quels sont les principaux arguments favorables aux antennes universitaires décentralisées.
1- une étude menée par l’université d’Orléans l’a montré : la réussite des étudiants fréquentant ces annexes est dans l’ensemble au moins aussi bonne que la réussite de ceux suivants leur cursus sur les sites d’Orléans. Cette question de la réussite des étudiants est décisive.
2- mais de plus ce résultat remarquable est obtenu alors même que l’origine socio-professionnelle des étudiants des antennes est en moyenne plus modeste. À l’heure où, cela à été rappelé en début de séance, l’ascenseur social parait quelque peu bloqué, ce n’est pas le moment de remettre en cause des dispositifs qui favorisent au contraire l’accès du plus grand nombre à l’enseignement supérieur.
3- une fois pris en compte l’intérêt des jeunes, qui doit rester la seule priorité, nous ne pouvons pas négliger cependant la dimension de l’aménagement du territoire. Bien évidemment l’existence d’une certaine diversité de formations d’enseignement supérieur sur un territoire comme l’Indre est un élément important d’attractivité. Attractivité aussi bien en direction des familles soucieuses d’assurer des possibilités de formations post-bac de proximité que en direction des entreprises.
Le principal argument contraire est celui de la nécessité de concentrer tous les moyens pour rivaliser au niveau européen voir international. Je me permet de dire que cette logique appliquée dans tous les domaines ne pourrait aboutir au final qu’au déménagement du territoire. Permettez-moi une petite provocation : pourquoi ne pas poursuivre la concentration des moyens à son terme et décider qu’il n’y aurait plus qu’un seul site dans l’ensemble de la région? Resterait alors à se mettre d’accord pour savoir si cela devrait être plutôt Orléans ou plutôt Tours ! Je pense que le débat sur l’AMI cette après-midi montrera qu’un tel choix d’un seul site ne devrait guère poser de problèmes chez tous ceux qui souhaitent cependant au nom de l’intérêt général concentrer les moyens...
Pour revenir à la réalité je suis bien entendu très conscient de l’impossibilité d’offrir dans un département comme le mien toutes les formations supérieures et nous sommes aussi convaincus de l’utilité pour des jeunes de découvrir d’autres territoires, d’autres ambiances, d’autres dynamiques. Permettez-moi d’être de ce point de vue très inquiet quant aux possibilités de mobilité offertes demain justement à tous les jeunes qui souhaitent suivre des études supérieures que ce soit à Orléans, comme à Paris ou encore à Limoges ou Toulouse. Je veux faire référence ici aux menaces très sérieuses qui pèsent sur la ligne POLT. Quant à étudier à Tours ... nous ne pouvons qu’espérer que la question de la réouverture aux voyageurs de la ligne Châteauroux-Tours viendra prochainement à l’ordre du jour. Nous aurons l’occasion de revenir ce soir à l’occasion d’un vœu sur ces enjeux de transports ferroviaires décisifs aussi tant pour nos jeunes qui souhaitent faire des études supérieures que pour attirer des enseignants du supérieur dans les formations qui doivent être maintenues et développées aussi dans un département comme l’Indre.