Session des 17, 18 et 19 décembre 2012 - Discours d'Agnès Mollon
Par nicole rouaire le mardi 18 décembre 2012, 15:09 - Voeux, discours, communiqués - Lien permanent
Monsieur le Président, mes chers collègues,
C’est une fois encore dans un cadre contraignant que le budget de
notre région s’est construit. Permettez-moi à ce titre de rappeler qu’il est
absolument urgent pour nos collectivités d’accéder à l’autonomie financière par
une profonde réforme fiscale, car le gel des concours financiers de l’Etat pour
la 4ème année consécutive, auquel il convient d’ajouter désormais la baisse des
fonds européens dans nos recettes, aggravent la situation financière de notre
Région, contrainte d’emprunter davantage.
Monsieur Dugléry, j’entends déjà vos sarcasmes redondants sur les
dérapages de la Région en matière d’emprunt, et plus particulièrement sur les
emprunts toxiques qu’elle a pu contracter, mais dois-je vous rappeler qu’à
Montluçon, d’après le rapport de la Chambre régionale des comptes, vous avez
souscrit 13 emprunts toxiques, représentant 69% de la structure de votre dette
? Je crois que notre majorité n’a pas de leçon de gestion à recevoir
de votre part, alors permettez-moi de revenir à ce qui nous intéresse davantage
que vos boniments.
Le BP 2013, dont les grandes orientations sont identiques aux budgets précédents, comporte un certain nombre d’avancées et de faiblesses.
Parmi les principaux points de satisfaction, il convient en premier lieu de noter quelques tendances budgétaires à la hausse, des tendances nous l’espérons, qui ne seront pas démenties par des redéploiements de crédits à la prochaine Décision Modificative.
Ainsi le groupe EELV est satisfait d’observer :
- un engagement accru de près de 300 000€ de notre Région en faveur
du logement des jeunes,
- la montée en puissance du service public régional de la
formation ;
- un fort engagement de notre collectivité pour l’insertion
professionnelle des handicapés, soit un gage supplémentaire de notre
détermination en faveur de la lutte contre les discriminations ;
- une augmentation de plus de 95 000€ du budget dédié au Patrimoine
naturel, une fois retranchés les crédits dédiés à la dissolution du
Parc Io. L’année prochaine sera ainsi l’occasion de renforcer le travail
crucial sur les réserves naturelles régionales mais aussi sur les PNR, en
particulier sur l’Aubrac et sur le futur Parc des Sources et Gorges du
Haut-Allier. L’écriture de la Charte en Haute-Loire va d’ailleurs bientôt
débuter suite à un travail de concertation qui a permis de rassembler des
centaines de personnes.
Alors que la nouvelle Charte du Parc des Volcans devrait être adoptée
aujourd’hui par notre Assemblée, avec des ambitions plus importantes en matière
d’urbanisme, de circulation des véhicules, et un encadrement sévère de la
production de neige artificielle, ces deux nouveaux Parcs feront de l’Auvergne
l’une des premières régions de France couverte par ce label national. Un tiers
de nos communes environ porteront ainsi le label PNR, c’est une véritable
chance pour l’Auvergne !
- Enfin, le budget 2013 de notre Région est également marqué par une
hausse de près de 400 000€ en faveur de la culture. L’année 2013 sera
d’ailleurs une année clé pour la culture, puisqu’elle sera notamment consacrée
à l’élaboration d’une stratégie du Conseil régional afin de répondre toujours
plus aux attentes de la société.
Parmi les points positifs de ce BP 2013, il est important également
de noter la suppression de plusieurs programmes inutiles en l’état ou
contraires au développement durable. A ce titre, la fin du soutien de la Région
à la Fédération régionale des chasseurs d’Auvergne est bien sûr l’une des
décisions qui nous satisfait.
Il convient également de noter plusieurs réorientations de nos politiques, parmi lesquelles l’aide aux clubs sportifs de haut niveau et l’adaptation de la Carte Jeunes Nouveau Monde aux besoins de notre Jeunesse. Cette carte bénéficiera désormais aux étudiants boursiers mineurs et elle est élargie aux prestations de restauration de l’IUFM ou des Foyers de Jeunes Travailleurs. Concernant les aides aux clubs sportifs, nous sommes très satisfaits de voir que nous entrons dans la dernière année de gaspillage des deniers publics, et que la prochaine saison sportive sera l’occasion pour la Région de rééquilibrer ses aides en faveur des clubs amateurs et du sport féminin. En finançant uniquement la formation des jeunes sportifs des clubs professionnels, la Région dira enfin stop à certains clubs pros qui prennent depuis trop longtemps notre collectivité pour une vache à lait.
Voyons maintenant les principales faiblesses de ce budget
primitif.
Un détail d'abord, il est tout de même regrettable d’aller faire des économies de bouts de chandelle sur certains programmes. Voici quelques exemples symptomatiques des excès d’une rigueur budgétaire qui manque parfois de perspicacité : -7.500€ sur l’aide à la préparation du BAFA, - 2.500€ sur les chantiers de jeunes bénévoles, ou encore - 800€ sur la vie associative. Monsieur le Président, franchement, l’arithmétique n’est pas toujours bonne conseillère.
