Lettre ouverte de Geneviève Lebouteux : réponse à M.Clémancey au sujet du projet d’aéroport à Nantes (NDDL)

Geneviève LEBOUTEUX, conseillère régionale. Membre de la Commission du développement et des activités économiques, de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.

Monsieur,

 

Je vous remercie pour votre récent courrier adressé à Hervé Kempf au sujet du projet de nouvel aéroport à Nantes (Notre Dame des Landes). Il me donne l’occasion de rectifier certains points.

 

Je ne m’étendrai pas sur la perte des fermes et de l’emploi agricole : même si le phénomène existe aussi chez nos voisins européens, ce n’est pas une raison pour persister dans cette tendance. Les enjeux énergétiques, écologiques et même alimentaires d’aujourd’hui remettent profondément en question le modèle agricole « moderne » dont vous parlez, mais c’est un débat plus large.

 

Pour votre information, Nantes dispose déjà d’un aéroport international, il s’appelle Nantes Atlantique, il est situé au sud de l’agglomération, il fonctionne plutôt bien, il vient d’ailleurs de recevoir le prix du meilleur aéroport européen attribué par les compagnies aériennes régionales ! Sur cette plate-forme, le nombre de passagers a connu une croissance importante depuis 2004 avec l’ouverture aux compagnies low cost (3 millions dans l’année aujourd’hui). Mais comme les avions sont plus gros et mieux remplis, il y a aujourd’hui moins d’avions (environ 40 000 dans l’année) qu’il y a dix ans (43 200 en 2000). Et la marge de progression de l’emport moyen (nombre de passagers par avion) reste importante. Comparativement à certains aéroports à une piste dans le monde (Genève, Gatwick, San Diego-USA…), le trafic sur Nantes Atlantique est extrêmement modeste. Il a encore des marges de progression.

 

En tant qu’écologiste, je ne souhaite pas bien sûr un développement important du trafic aérien : un aller-retour Paris-New York correspond à l’empreinte écologique moyenne d’un habitant de la planète sur une année. Mais je sais que tout le monde ne partage pas cette vision des choses. A ceux qui souhaitent le développement de ce trafic sur l’Ouest, je dis que celui-ci est possible avec le maintien de la plate-forme actuelle. Non seulement il est possible mais il est beaucoup moins coûteux en argent public, en terres agricoles, en biodiversité, en dégâts sociaux. Je rappelle en outre qu’une bonne partie des émissions de CO2 du secteur aérien est émise par les voitures des passagers qui se rendent à l’aéroport. Nantes Atlantique est desservi par une voie ferrée qui le relie à la gare de Nantes… mais celle-ci ne sert que pour les marchandises ! Un effort d’optimisation de la plate-forme serait bien plus intelligent que le projet actuel qui multipliera les kilomètres parcourus en voiture. En effet, des dessertes ferroviaires sont prévues mais très incertaines car non budgétées et aucune collectivité ne se bouscule pour payer !

 

Dernier point, les deux plates-formes aéroportuaires actuelles de Loire Atlantique, Nantes Atlantique et Saint Nazaire, vont demeurer si l’aéroport de Notre Dame des Landes se crée. En effet leur disparition fragiliserait la société Airbus implantée sur ces deux sites. Il y aurait alors quelques bénéfices d’urbanisation autour de Nantes Atlantique mais nettement réduits. Sans parler du coût de gestion des trois plates-formes : qui paiera ?

 

Il est temps de redescendre sur terre : le projet de Notre Dame des Landes est inutile, ruineux et destructeur. Il doit être abandonné. Le collectif des 1000 élus opposés à ce projet rendra publics fin octobre les résultats d’une étude sur la pertinence économique du projet, réalisée par un cabinet européen indépendant. De nouveaux éléments en perspective pour nous aider collectivement à revenir à la raison.

 

Geneviève LEBOUTEUX

>> A lire dans Le Monde des lecteurs : « Les enjeux de Notre-Dame-des-Landes » , les textes de M. Clémancey, de Geneviève Lebouteux, de Jeanne Sézanne

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