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    Philippe Lamour, BRL et Aqua Domitia

    27 mai 2012

    Passionnante émission sur l’histoire du canal Philippe Lamour et de son concepteur, diffusée sur France-Culture le 22 mai dernier (La Fabrique de l’Histoire – Un canal nommé Lamour). Où l’on touche du doigt tout le chemin parcouru par la réflexion sur l’aménagement du territoire, tout ce qui nous sépare de cette grande vision aménagiste d’après-guerre qui a donnée chez nous la Cie Bas-Rhône Languedoc et son espoir de dire « Adieu à la sécheresse » ou bien la Mission Racine et ses grandes stations balnéaires qui devaient assurer la prospérité du pays.

    Une partie du constat actuel c’est que le projet était surdimensionné et qu’il était cohérent avec une vision du productivisme agricole porté par une exigence de sécurité alimentaire bien dépassée aujourd’hui.

    Les continuateurs du canal, c’est-à-dire les promoteurs du tuyau vers l’Aude et les P-O. (Aqua Domitia) raisonnent presque avec les mêmes outils complètement dépassés : trouver une solution technicienne à une question de raréfaction des ressources naturelles. L’approche actuelle devant être : comment adapter nos modes de vie à un usage raisonné et durable de la ressource.

    C’est tout le rapport homme-nature qui est en question. D’un côté : on manque d’eau? vous allez voir ce que vous allez voir : on pompe! Et de l’autre : l’eau vient à manquer? discutons-en, régulons les usages, partageons mieux et plus justement, mesurons les progrès.

    Philippe Lamour était à la fois un planificateur, fasciné par l’URSS, le despotisme éclairé, la modernité triomphante, et un humaniste visionnaire vouant son oeuvre à améliorer le sort du plus grand nombre. Il voulait sincèrement faire du Languedoc une nouvelle Californie, le grenier à blé de la France. Il s’est largement trompé : l’eau a toujours été chère, le réseau utilisé au mieux à 30 – 50%, l’agriculture a péréclité et le tourisme, activité tertiaire beaucoup moins dépendante de l’eau, s’est développé. Un tourisme de masse lui aussi en crise mais ce n’est pas la faute à Philippe Lamour mais à cette même idéologie modernisatrice qui anime encore nombre de nos élus actuels. La majorité du Conseil régional – dont Damien Alary, président de BRL, que l’on entend dans le reportage, ou certains maires des communes littorales – dont Etienne Mourrut, sont de ceux-là.

    Aqua Domitia est un projet du passé, en échec avant même de commencer, qui ne résoudra pas les difficultés actuelles et méconnaît les problèmes de demain.

    Le canal Philippe Lamour

     

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    Low cost : l’envers du décor

    19 mai 2012

    Le modèle low cost (bas coût) est ambigu : personne ne souhaite payer plus cher pour le même service mais tout le monde sent confusément que si c’est pas cher ce n’est peut-être pas très honnête…

    L’ambiguité du low cost c’est qu’il est au carrefour de trois thèmes socio-économiques contradictoires :

    • le choix de besoins maîtrisés, d’une vie sobre et peu dispendieuse,
    • une quête féroce de contraction de tous les coûts (salaires, hygiène et sécurité, qualité de travail, droits sociaux),
    • la paupérisation subie des classes moyennes.

    Acheter à Lidl par exemple, ce peut être une marque de déclassement (on n’a pas les moyens d’aller ailleurs), ou faire le choix d’un mode de consommation simple et sans marques. Mais c’est aussi volens nolens accepter les règles de la concurrence sauvage.

    C’est ce que montre l’envers du décor dévoilé par le reportage d’hier soir (18/05) sur France 2, Toxiques affaires. Constat édifiant : derrière les jeans à 20€, les tee-shirts pas chers, le short à 9,99€, il y a le travail d’enfants et d’adolescents, 12 heures par jour, 6 ou 7 jours sur sept dans des conditions innommables dans des ateliers de Dakka, au Bengladesh. Et nos grandes enseignes, main sur le coeur, juré craché, ne savaient pas, même si elles importent depuis des années…

    Le paradoxe est là : acheter pas cher, qui semble déjouer les règles de la société de consommation, encourage les pires déviances de ce modèle qu’est la société de consommation.

