Elaboration du SRDESI et économie circulaire
Intervention de Christophe Rossignol
Monsieur le président, chers collègues, dans la situation de crise profonde que nous connaissons, s’il est essentiel de prendre des mesures d'urgence, préparer l´avenir est également une nécessité.
En raison de la mutation profonde de notre économie, liée à la globalisation des échanges et aux révolutions technologiques, les énergies fossiles se raréfiant, la biodiversité s’appauvrissant, il est urgent de repenser notre manière de produire et de consommer et d’agir sur les leviers qui relanceront la compétitivité industrielle. Dans ce cadre, les filières vertes sont un terreau favorable pour amorcer le «redressement productif».
Si, en région Centre, les orientations concernant les problématiques d’énergie, de climat, et de biodiversité sont identifiées, celles relatives aux ressources et aux déchets, au cœur des préoccupations des industriels et des écologistes, ne sont pas inscrites aussi clairement dans les priorités. Ces points sont pourtant fondamentaux pour préserver les ressources et créer de nouveaux emplois à forte valeur ajoutée et non délocalisables.
L’Union Européenne note qu’ « étant donné que 80 % de toutes les incidences sur l’environnement liées aux produits sont déterminées pendant leur phase de conception, il faut faire en sorte que les produits soient de conception écologique, en vue d’optimiser l’utilisation rationnelle des matériaux et des ressources ».
L’Union Européenne souligne également que l’épuisement de certaines ressources stratégiques est d’ores et déjà programmé et que la question du recyclage des matériaux issus de nos produits est plus que jamais stratégique pour soutenir et relancer l’industrie.
Dans son programme d’action général pour l’environnement à l’horizon 2020, l’Union Européenne indique que « les objectifs actuels en matière de prévention, de réutilisation, de recyclage, de valorisation et de réduction de la mise en décharge doivent être revus dans le but d’instaurer une économie «circulaire».
Qu’est ce que l’économie circulaire ? C’est un nouveau concept et modèle de production ayant pour objectif le "zéro déchet", un modèle opposé à l’obsolescence programmée et à l’économie linéaire (utiliser et jeter) où le développement est synonyme d’épuisement des ressources naturelles. Concrètement, il s’agit de concevoir des produits en anticipant leur recyclage, et de valoriser intégralement des ordures avec des prélèvements minimes de matières premières.
Par exemple, quand on parle bâtiment, il faut aussi parler d’écoconstruction et de dé-construction. Aujourd’hui, ce sont environ 30% des matériaux de déconstruction qui sont recyclés. L’objectif européen et français est bien plus élevé: 70% !
L’industrie automobile est également engagée sur le recyclage des plastiques, des caoutchoucs, mais à hauteur de 20 % seulement. Le commerce de plastiques recyclés en Europe a plus que doublé en 10 ans. La région Centre saura-t-elle tirer profit de nouveau marché ?
Autre exemple, la semaine dernière la multinationale suédoise H&M a annoncé qu’elle lançait une collecte internationale des vêtements usés de ses clients, en vue de les recycler. Contre un bon d’achat, H&M veut réduire l’impact sur l’environnement de ses vêtements tout au long de leur cycle de vie et créer une boucle fermée pour les fibres textile, indique son président directeur général qui souligne que cela aura un impact financier positif.
Dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, et sur Internet les réseaux d’échanges et de dons se développent . Il existe en France un réseau de ressourceries qui collecte les objets abandonnés pour les réparer et les revendre sans but lucratif. Mais si vous regardez la carte des ressourceries en France vous remarquerez un grand vide en région Centre, même s’il existe dans notre région les communautés Emmaüs et des associations qui réparent les vélos.
Selon l’ADEME, concernant les déchets, la mise en place dans notre région de démarches éco-exemplaires, avec des partenaires extérieurs, émerge à peine et le taux de valorisation matière est en région Centre de 10 %.
On le voit, il existe à la fois une nécessité et des opportunités pour concilier en région Centre écologie et économie. Pour cela le Conseil régional doit faire un travail de fond pour favoriser la structuration des filières et la formation des professionnels afin de faire des déchets une ressource de développement d’activités et d’emplois nouveaux. Il faut mettre en place un plan d’action et la Région doit se positionner comme animatrice pour l’ensemble des acteurs régionaux qui travaillent sur cette thématique. Ils sont nombreux.