[Logement] Une crise structurelle

Suite de notre série sur le logement, avec les spécificités de la crise française… C’est au début des années 2000 qu’on s’aperçoit d’une inadéquation entre l’offre et la demande de logements ; la flambée des prix de l’immobilier s’amorce alors en France.

La construction de logements sociaux s’est effondrée depuis la fin des années 1980 ; et c’est au tournant du siècle que la réalité saute aux yeux. On construisait 89 000 logements sociaux en 1994 contre 43 000 en 1999 et 2000.

Les pouvoirs publics réagissent avec le vote de la loi SRU (Solidarité et Rénovation Urbaine) : son article le plus controversé, l’art. 55, fixe l’objectif de 20% de logements sociaux dans les communes de plus de 3 500 habitants (au sein d’une agglomération de plus de 50 000 habitants).

Les lois vont se succéder [Loi Urbanisme et Habitat(2003), dispositif de défiscalisation Robien (2003), volet logement du plan de cohésion sociale lancé par Jean-Louis Borloo (2004), Loi DALO (mars 2007)] mais aucun dispositif n’est à même d’enrayer la flambée des prix et l’insuffisance chronique de l’offre de logements. En moins de dix ans, les prix moyens de l’immobilier doublent en France – une moyenne qui cache d’impressionnantes inégalités territoriales.

La crise va-t-elle détendre le marché ?

Puis survient la crise de 2008 : elle aggrave la situation globale mais entraîne le vote de certains dispositifs de soutien et de relance. La situation se détend quelque peu. L’année 2010 est d’ailleurs un « cru exceptionnel » pour le secteur avec le lancement de la construction de quelque 346 000 logements.

Cependant les spécialistes estiment qu’il faudrait en construire près de 500 000 par an pendant dix ans pour résorber la crise  : 300 000 nouveaux ménages arrivent chaque année sur le marché + 200 000 autres logements nécessaires afin de résorber le déficit accumulé de logements estimé à 900 000 / 1 million ; et ce, sur une durée de 10 ans.

Si aux États-Unis et en Espagne, la crise de 2008 est une crise immobilière (crise des subprimes aux EU – crise du bétonnage en Espagne : en 2007, l’Espagne consommait plus de béton à elle seule que l’Allemagne, la France et l’Angleterre réunies) et ouvre la voie à un effondrement des prix, c’est le signe qu’il s’agissait de bulles immobilières. En France, les prix esquissent un léger tassement sur 2008 – 2009 avant de repartir à la hausse : la crise française obéit donc à des causes plus structurelles.

Quelles sont les raisons profondes de la crise du logement en France ?

[A suivre…]

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