    Le modèle low cost des compagnies aériennes est un peu différent : il est basé sur les aides publiques. L’argent des contribuables participe de ce funeste chantage : après avoir réduit à l’indigent les facteurs salaires, sécurité, confort, Ryanair vend sa participation au «développement économique» de la région en soutirant de grosses subventions aux collectivités, notamment au Conseil Régional. Certains aéroports (Carcassonne par ex) finissent par dépendre à 100% de ces compagnies. Le poisson est ferré. Et le prix payé par l’usager est parfois quasi-nul parce qu’il a été payé par nos impôts.

    Quant au coût écologique, pollution, réchauffement climatique, prédation des ressources : qui s’en préoccupe?

    Les écologistes proposent d’en finir avec ce volet du capitalisme mondialisé : ce choix de développement n’est ni viable ni durable. Il y en a assez d’être aux mains de ces condottieres sans scrupules. Nous demandons l’arrêt total des subventions et le réinvestissement dans la promotion d’un tourisme de qualité respectueux des équilibres locaux.

    Qu’en pensent nos élus? Pour Damien Alary, qui rêve lui aussi des touristes chinois, «ce serait folie», d’accord en cela avec le responsable de la branche transport de Véolia, tiens donc! (voir Midi Libre, 26-04-2012, Subventions : turbulences sur les aéroports de la région)

    Autre article : Midi Libre, 10-05-2012, Ryanair fait planer la menace d’un retrait des aéroports de la région.

     

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    Passer d’une politique de soins à une politique de santé

    2 avril 2012

    Dans le cadre de sa campagne pour les législatives dans notre circonscription Katy Gutot a animé un café citoyen à St Laurent d’Aigouze sur le thème de la santé, auquel je n’ai pu participer. Le compte-rendu qui en est fait sur son site (http://www.katyguyot.fr/) me suggère les réflexions suivantes :

    Toutes les questions posées sont essentielles : corriger les inégalités d’accès au soin, développer les maisons de santé, sauver l’hôpital public, etc, tous ces dossiers qui touchent notamment à la  question du coût, c’est-à-dire à la part de la richesse publique que l’on veut consacrer à la santé, sont décisifs.

    Mais il est une manière d’appréhender ce sujet qui est restée ignorée. Nous raisonnons de manière binaire : il y a d’un côté la vie ordinaire (en bonne santé) et puis il arrive, par une fatalité inexplicable, que l’on «tombe malade». On passe alors de l’autre côté, dans le monde médical, fait de lieux dédiés, de gens qualifiés, de matière à ingurgiter. Soulignons au passage qu’il s’agit, pour le malade, d’un monde foncièrement anti-démocratique, de soumission à l’autorité, de perte totale d’autonomie.

    On a donc séparé, dans notre organisation politique et administrative, de façon à peu près hermétique, tout ce qui relève du soin, la réparation des dégâts si l’on peut dire, de tout ce qui relève de la vie courante, celle où l’on «tombe malade». C’est aussi une frontière mentale.

    Les écologistes proposent de passer d’une politique de soins à une politique de santé, et de s’attaquer aux causes, à ce qui nous rend malades. Car toutes les études rappellent cette évidence : c’est nos modes de vie, notre environnement, nos rapports détériorés au monde et aux autres qui sont les causes de nos maladies physiques et psychiques.

    L’eau, l’air intérieur et extérieur, le bruit, l’alimentation, la pollution des sols, les champs électromagnétiques, nos comportements et pratiques dans la vie quotidienne et au travail, tout doit être repensé et critiqué. Les implications politiques programmatiques en sont immédiates et concrètes, elles concernent tous les aspects de la décision publique.

