Aides économiques et patrimoine naturel
Intervention de Pascale Rossler
Madame La Vice-présidente, Monsieur le Président, mes chers collègues, comme l’ont développé les collègues du groupe Europe Écologie - Les Verts, la conversion écologique de l’économie est l’enjeu du rééquilibrage et de la réussite de la pérennité de notre modèle de développement.
L’équilibre de la société repose en effet sur un équilibre économique bien sûr, mais tout autant que sur sa viabilité sociale et écologique. Tout est lié, et la crise dont les économistes sérieux ne peuvent prétendre qu’elle est derrière nous nous a montré le limites de notre modèle. Le PIB est un indicateur périmé du siècle dernier et ne saurait refléter la bonne santé de nos sociétés.
Le mot « crise » en chinois a deux sens : opportunité ou menace. La menace, nous la ressentons et la pressentons de manière de plus en plus prégnante et forte, par des épisodes climatiques extrêmes et de plus de plus fréquents. L’opportunité, c’est donc de refonder une économie sobre en carbone et garante de nos ressources naturelles. Les industriels les plus allants l'ont bien compris et vont dans ce sens, devenir sobre en carbone et préserver l'environnement, c’est devenir à terme plus compétitif.
En effet la préservation de notre capital naturel (ressources énergétiques fossiles et naturelles) se révèle chaque jour un peu plus essentielle à la stabilité des marchés, et l’effondrement de ces dernières, une menace croissante. Le bon sens montre aujourd’hui que l’écologie, c’est de l’économie à long terme. Gérer le présent en préparant l’avenir doit être notre leitmotiv aussi dans tous les secteurs de l’économie. L’ONU a d’ailleurs demandé aux États, lors de la convention sur la diversité biologique fin 2010, l’arrêt de ce qu’il qualifie de « subventions perverses », ces aides attribuées sans contrepartie environnementale, ou à des activités ayant un fort impact environnemental.
La communication sur les aides économiques montre que 57% des chefs d'entreprise trouvent les contreparties sociales et environnementales peu contraignantes et éprouvent une grande fierté, M. Novelli à contribuer à la bonne santé sociale et environnementale de notre économie. Ce que M. Novelli réduit à un « handicap » pour les 43% restants signifie à notre sens, évidemment pas qu'il soit nécessaire de revenir en arrière vers des pratiques toujours plus clivées, déconnectées et destructrices de notre tissus social et environnemental. C'est au contraire bien un signal que les enjeux économiques liés à l'état de notre environnement ne sont pas encore suffisamment connus, et le rôle fondamental qu'à la Région pour initier et expliquer l'intérêt de ces bonnes pratiques de l'économie de demain.
Il est en effet courant de constater l'adhésion sincère au respect de ces critères une fois que les entreprises s'y sont essayées, même s'il faut parfois commencer par un levier incitatif contraignant pour les faire intégrer dans notre modèle dont ce n'est pas la culture.
C’est pourquoi, par exemple, pour en revenir aux politiques régionales, la récente révision du dispositif cap hébergement intègre des critères d’efficacité énergétique incitatifs et ambitieux . Pour ne citer qu’un exemple de l’enjeu, un logement de 130 m² en mauvaise efficacité énergétique représente 1800 euros de charges chauffage/an. Ce même logement en basse consommation passe à 250 euros/an. Vous imaginez vite l’intérêt pour l’économie touristique régionale. De plus cet effet levier doit nous permettre de rendre notre offre touristique plus attractive, les hôtels éco-labellisés par exemple, dont le label apporte une valeur ajoutée considérable en terme de fréquentation, sont aujourd’hui au nombre de zéro dans notre Région.
Par ailleurs, concernant l’intérêt de préserver la qualité de notre patrimoine naturel, lorsqu’on sait que c’est sur lui que repose 40% de notre économie, il est évident qu’expérimenter des bio-conditionnalités, aujourd’hui encore peu existantes, en les accompagnant de pédagogie, et en nous assurant de leur pertinence autant que de leur acceptation, sera pour notre Région un atout avant-gardiste et de poids pour son économie, et je vous remercie Mme La Vice-Présidente d'avoir envisagé ces pistes.
Les contraintes budgétaires nous obligent plus que jamais à optimiser les deniers publics, par l' exigence que leur utilisation cautionne des activités respectueuses des 3 piliers du développement durable, et que pas un ne soit la variable d'ajustement, pour franchir le cap du 21ème siècle et accompagner la Région dans l'âge de l'économie durable, en anticipant vers les métiers d’avenir et en aidant les entreprises à innover pour équilibrer leurs impacts, et ce dans tous les secteurs.