En matière de développement économique ensuite, nous apprécions de
voir un engagement financier plus modéré, raisonné de notre collectivité, tant
notre Région fait beaucoup en matière d’aides aux acteurs économiques.
Je vous rappelle que, cette année encore, l’Auvergne était en tête des Régions
qui consacrent le plus d’argent par habitant à l’économie. Elle est même 2ème
pour les investissements relatifs à l’industrie, à l’artisanat et au commerce.
Néanmoins, ne nous y trompons pas, cette baisse de 10 millions d’euros dans le
BP 2013 tient en majeure partie à la fin du programme JEREMIE lancé par l’Union
Européenne, et dont le solde des crédits a été versé en 2012.
D’autre part, l’enveloppe budgétaire et le dispositif régional en
faveur du développement économique nous interrogent fortement sur plusieurs
points.
- Le FIAD pour commencer. A la même époque l’an dernier, je vous
disais que notre groupe n’y trouvait pas complètement son compte. Force est de
constater que c’est toujours le cas aujourd’hui, ce qui explique d’ailleurs les
différents amendements que nous avons pu déposer. Le dispositif est
déjà très souple, et il n'est nul besoin d'ajouter de la souplesse à la
souplesse. Après un an d’existence, si les TPE et les PME sont bien au
centre de ce dispositif, ce que nous saluons, quid du développement durable et
de l’innovation, deux enjeux censés être au cœur de ce dispositif
lorsque notre collectivité a fait appel à l’épargne populaire ? Quid de
l’utilité sociale des services et des produits que nous aidons ?
- Notre deuxième interrogation en matière de développement économique porte sur le soutien de la Région à la filière bois. Le BP 2013 marque un certain recul de notre engagement sur cette filière, censée être prioritaire pour l’Auvergne. Les critères d’accès au FIAD nous semblent moins avantageux en 2013. En effet, seules les entreprises de la filière bois construction bénéficieront de subventions pour leur modernisation. Il a également été décidé qu’une grande partie des investissements de la filière bois serait supprimée de la liste des matériels éligibles aux subventions du FIAD. Ces investissements matériels permettent pourtant aux entreprises de se moderniser, de gagner en productivité, en précision et en qualité, de réduire la pénibilité du travail de leurs salariés, et enfin de valoriser une part conséquente de leurs déchets. Alors j’entends bien que les entreprises pourront toujours solliciter l’aide de la Région par avance remboursable, mais le dispositif en l’état est indubitablement moins favorable à cette filière.
En matière de formation, nous avons également un certain nombre d’inquiétudes.
- alors que fin octobre, l’Auvergne comptabilisait plus de 54 000 chômeurs,
parmi lesquels près de 33 000 chômeurs de catégorie B et C, c’est à dire des
demandeurs d’emplois exerçant une activité professionnelle
réduite ;
- alors que la déclaration commune Etat-Région pour la croissance et
l’emploi vise notamment à renforcer le poids des régions sur le triptyque
orientation-formation-emploi et à réduire le nombre de personnes entrant sur le
marché du travail sans qualification ;
- alors que 22% des jeunes actifs, j’ai bien dit actifs, c’est à dire un
million de jeunes adultes de 15 à 29 ans, sont en situation de grande
précarité, une situation qui n’a cessé d’augmenter sous le mandat Sarkozy
;
- alors que 46% des jeunes non diplômés sont au chômage,
nous déplorons de devoir réduire de 1,7 millions d’euros les crédits de la formation professionnelle quand, dans le même temps, les CFA dont les orientations et les contenus de formation sont bien souvent dictés par les chambres consulaires, voient leurs crédits augmenter de 3,7 millions d’euros. Nous déplorons également de devoir réduire nos interventions de 200 000€ sur l’achat de places dans les formations collectives.
Enfin, en matière de Transport, et je terminerai là-dessus. Notre groupe n’a pas la mémoire courte et nous tenons à vous prévenir qu’à l’avenir, nous ne voterons aucun crédit au syndicat mixte de l’aéroport de Clermont, visant à prendre en charge les frais de 475 000 euros correspondant à la venue de Ryanair. Pierre Pommarel est d’ailleurs le seul élu régional à avoir voté au Syndicat mixte contre la venue de Ryanair.
Cette compagnie aérienne, habituée au chantage financier avec les
collectivités, au claquage de porte, chef d’orchestre elle aussi de la casse
sociale et de la démolition du droit du travail, aurait d’ailleurs pu nous
proposer de déduire l’ardoise qu’elle nous a laissée il y a 9 ans, ou au moins
nous proposer à terme une liaison aérienne vers le hub de Notre Dame des
Landes, vous savez, là où sont encore rassemblés ceux que JM Ayrault nomme les
« décroissants et anarcho-autonomes qui font de la casse à chaque sommet
international » et que pour notre part nous appelons les Vigiles du monde
de demain.
Je vous remercie.