    Un exemple dans l’actualité concernant l’air intérieur : « Une étude de l’Inserm sur la qualité de l’air intérieur présentée le 29 mars révèle que trois enfants sur dix en moyenne sont exposés à des niveaux des principaux polluants atmosphériques supérieurs aux valeurs guides recommandées par l’OMS et l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). […] La pollution de l’air intérieur peut entraîner chez eux des problèmes de santé à court et à long termes tels que « la congestion nasale, des irritations de la peau et des yeux, des réactions allergiques, de l’asthme, des maux de tête, de la fatigue, des vertiges ou encore des nausées », confirment les chercheurs. » (Localtis-info – 29-03-2012)

    Il faudrait décliner les multiples implications d’une gestion écologique de l’eau ou de l’air qui touchent à l’ensemble de nos activités et comportements mais je veux insister sur un point : le préalable fondamental est celui d’instaurer une démocratie sanitaire : à travers des formes de participations collectives, des ateliers-santé par exemple à l’échelon local qui existent déjà, la participation des associations de malades et d’usagers, des associations environnementales, des expertises diverses, c’est aux citoyens de prendre en charge l’ensemble de ces questions, de décider, sensibilisés et informés, pour eux et pour tous.

    Deux axes notamment : le processus de décision publique (de l’implantation d’une maison médicale aux grands programmes de recherche par exemple) et la prise de décision privée : faire que le patient, autonome, soit à même de faire des choix libres pour son propre corps. Jusqu’à celui de mourir dans la dignité.

     

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    Chaîne humaine contre le nucléaire – à propos de Kenzaburo Oé

    9 mars 2012

    Kenzaburo Oé est un des plus grands écrivains de notre temps. J’ai découvert son oeuvre à l’âge de 20 ans, passionné par l’inventivité du récit, un art de vérité irrigué de la vigilance inquiète de l’homme engagé.

    Son oeuvre, marquée par l’imaginaire japonais, puisant aux sources mythologiques de l’ancien Japon des îles et des forêts,  s’est inscrite sous un double signe : Hiroshima (il avait 10 ans à la fin de la guerre) et la venue au monde d’un fils handicapé mental. Il est aujourd’hui à 77 ans la conscience morale du Japon en même temps, diraient certains, qu’un homme du passé, de ceux qui persistent à chercher à comprendre le sens profond de nos actions. Il reçu le prix Nobel de littérature en 1994.

    Pour moi K. Oé est un guide dans ce monde troublé. Depuis Fukushima Oé est intervenu à plusieurs reprises pour rappeler que la question nucléaire n’est pas seulement économique et politique mais éthique. « Nous sommes sous les yeux des victimes d’Hiroshima et Nagasaki ».  C’est sous ce regard, s’il est supportable, que nous irons constituer quelques maillons de la chaîne humaine anti-nucléaire qui reliera Avignon à Lyon ce dimanche 11 mars 2012, un an après Fukushima.

    Pour tous renseignements : http://chainehumaine.org/

     

     

     

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    Contre ACTA

    27 février 2012

    « La logique qui vise à mettre les ressources de l’Etat au service des monopoles d’une poignée de multinationales doit être rejetée. »   Eva Joly, janvier 2012

    ACTA , « Accord Commercial Anti-Contrefaçon» est un accord négocié dans la plus grande discrétion par 39 pays, dont l’Union européenne, les États-Unis et le Japon. Sans aucun débat démocratique, ACTA contourne les parlements et les organisations internationales pour imposer une logique répressive dictée par les industries de la recherche et du divertissement.

    Au prétexte de protéger les droits d’auteur, ACTA est un cheval de Troie qui organise le contrôle de l’Internet dans l’intérêt d’une poignée de multinationales. Son champ d’action va bien au-delà de la protection des droits d’auteur : mise en danger des libertés publiques, entrave à l’accès aux savoirs et aux médicaments, brevetabilité du vivant, prohibition du partage de la culture sur internet…

    En outre, le comité ACTA aura carte blanche pour modifier ses propres règles et sanctions, sans intervention d’instances démocratiques.

    ACTA est une menace pour le principe fondamental de la présomption d’innocence :

    • En accroissant de façon disproportionnée les droits des industries du copyright aux détriments de ceux des citoyens.
    • En obligeant les fournisseurs de services sur internet à faire la police du copyright.

