[Conseil communautaire 14 octobre 2016] Interventions d’Odile Vignal

Présentation du pré-projet SMTC 2016 – 2032

Monsieur le Président, mes cher(e)s collègues,

Je suis un peu étonné de la tournure du débat parce que je pensais que nous parlions aujourd’hui d’un projet politique de mobilités au service de tous les habitants du territoire et non pas de la question qui finance, comment et pourquoi. Si vous voulez qu’on entre un jour dans ce débat, il va falloir arriver avec des éléments concrets et commencer à se poser la question de savoir quels sont les investissements nécessaires en fonction d’un projet politique. Aujourd’hui on est là sur le projet politique et c’est la première fois que ce débat est posé dans cette instance et c’est heureux. Il doit sortir du SMTC. Quel est le projet de transport public et de mobilités durables de l’agglomération, future communauté urbaine ?

Et bien il doit être axé sur quelques priorités que M. Rage a présentées mais que nous pouvons résumer, nous les écologistes plus largement, à partir de deux objectifs principaux. Certes, comme le dit le camarade communiste que nous avons fini par convaincre, la question de la pollution de l’air, de la santé publique, forcément, la mobilité est une question essentielle pour y répondre. Mais la question du stationnement aussi, la question du plan de circulation aussi vous pourriez la poser pour résoudre cette problématique qui semble vous tenir tant à coeur : réduire la pollution de l’air. En tant qu’écologistes, nous sommes absolument d’accord, nous devons travailler à réduire la pollution de l’air et alors on peut vous proposer la liste à la Prévert : circulation restreinte dans les quartiers piétons bien entendu, voire même interdite aux véhicules polluants. Passer toute la flotte du SMTC en flotte propre et puis bien entendu mutualiser les modes de déplacement afin de réduire la place du véhicule automobile. Je vous rappelle que nos principaux problèmes sont aujourd’hui essentiellement sur les déplacements pendulaires, c’est-à-dire qu’il y a 80% des gens qui viennent tout seuls dans leurs voitures. Et donc c’est à cela qu’on tente de répondre à travers un projet que pour l’instant je trouve plutôt opérationnel mais pas assez politique.

Et puis le deuxième problème qu’on a, c’est qu’on ne capte pas certaines parties de la population, tous ceux qui pensent que leur voiture, c’est la liberté. Et je ne pense pas que ce sera la gratuité qui fera la maille. Donc le second axe de cette démarche, axe structurant des outils que nous mettrons en place, c’est comment passer de la notion de propriété de l’automobile à cette offre de prestation d’usages. Nous n’avons pas besoin d’être tous propriétaires de nos véhicules pour nous déplacer, cela dépend de l’endroit où l’on habite. Il y a donc des offres différentes de mobilité en fonction des secteurs de notre communauté urbaine. et c’est cela que nous devons organiser : vendre une prestation de service qui vous permet d’utiliser le mode de déplacement le plus facile, le moins polluant et le plus proche de chez vous, avec une carte simple c’est ce que nous recherchons et c’est cette fameuse intermodalité qui doit le mettre en oeuvre.

Si nous posons les bases politiques clairement, nous avons deux objectifs essentiels :

  • réduire la dépendance à l’automobile

  • et mutualiser les modes de transport, qu’ils soient collectifs ou individuel.

J’ai parlé des flux pendulaires, je pourrais parler des étudiants qui sont un deuxième flux très important à capter, mais il y a également ce que nous avons lancé et que nous devons faire avancer deux fois plus vite, résoudre la question de la logistique en ville, des livraisons sur le dernier kilomètre avec les collègues de la ville-centre et de Chamalières notamment. Ce sont ces sujets-là que nous devons mettre sur la table, avec leurs coûts – je suis désolé, mais tout cela a un coût – une vraie réflexion sur qui paie et comment on partage les coûts, le privé doit participer bien évidemment. Mais pour arriver à ces résultats, pour les mener à bien et qu’ils soient consensuels, nous devons déjà nous entendre sur les priorités.

Nous avons également un PLU (Plan Local d’Urbanisme) qui est en cours et qui prévoit des trames vertes, des trames piétonnes, qui prévoit de développer tous les itinéraires alternatifs à l’automobile. Appuyons-nous sur ce PLU pour développer notre futur PLUi (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal) ce qui nous permettra de relier entre eux les itinéraires piétons, les trames végétales, les itinéraires cyclables.

Ensuite, un téléphérique pourquoi pas ? Parce qu’un téléphérique c’est moins coûteux qu’un tramway, ça coûte au moins six fois moins cher qu’un tramway. Et pourquoi pas relier, par exemple, la Butte de Clermont à Montjuzet, à Chamalières, à Royat puis à Orcines et au panoramique du Puy-de-Dôme ?

