[Logement] Coup de projecteur sur les raisons d’une crise

Malgré sa complexité, la crise du logement en France peut se ramener à un seul chiffre : il manque 800 à 900 000 logements. Ce fossé entre l’offre et le demande fait mécaniquement monter les prix, excluant de fait toute une population de l’accès à un logement digne ou proche (du lieu de travail).

Si les causes de cet état de fait sont complexes et enchevêtrées, on peut tenter de distinguer quatre grands bouquets d’explications afin de brosser un diagnostic sommaire de l’état du logement en France.

  • Les raisons sociologiques
  • Les raisons sectorielles liées à la construction de logements
  • Les raisons institutionnelles liées aux politiques du logement
  • Les  raisons géographiques et territoriales liées à la spécificité centralisatrice française.

1 – Des raisons sociologiques – Le secteur du logement est un secteur particulier : il n’existe pas de zone où le besoin de logement neuf est nul. Même à population équivalente, il existe une demande de logements neufs pour de multiples raisons, ce que l’on appelle le point mort du logement : désaffection du vieux parc, demande de logements neufs et plus vastes, taux de vacance, décohabitation des couples et des enfants – et donc, croissance du nombre de ménages.

Si à cette contrainte de départ s’ajoutent celles d’une dynamisme démographique propre à la France, on aboutit  à une situation de tension forte entre l’offre et la demande de logements.
Allongement de la durée de vie, accroissement du nombre de familles monoparentales, natalité toujours soutenue… « Des phénomènes sociologiques expliquent aussi le caractère plus fragile des unions et conduisent à la fois à une diminution de la taille moyenne des ménages et à une augmentation de leur nombre. La dispersion des familles accroît les besoins en volume », indique un rapport du député Daniel Goldberg (PS).
Michel Mouillart, professeur d’économie à l’université Paris-X-Nanterre, spécialiste de l’immobilier et du logement estime que « l’on dépassera le million de logements nécessaires en France à la fin 2013. Cela est dû à l’évolution démographique (la natalité, l’allongement de la vie, les divorces…) et des soldes migratoires extérieurs.  »
Une réduction continue de la taille des ménages

Aujourd’hui, à 40 ans, 15 % des hommes résident seuls dans leur logement ; ils n’étaient que 8 % en 1990, relève la Fédération française du bâtiment (FFB). La même source estime que, sur la décennie précédente, la seule composante démographique correspondait à un besoin annuel de 300 000 logements. Il se forme donc sans cesse de nouveaux ménages, de taille plus réduite, par rapport à ceux des générations précédentes.

A cela s’ajoutent les exigences croissantes de confort et d’espace des Français. Au final, les ménages sont plus nombreux, plus petits et occupent des logements plus grands et de meilleure qualité : les Français occupent 40m2 en moyenne soit 43% de plus qu’en 1978. Ce besoin croissant d’espace dépasse la notion de crise de logement pour toucher à une question sous-jacente et cruciale, celle du foncier disponible.

[A suivre]

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