     

    ACTA est une menace pour les libertés publiques :

    • Vos supports informatiques seront inspectés aux frontières (disques dur, lecteurs mp3…)

    ACTA représente une menace pour les libertés des internautes :

    • Sanctions pour les utilisateurs violant le copyright en leur coupant l’accès à l’internet.

    • Accès des industries du copyright à vos informations personnelles sans recours à un juge.

    • Des activités banales criminalisées (partager un article de journal ou mettre en ligne la vidéo d’une fête où on entendrait de la musique)

    ACTA permet à de grandes entreprises de censurer Internet.

    ACTA remet en cause l’accès aux médicaments génériques.

    ACTA interdit aux agriculteurs de réutiliser leurs semences.

    Face à cette menace, Eva Joly et les députés européens EELV ont été les premiers à se mobiliser, aux côtés d’associations citoyennes. Il faut à présent peser sur le Parlement Européen pour que l’accord soit rejeté par les parlementaires en avril.

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    Dépassements d’honoraires : quand le privé gagne le public

    25 février 2012

    Les dépassements d’honoraires à l’hôpital public sont une des choses les plus perverses de notre système de santé, qui n’en manque pourtant pas (de perversité).

    Le magazine 60 millions de consommateurs nous apprend que sur les quarante actes chirurgicaux passés au crible « le taux de dépassement moyen oscille entre 68% et 408% du tarif sécu correspondant ». En 2010, sur les 4.524 praticiens autorisés à pratiquer une activité privée au sein de l’hôpital public, 1.864 étaient inscrits en secteur 2, donc avec possibilité de dépassements d’honoraires.

    Les chirurgiens considèrent ça comme une façon de revaloriser des actes que l’Etat ne se décide pas à réévaluer : une lutte légitime en quelque sorte pour leur pouvoir d’achat. Et ils font ça «avec humanité», c’est-à-dire qu’ils tiennent compte de la situation financière des patients.

    Ce qui est en jeu bien sûr c’est l’incurie de l’Etat qui se défausse et livre l’hôpital public aux pratiques libérales. Mais ce qui choque aussi c’est que tous nos médecins et chirurgiens ont été formés gratuitement par l’Etat dans nos hôpitaux et universités, et que tout le système ne tient que par le remboursement par l’Etat (la sécurité sociale) des actes médicaux : il y a donc un contrat moral et financier entre nous (la nation) et nos médecins qui est au coeur de l’Etat-providence moderne, et ce contrat est rompu.

    Le citoyen est ici livré à une discrimination par l’argent dans une situation où il est le moins à même de décider librement : parce qu’il est malade ou blessé. Une situation donc où il est le moins citoyen : fragilisé par la maladie, la peur de la souffrance, livré au pouvoir médical, celui d’un savoir dominant, plongé dans un monde (l’hôpital) qu’il ne comprend pas, le patient est dans une situation de parfaite soumission. Qui mettra quelques centaines d’euros en balance avec sa guérison?

    Dans plus de 50% des cas disent les enquêtes le dépassement d’honoraires est demandé au cours de l’épisode de soins. Ces enquêtes montrent aussi que personne ne se plaint des dépassements d’honoraires, «par peur d’avoir à nouveau affaire au même praticien»!

    Il faut dire aux médecins que s’ils ont des revendications légitimes qu’ils se battent à travers leurs organisations représentatives et dans un cadre de négociations publiques : ce n’est pas aux patients de payer! Et à tous de refuser ces pratiques autant que possible, de ne pas croire qu’un chirurgien qui demande plus cher est meilleur : c’est le contraire, et surtout de s’informer : sur le site de la Sécurité sociale, Ameli.fr, auprès de l’Etablissement public concerné, aux services sociaux-médicaux les plus proches. Ou encore auprès des associations de malades et patients, nombreuses et informées.