Pourquoi pas ? La loi de transition énergétique vient de nous permettre le survol en cabines des habitations. Alors pourquoi pas réfléchir à des solutions innovantes à travers ce lancement d’Auvermoov ?

Quant à la gratuité, je propose qu’on ait un débat très sérieux sur la question au sein de cette instance. Parce que là franchement vous vous avancez tranquillement et sans jamais avancer un chiffre à mettre en face d’un projet concret. Donc tant que nous n’avons pas évalué, autour d’un projet politique, les investissements nécessaires aujourd’hui, on peut toujours parler de gratuité comme d’un outil de justice sociale. La justice sociale c’est d’abord de construire l’offre et l’accès équitable à l’offre.

***

Sur le fond, si vous ne voulez pas l’aborder, c’est tant pis, c’est à ça que servait cette séance. Nous avons des tas de dossiers à l’étude au SMTC, nous avons des tas de dossiers à Clermont Communauté et nous manquons de moyens pour les mettre en oeuvre rapidement. On va vous les proposer mais il me semblait qu’il fallait qu’on se mette d’accord sur le projet politique global.

Quant aux histoires de financement, j’en ai assez qu’on en parle comme s’il ne s’agissait que d’une question arithmétique. Ça n’est absolument pas séparable du service que l’on veut rendre. Et c’est à cela que l’on doit réfléchir. Qu’est-ce qu’on veut ? On veut que les moins favorisés puissent accéder aux déplacements quels qu’ils soient et c’est la raison pour laquelle on a fait la tarification sociale et solidaire. Tout ce que vous pourrez proposer pour l’améliorer sera pris en compte et c’est ce que nous faisons au SMTC. Donc qu’on ne vienne pas attaquer sur l’efficacité de la tarification solidaire : les résultats sont impressionnants.

Mais cette tarification sociale n’a de sens que s’il y a une offre : et c’est là que j’en reviens à la question cruciale des inégalités sociales et de la fracture territoriale. Et cela, il faut le financer pour avoir une offre qui puisse répondre aux besoins différenciés de chacun des territoires de l’agglomération. Et il y a moyen de financer ce type d’offre nouvelle en posant des critères qui nous permettraient d’atteindre un objectif politique que nous partageons, me semble-t-il. Ne taxons pas ou ne faisons pas payer de la même manière les transports propres et les transports polluants; récupérons la gestion de la tarification du stationnement et affectons-la aux modes de transport propres et vertueux. Il faut l’étudier en qualitatif, en politique, cette question du financement et non pas en masse comptable. Il faut avoir un vrai projet politique et en somme faire payer plus cher ceux qui sont à l’origine des nuisances et qui ont les moyens de prendre les transports en commun et de laisser leurs voitures.

Politique de la Ville

Monsieur le Président, mes cher(e)s collègues,

Je rejoins certains des constats du Docteur Laffont qui sont des constats de bon sens, parce qu’il est sur le terrain comme certains d’entre nous. Et nous sommes réellement, régulièrement confrontés à ces difficultés. Et c’est bien pour ça que nous savons que la politique de la ville, ça n’est pas seulement cet appel à projet. Comme vous le savez tous, elle a plusieurs piliers dont un qui concerne le logement, quelqu’un en a parlé. Le renouvellement urbain, la question des loyers, la question de la relocalisation des populations à bas revenus, la question de la fin des ghettos, la question de la médiation sociale dans laquelle le département et tous les autres, collectivités locales et État, doivent s’engager. C’est à cela qu’il sert notre Contrat de Ville, il sert à mettre autour de la table l’ensemble des intervenants dont les associations sont les acteurs de proximité. Alors ne résumez pas je vous en prie, un sujet aussi complexe aussi ambitieux, aussi important pour l’avenir de l’agglomération et parfois pour la vie même de certains des habitants, à une question de sécurité et d’armement.

Nous avons un vrai débat à avoir si vous le voulez bien sur l’ensemble du Contrat de ville, y compris sur le pilier cohésion sociale, le pilier renouvellement urbain et le fameux et nouveau pilier de la loi Lamy, développement économique, car c’est comme ça, le docteur Laffont l’a dit, que nous pourrons enfin sortir ces quartiers de l’exception et les réintroduire dans le droit commun. C’est pourquoi je propose au vice-président en charge que nous fassions le bilan des actions en cours et il existe ce bilan – vous pensez bien que lorsque nous finançons des actions nous en faisons aussi l’évaluation – qu’elle vous soit présentée et que nous vous présentions enfin, lorsque nous aurons un peu plus de temps, l’ensemble de la politique de la ville.

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