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    Comment passer à côté des enjeux énergétiques

    17 février 2012

    A la suite du Grenelle et pour se conformer aux engagements européens pris par la France, l’Etat a lancé un appel à projet pour la construction de plusieurs centaines d’éoliennes offshore – en mer. Cette proposition a suscité un tollé dans le monde politique régional où droite et gauche (à l’exception d’EELV) se sont retrouvés main dans la main pour couler un projet nécessaire et ambitieux. A la (mauvaise) manoeuvre : Gilles d’Ettore, député UMP et Didier Codorniou, PS, vice-président de la région Languedoc-Roussillon. Pourquoi? Parce que les éoliennes à l’horizon risquent de faire chuter le tourisme balnéaire. Est-on sérieux? A-t-on pris la mesure des enjeux? Sait-on que des décisions que nous prenons aujourd’hui pour limiter les effets du réchauffement climatique dépend la vie de centaines de milliers, de millions de personnes qui vivent aux bords des mers? Dont la Méditerranée.

    Car ces questions-là devraient intéresser un tout petit peu nos élus des stations littorales parce que le risque de submersion marine est nettement plus sérieux que l’état d’âme du baigneur contemplant la ligne d’horizon. Erosion littorale et risque d’inondation sont des facteurs politiques majeurs : on y répond par la protection des biens et des personnes et par la prévention, c’est-à-dire la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Mais nos maires de Gruissan comme du Grau-du-Roi font la moue. Sait-on que le député Etienne Mourrut a cosigné un amendement parlementaire visant «à interdire les éoliennes en mer face aux communes touristiques et stations classées»? Pourquoi? «La présence en mer d’éoliennes est incompatible avec toutes les activités de bord de mer que de nombreuses stations développent désormais à l’année». Vraiment? Vraiment??

    Résultat, l’appel d’offres que lance aujourd’hui l’Etat pour la construction de 600 éoliennes en mer d’ici 2015 ne concerne pas notre région faute de «consensus politique» selon la ministre de l’Ecologie. Ici plus personne ne parle d’activité économique, d’emplois, de développement durable, etc. Et tout le monde manque singulièrement de vision d’avenir.

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    Un rapport parlementaire sur le fonctionnement de la démocratie locale

    15 février 2012

    Le député (UMP) du Var Jean-Pierre Giran vient de remettre un rapport au Président de la République intitulé : 42 propositions pour améliorer le fonctionnement de la démocratie locale.

    Ces propositions ne sont pas révolutionnaires. Elles s’inspirent explicitement des avancées, réelles, de la démocratie à l’échelon national (question prioritaire de constitutionnalité, transparence des dépenses présidentielles, suppression des fonds secrets, présidence de la commission des finances à l’opposition, partage de l’ordre du jour, etc.) pour souligner le retard pris par la démocratie locale.

    Et c’est ce diagnostic, assez lapidaire, qui nous intéresse d’abord :

    «En réalité, la pratique politique a souvent transformé le débat espéré en une pantomime où l’opposition n’a le choix qu’entre le mutisme et le harcèlement, le premier étant jugé par les électeurs comme de l’indifférence, le second comme de l’obstruction. L’ordre du jour est en effet presque toujours le monopole de l’exécutif, les questions de l’opposition filtrées et parfois dénigrées, les informations nécessaires au débat dissimulées ou parcimonieusement distillées.

    En outre, pendant cinq ou six ans selon les collectivités, la majorité et son chef font leur promotion sous couvert de celle de l’institution, relayée en cela par la presse territoriale ou même par la presse quotidienne régionale. Cette véritable campagne est bien entendu financée par le budget de la collectivité, c’est-à-dire par les contribuables dont souvent, ironie de l’histoire, une majorité appartient à l’opposition.

    Ainsi, ce qui s’apparente à une dictature démocratique ou à une féodalité s’impose parfois et explique sans doute la longévité des équipes en place et l’extrême difficulté à provoquer l’alternance… même quand apparemment personne ne se dit satisfait de la majorité au pouvoir !» (page 11) Voilà qui, de la part d’un député, modéré, de droite, nous paraît éloquent, et «nous interpelle quelque part au niveau du vécu», comme on disait jadis.

    Plus loin : «les séances habituelles d’un conseil municipal s’apparentent trop souvent à des chambres d’enregistrement émettant des communiqués de presse» (page 13).

    Sur la communication dans le bulletin municipal : «l’opposition se place alors dans une posture ultra minoritaire qui la dessert sans doute plus auprès du lecteur que ne la servent les idées qu’elle va ainsi lui soumettre.» (page 25)

    Les 42 propositions sont dans l’ensemble de bon sens mais manquent singulièrement d’ambition : rien sur le mode de scrutin, pas grand-chose sur le cumul des mandats, trop grande prudence sur les contre-pouvoirs et la participation citoyenne. L’analyse des impasses de la démocratie locale reste à faire.

    Voir le rapport : Rapport JP Giran : 42 propositions pour améliorer le fonctionnement de la démocratie locale – Février 2012

     

     

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    Peut-on encore faire du social aujourd’hui?

    31 décembre 2011

    ASPECTS DU SOCIAL AUJOURD’HUI

    Les amis de la revue Culture & Sociétés  /  Europe Ecologie – Les Verts Camargue Gardoise

    proposent une causerie et échanges avec deux auteurs

    Vendredi 6 janvier 2012 à 19 heures, galerie Saint Louis (prés de la place Saint Louis) chez Jean-Michel Testard 

    Thierry Goguel d’Allondans, Docteur et chercheur associé de l’Université de Strasbourg, est éducateur spécialisé et anthropologue. Rédacteur en chef de la revue Culture & sociétés. Auteur, entre autres, de Anthropo-logiques d’un travailleur social, 2003.

    Jean-François Gomez, Docteur en sciences de l’éducation (Université de Tours), a été éducateur spécialisé, directeur d’établissement social, enseignant et formateur. Auteur de nombreux ouvrages dont Un éducateur dans les murs, 1978-2004

    et à l’occasion de la parution du livre Le Travail social comme initiation (Erès, 2011)

    A partir d’entretiens croisés, deux formateurs et chercheurs, spécialistes du travail social, revisitent les pratiques professionnelles de l’éducation spécialisée au regard de leurs propre expériences, acquises notamment dans le monde de l’adolescence en crise, du handicap et de la grande précarité… C’est l’occasion d’évoquer les évolutions actuelles du secteur social en France vu par des acteurs engagés.

    Un pot campagnard est prévu à la fin de la causerie (entrée libre)

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    La mort n’est pas nécessaire

    28 décembre 2011

    Deux évènements récents viennent enrichir le dossier ultra-polémique de la corrida : la parution d’un bel ouvrage collectif sous la direction de Jocelyne Porcher «Toréer sans la mort» (Editions Quaé), et les déclarations de Sébastien Castella à Quito (Equateur). Il faudrait y ajouter les images du tabassage des militants de Rodilhan. (La photo ci-jointe a été prise ce même 8 octobre 2011 à Rodilhan.)

    Sébastien Castella est un des plus grand matadors vivants (selon Wikipedia) : il a fait part de ses réticences à tuer un toro et déclaré que «la mort n’est sûrement pas l’élément fondamental du spectacle taurin». Les anti-corrida exultent tandis que l’AG de l’UVTF (Union des villes taurines de France), après avoir envisagé une motion de censure, lui demande de revenir sur ses déclarations.

    Je me suis longtemps tenu à mi-chemin de ces deux positions irréconciliables : l’extrémisme des anti, pour une abolition totale, et la virulence des aficionados, engagés dans un «combat de civilisation».

    Mes réflexions aujourd’hui sur le bien-être animal, sur les rapports homme-nature, sur l’écologie, m’amènent à rejoindre résolument le mouvement d’opinion qui demande l’interdiction du spectacle de la mise à mort dans les arènes.

    Une grande culture tauromachique vit en Camargue : joyeuse, festive et noble, elle élève l’animal et l’homme qui la célèbre. La corrida et son spectacle sanglant appartiennent à notre passé : elle va survivre encore des années, ne serait-ce que par les intérêts financiers qui l’accompagne, mais elle est irrémédiablement condamnée.

    Pour autant c’est à la société d’en décider, dans des assemblées éclairées qui restent à inventer, où les arguments s’échangeront selon des formes admises collectivement. (Un animateur de radio évoquait un jour les 2 sujets sûrs pour faire exploser un standard téléphonique : le conflit israélo-palestinien et la corrida). Voilà un rêve de progrès démocratique : pouvoir débattre de la corrida sans nous battre.

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